Billetterie

Tchao pantin

de Claude Berri , France , 1983

Pompiste de nuit, solitaire, alcoolique, Lambert (Coluche) s’est échoué là, venant d’on ne sait où. Sa vie, c’est la routine morne de la station-service, le métro aérien, son seul horizon. Il y végète, la quarantaine usée, le regard absent. Son destin bascule la nuit où il rencontre Bensoussan (Richard Anconina), un jeune dealer, orphelin. Ils unissent leur solitude et nuit après nuit, Bensoussan prend l’habitude de venir parler avec Lambert. Une étrange amitié naît entre les deux hommes. Jusqu’au jour où Bensoussan est abattu devant les yeux de Lambert…

Tchao pantin, c’est l’histoire de deux personnages qui n’auraient jamais dû se rencontrer : un pompiste, incarnation du Français moyen, et un jeune dealer, mi-arabe, mi-juif. Le pompiste Lambert, homme sans passé, développe une connivence père-fils avec le jeune Bensoussan. Une relation taiseuse mais sincère : l’homme déjà mort renaît au contact de Bensoussan. Et c’est la mort violente du jeune dealer qui met le feu aux poudres, et lève le voile sur le passé de Lambert : ancien flic, il a tout lâché à la mort, par overdose, de son fils. En voulant venger la mort de Bensoussan, c’est avec son propre passé qu’il veut régler ses comptes.


TCHAO PANTIN (1983)
Film noir devenu culte, Tchao pantin impose un univers lugubre, une ambiance crépusculaire. Loin de son image de carte postale, Paris est gris et sale. La photo de Bruno Nuytten (qui a beaucoup traîné dans la ville avec Claude Berri pour y trouver ses ambiances) fait baigner le film dans des teintes gris-bleu, et les décors d’Alexandre Trauner, et surtout cette station-service aménagée près du boulevard de La Chapelle, ajoutent au glauque avec ses néons blafards. « Et voici que le réalisme poétique renaît dans les tristes paysages urbains d’un Paris contemporain. » (Jacques Siclier, Le Monde, 24 décembre 1983)
Évoluant lentement dans ces nuits sans fin, deux acteurs exceptionnels. Richard Anconina, perdu dans sa parka, habite le personnage de Bensoussan. Le critique Didier Goldschmidt soulignera que « rarement acteur donna à ce point de justesse et d’instinct les petits gestes et les mimiques du désarroi et de la solitude. » (Cinématographe, n° 96, janvier 1984). Éclatant de jeunesse et de subtilité, il tient un des plus beaux rôles de sa carrière. Et il y a Coluche… Fine moustache, rouflaquettes, regard mort, il crève l’écran avec un jeu tout en intériorité. Dans ce rôle à contre-emploi, il dévoile des talents d’interprétation inoubliables. Celui que le public ne connaît que comme l’humoriste provocateur est à un moment-clé et extrêmement difficile de sa vie personnelle : seuls ses proches savent qu’il ne s’agit pas d’un rôle de composition.
« Coluche a été étiqueté une fois pour toutes : gugusse. Là, le choc est grand, car le gugusse met cartes sur table, et comme Chaplin dans Limelight, il compose une sorte de clown triste (avec un masque à la Raimu), un fantôme humain, une chose inerte dont le trouble sourd dépasse la dépression pour se retrancher dans l’autisme. Le garagiste Lambert est un mort-vivant. »
(Vincent Ostria, Cahiers du cinéma, n° 355, janvier 1984)

Sans scénario
Coluche ne lira jamais le scénario de Tchao pantin. Les producteurs lui raconteront l’histoire et devront le convaincre… Sa peur de ne pas être à la hauteur lui fera d’abord refuser cette offre. Mais il se ravise et accepte ce qui restera le rôle de sa vie.

En immersion
Figurants, silhouettes et petits rôles seront choisis in situ : c’est sur place, dans les bistrots de Belleville comme au Gibus, que Claude Berri recrute. Il écrit rôles et dialogues en fonction de ses rencontres avec les comédiens amateurs. De leur côté, les rôles principaux se sont immergés dans leurs milieux respectifs : Agnès Soral a vécu plusieurs semaines dans un squat punk et Richard Anconina a traîné des jours et des nuits dans des bistrots repaires de dealers.

Sous tension
Le tournage de nuit de Tchao pantin dura neuf semaines. L’ambiance est tendue, car le quartier est une place centrale des trafics nocturnes.

Les César 1984
Tchao pantin sera nommé pour douze récompenses ! Il en recevra cinq : meilleur acteur pour Coluche, meilleur second rôle et meilleur espoir pour Richard Anconina, meilleur son et meilleure photographie.

Tchao pantin
France, 1983, 1h35, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : Claude Berri  
Scénario : Claude Berri, Alain Page, d’après le roman Tchao pantin d’Alain Page
Photo : Bruno Nuytten
Musique : Charlélie Couture  
Montage : Hervé de Luze
Décors : Alexandre Trauner  
Costumes : Sylvie Gautrelet  
Production : Renn Productions
Interprètes : Coluche (Lambert), Richard Anconina (Bensoussan), Agnès Soral (Lola), Philippe Léotard (Bauer), Mahmoud Zemmouri (Rachid), Ahmed Ben Ismael (Mahmoud), Pierrick Mescam (le premier client de la station-service), Mickael Pichet (Mickey), Michel Paul (Momo), Annie Kérani (la femme noire), Albert Dray (Sylvio), Vincent Martin (le second client de la station-service)

Sortie en France : 21 décembre 1983

FILM RESTAURÉ
Pathé
Restauration à partir du négatif original. La restauration image a été effectuée en 4K par le laboratoire Éclair et la restauration son par le laboratoire L.E. Diapason sous le contrôle de Bruno Nuytten et de Pathé. Avec la participation du CNC.



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