Volver. Revenir, en castillan. Revenir pour Pedro Almodóvar à sa terre natale, la Mancha, à ses portraits de femmes, à la figure de la mère – hommage à la sienne, perdue quelques années plus tôt. Revenir auprès du cinéaste pour Penélope Cruz et Carmen Maura.
Volver est un portrait de femmes, trois générations autour de Raimunda, femme volontaire et forte, mais qui cache une faille depuis son enfance. Déterminée à continuer de vivre après le décès de son mari, poignardé par sa fille, elle se retrouve à la tête d’un restaurant, cuisinant à l’aide de l’arme du crime. De son côté, sa sœur Sole ramène de la Mancha, sans le savoir, le fantôme de leur défunte mère Irene dans le coffre de sa voiture. Sole l’accueille avec le respect que l’on doit aux fantômes quand, comme elle, on vient de la Mancha. Volver aborde les thèmes de la maternité, de la mort et de l’absence, de la transmission et de l’inceste. Mais c’est surtout une célébration de la vie – parfois de la survie –, et de l’amour maternel, à travers la réconciliation de Raimunda et de sa mère Irene. Étreindre à nouveau sa mère disparue est un miracle permis par un réalisateur dont la mère était un pilier. Ce sont les souvenirs de son enfance qui ont inspiré Pedro Almodóvar : les conversations animées des femmes dans les patios, sa mère, ses voisines… Un monde exclusivement féminin. Car les hommes sont absents de Volver : comme on l’explique à Paula, ils meurent plus tôt ou sont rendus fous par le vent d’Est.
Sans atteindre l’extravagance de ses débuts, Pedro Almodóvar renoue avec le style qui a fait sa réputation. En une seconde, il fait passer du rire à l’émotion la plus bouleversante, dans un savant mélange de comédie et de drame. Volver déborde d’une énergie folle, le rythme est soutenu mais sans essouffler le spectateur. Car le scénario est très riche, construit sur une série de révélations progressives. Mais le talent d’Almodóvar est de donner une impression de simplicité narrative à un scénario compliqué à résumer sans en révéler trop d’éléments. Le cinéaste dirige ses actrices avec brio, et révèle une Penélope Cruz lumineuse et drôle, mais également vibrante et déchirante.
Dans un entretien au quotidien El País en janvier 2007, Pedro Almodóvar confiait : « Volver est l’aboutissement des films que j’ai faits sur l’univers féminin et sur un type de famille qui s’est déplacé de l’univers rural à la capitale en quête de fortune. Et qui, oui, marque la fin d’un cycle. Aujourd’hui, je me sens au bord d’autres abîmes. »
Vestiaire néoréaliste
Pedro Almodóvar et Penélope Cruz se sont inspirés du néoréalisme italien pour créer le personnage de Raimunda. « J’ai regardé comment les femmes, chez Visconti, De Sica, Pasolini, irradient d’une énergie maternelle. On s’est inspiré du maquillage de Sophia Loren dans ses débuts de poissonnière napolitaine, de la coiffure de Claudia Cardinale dans La Fille à la valise, de la combinaison noire d’Anna Magnani dans Bellissima. Aujourd’hui encore, dans les villages espagnols, les femmes s’habillent comme ça, façon années 50 : combinaisons, jupes noires, comme si le temps n’était pas passé. » (Penélope Cruz dans un entretien avec Jean-Luc Douin, Le Monde, 18 mai 2006)
La muse vue par le cinéaste
Almodóvar admire la capacité de l’actrice à faire cohabiter énergie dévastatrice et désarmante vulnérabilité. « Pénélope Cruz n’a pas froid aux yeux. Il n’y a pas de spectacle plus impressionnant que de voir dans le même plan comment ses yeux secs et menaçants commencent à se remplir de larmes. »
Cannes 2006
Volver obtiendra le prix du meilleur scénario et le prix d’interprétation féminine collectif pour l’ensemble des actrices.
Volver
Espagne, 2006, 2h02, couleurs, format 2.35
Réalisation & scénario : Pedro Almodóvar
Photo : José Luis Alcaine
Musique : Alberto Iglesias, Estrella Morente (Volver)
Montage : José Salcedo
Décors : Salvador Parra, Mara Matey
Costumes : Bina Daigeler
Production : Agustín Almodóvar, Esther García, El Deseo
Interprètes : Penélope Cruz (Raimunda), Carmen Maura (Irene),Lola Dueñas (Sole), Blanca Portillo (Agustina), Yohana Cobo (Paula), Chus Lampreave (Tante Paula), Antonio de la Torre López (Paco), Carlos Blanco (Emilio), María Isabel Díaz (Regina), Neus Sanz (Inés), Leandro Rivera (l’assistant de production), Yolanda Ramos (la présentatrice de la télévision), Carlos García Cambero (Carlos), Pepa Aniorte, Elvira Cuadrupani, María Alfonsa Rosso, Fanny de Castro, Eli Iranzo, Magdalena Broto, Isabel Ayucar, Concha Galán, Natalia Roig (des voisines)
Présentation au Festival de Cannes : 19 mai 2006
Sortie en Espagne : 17 mars 2006
Sortie en France : 19 mai 2006
FILM RESTAURÉ
El Deseo
Pathé
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