Billetterie

Un chien andalou

de Luis Buñuel , France , 1929

Deux cadavres d’ânes en putréfaction sur deux pianos. Des fourmis pullulant sur une main. Un cycliste tombant dans la rue. Des séminaristes ligotés. Un couple enlisé jusqu’à la taille. Un nuage devant la lune. Un œil tranché.

Un rasoir qui tranche un œil. Une image mythique du cinéma, reconnaissable entre toutes. Mais une image toujours aussi troublante. L’Europe est traumatisée par la boucherie de la Première Guerre mondiale. En réaction à ce sentiment nihiliste, Luis Buñuel et Salvador Dalí confrontent l’espoir du beau et le désespoir du réel dans un premier court métrage, Un chien andalou.


UN CHIEN ANDALOU 1929
Buñuel avait rencontré Dalí au début des années 1920, à la résidence des étudiants de Madrid. Alors qu'ils se racontent leurs songes, Dalí explique à Buñuel avoir rêvé de sa main infestée de fourmis. À partir de cette image, les deux amis écrivent un scénario, comme lors d'une séance d’écriture automatique, en associant d'autres images de façon plus ou moins aléatoire. Ils appliquent ainsi un axiome tirée de la revue La Révolution surréaliste, « le cinéma est la mise en œuvre du hasard ».
En résulte une superbe confrontation entre subconscient et rationnel, un défilé onirique d’images, tantôt insolites ou érotiques, tantôt répulsives et subversives. Un chien andalou aura depuis 1929 été analysé, décortiqué, mais aucune explication logique ne s'applique, même si Dalí résumait le film comme « la ligne droite et pure de “conduite” d’un être qui poursuit l’amour à travers les ignobles idéaux humanitaires, patriotiques et autres misérables mécanismes de la réalité »… Ce court métrage, malgré une forme qui le rend inclassable, est bel et bien du cinéma à part entière : la mise en scène est sûre, les éclairages subtils.
« Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie. » Si la célèbre phrase des Chants de Maldoror – Lautréamont était une des références suprêmes des surréalistes – peut qualifier Un chien andalou, il n’en reste pas moins que Buñuel s’indignait qu’un public snob n’y voie que beauté et poésie. Car pour lui, « au fond, ce n’est qu’un désespéré, un passionné appel au meurtre » (Révolution surréaliste, n° 12, 15 décembre 1929).


Première
La première d’Un chien andalou se déroula au Studio des Ursulines, présentation prévue sans lendemain, par crainte de la réaction du public. Luis Buñuel avait même rempli ses poches de cailloux, au cas où… Le film sera projeté ensuite pendant huit mois au Studio  28 : « il y eut des évanouissements, un avortement, plus de trente dénonciations au commissariat de police. » (Luis Buñuel)

Muet / sonore
Le film fut tourné en muet. Lors de la première projection,  c'est Buñuel qui assura lui-même la sonorisation, en passant des disques derrière l’écran. En 1960, le film est réédité en reprenant cette première bande sonore.

Autre titre
Un autre titre était à l’origine prévu pour Un chien andalou : Il est dangereux de se pencher en dedans. Il s’agit là d’une consigne inversée des chemins de fer.

Un chien andalou
France, 1929, 21  min, noir et blanc, format 1.33
Réalisation : Luis Buñuel 
Scénario : Luis Buñuel, Salvador Dalí
Photo : Albert Duverger
Musique : Richard Wagner (Tristan et Isolde)  
Montage : Luis Buñuel
Décors : Pierre Schildknecht
Production : Luis Buñuel, Studio-Films
Interprètes : Pierre Batcheff (l'homme), Simone Mareuil (la jeune femme), Salvador Dali (un frère des écoles), Jaume Miravilles (un frère des écoles), Luis Buñuel (l'homme au rasoir), Fano Messan (l'androgyne)

Sortie en France : 6 juin 1929

FILM RESTAURÉ
Filmoteca Española

Restauré par la Filmoteca Española entre 1999 et 2007 à partir de plusieurs copies de cinémathèques, accompagné de la musique originale d'époque.

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