Billetterie

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier

Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón

de Pedro Almodóvar , Espagne , 1980

Pepi (Carmen Maura), jeune femme moderne et ingénieuse, cultive de la marijuana sur son balcon. Son voisin policier (Felix Rotaeta) la repère, menace de l’arrêter, et sachant qu’elle ne parlera pas, la viole. Pepi demande à son amie Bom (Alaska), chanteuse punk, de l’aider à se venger. Elles décident de débaucher Luci (Eva Siva), la femme du policier, femme au foyer, à première vue dévouée et soumise.

1979. Cela fait douze ans que le jeune homme originaire de la Mancha a quitté sa province pour s’installer à Madrid. Réalisateur de courts métrages, comédien, auteur de bandes dessinées et de romans-photos, collaborateur de nombreuses revues, musicien, future moitié du duo Almodóvar y McNamara, Almodóvar est partout, et surtout au centre de ce qui sera nommée hors-Espagne la Movida, phénomène artistique et social, mélange de punk et de cabaret qui envahit Madrid dans une ère libertaire et un climat post-franquiste déchaîné.

 

PEPI LUCI BOM Fichefilm

 

Après plusieurs courts et longs métrages en Super 8 ou 16 mm diffusés dans les soirées, cinémas de quartier ou happenings underground, Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier est le premier film de Pedro Almodóvar (alors employé de Telefónica, l’entreprise nationale de communications) commercialement exploité en Espagne. Tourné avec très peu de moyens et de façon chaotique (d’où des faux raccords en série), Pepi, Luci, Bom… bénéficie d’une insolence libératrice et d’un humour décapant. C’est une comédie d’un genre nouveau, vulgaire et provocante, sans règles, ni conventions, totalement underground. Adaptation du roman-photo punk Érections générales qu’Almodóvar destinait à l’origine à la presse, le film est véritablement construit comme une série de sketches mis bout à bout, à l’image d’une bande dessinée. C’est également une galerie de personnages extraordinaires nourris par l’énergie du désir : on y croise des femmes – évidemment –, des travestis, un hermaphrodite, une femme à barbe, un policier, des actrices, des femmes au foyer, des rockeurs… Acte de naissance cinématographique d’Almodóvar, Pepi, Luci, Bom… s’attache déjà à décrire la condition féminine dans une Espagne entre tradition et libération sexuelle (homosexualité, sado-masochisme…)
C’est finalement le cinéaste lui-même qui décrit le mieux son film dans un entretien au journal El País en 1980 : « Pepi, Luci, Bom… est un film policier parce que le personnage masculin est un flic assoiffé de vengeance. C’est une comédie féminine parce qu’il y a des tas de filles charmantes et décontractées. C’est un film pop par son rythme, sa superficialité, sa désinvolture, son peu d’importance. Et parce qu’y intervient un groupe rock, Alaska y los Pegamoides, des annonces publicitaires, des chansons. C’est aussi un film de Bergman, ou de Cukor, par l’inflation de personnages féminins. »

Budget
Le tournage sera interrompu plusieurs fois par manque d’argent.
« Cela a été une incertitude terrible : jamais nous ne savions si nous finirions un jour… » Dès qu’il avait un peu d’argent, Pedro Almodóvar tournait chez les uns, chez les autres, dans la rue, jusqu’à la prochaine recherche de financement.
Du coup, le tournage durera un an et demi.

Moral / amoral ?

Dans le dossier du film destiné aux journalistes, Pedro Almodóvar décrit Pepi, Luci, Bom… : « C’est essentiellement un film amoral : les valeurs n’y sont ni perverties ni transgressées, elles n’existent pas… »

Exploitation

Pepi, Luci, Bom… devient rapidement un film culte en Espagne.  Il restera trois ans à l’affiche, avec de nombreuses séances nocturnes très suivies. Mais il faudra attendre dix ans avant qu’il n’arrive  sur les écrans français.

Carmen Maura, première

C’est au sein de la troupe de théâtre indépendante Los Goliardos que Pedro Almodóvar rencontre Carmen Maura. Une profonde amitié, teintée de fascination, naît entre eux : « Carmen était la star et moi le meritorio, le dernier arrivé dans la compagnie. […] Nous étions donc aux extrêmes opposés de la troupe, mais Carmen était très fascinée par moi et nous passions beaucoup de temps ensemble dans sa loge. Je la regardais se préparer pour le spectacle, c’est une cérémonie qui me fascine toujours beaucoup chez les actrices. » (Conversations avec Pedro Almodóvar, Frédéric Strauss, Cahiers du cinéma). L’actrice tournera avec lui par la suite à sept reprises. 

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón )
Espagne, 1980, 1h18, couleurs, format 1.66
Réalisation & scénario : Pedro Almodóvar
Photo : Paco Femenia
Musique : Alaska y Los Pegamoides (Muy cerca de ti, Murciana), Monna Bell (Estaba escrito), Maleni Castro (Tu loca juventud)
Montage : Pepe Salcedo
Costumes : Manuela Camacho
Production : Pepón Coromina, Fígaro Films  
Interprètes : Carmen Maura (Pepi), Eva Siva (Luci), Alaska (Bom), Felix Rotaeta (le policier), Concha Grégori (Charito), Kiti Mánver (la chanteuse), Cecilia Roth (la femme de la publicité), Julieta Serrano (la femme habillée comme Scarlett O’Hara), Cristina Sánchez Pascual (la femme à barbe), Assumpta Rodes (Nuria), Pedro Almodóvar (le meneur de jeu du concours Érections générales)

Présentation au Festival de San Sebastián : septembre 1980 
Sortie en Espagne : 27 octobre 1980
Sortie en France : 31 octobre 1990

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