Billetterie

Paradis perdu

de Abel Gance , France , 1940

Pierre Leblanc (Fernand Gravey), jeune peintre sans le sou, rencontre une charmante jeune fille, Janine (Micheline Presle), au bal du 14 juillet 1914. Il perd sa trace et la cherche pendant des semaines. C’est par hasard qu’il la croise livrant une robe du grand couturier Calou (André Alerme) à la princesse Sonia Vorochine (Elvire Popesco). Pierre et Janine tombent amoureux, se marient, et le jeune homme est engagé par le couturier. Mais la guerre éclate et Pierre part au front. Un jour, il apprend qu’il est le père d’une ravissante fillette mais que sa femme est morte en donnant naissance à leur enfant. Pierre ne veut pas voir sa fille, responsable à ses yeux de la mort de son amour, et confie l’enfant à une brave femme, son ancienne concierge.

Lorsque le nom d'Abel Gance est évoqué, ce sont des films comme J’accuse ! (1919) ou Napoléon (1927) qui sont cités immédiatement. Mais la carrière de Gance est aussi jalonnée de films moins connus, mais tout aussi remarquables, comme l’est ce Paradis perdu.


PARADIS PERDU (1940)
Alors que la guerre se fait sentir, le film est réalisé rapidement au printemps 1939, à des fins alimentaires (Gance voulait se consacrer à son projet sur Christophe Colomb qu’il espérait réaliser quelques semaines plus tard). Paradis perdu est un véritable succès qui fera couler bien des larmes et ravira la critique. « Dans quel bain de jouvence Abel Gance s’est-il plongé ? Il émerge riche d’un art neuf, frais, et raconte avec bonheur cette bluette dépouillée de toute grandiloquence où il a tant de fois versé. », écrivait Doringe dans Pour Vous, le 29 novembre 1939. Paradis perdu commence comme une douce comédie : une histoire d’amour sublimée, où le couple est seul au monde. Les plans sont d’ailleurs le plus souvent rapprochés, isolant ainsi les amants dans la construction de leur bonheur, montré par des scènes au rythme enlevé. La photo tire vers l’onirisme. Puis c’est la déclaration de guerre. Le film bascule dans le drame humain, un drame que Gance traite, pour une fois, très sobrement. La mise en scène est délestée de l’inutile et du démonstratif. Les acteurs sont aussi très justes ; le même Doringe soulignait que « jamais Fernand Gravey ne fut plus gai, plus simple, plus désolé, plus vrai : depuis longtemps aucun rôle ne lui avait convenu de la sorte. » Quant à la jeune Micheline Presle, elle est ici consacrée par Gance, qui lui offre la possibilité de revêtir deux rôles si différents, ceux de la brune Janine et de la blonde Jeanette.
« Paradis perdu est là pour rappeler le génie un peu extravagant d’Abel Gance, sa manière de foncer comme un seul homme dans le genre qu’il traite, de l’épopée historique à l’œuvre intimiste, son enthousiasme d’adolescent ne le quittera jamais. » (Alain Carbonnier, Cinéma 84, n° 301, janvier 1984)

Les sanglots de Truffaut
C’est grâce à une projection de Paradis perdu à l’automne 1940 au Palais-Rochechouart que le jeune François Truffaut, alors âgé de 8 ans, découvrit le cinéma dans une salle en sanglots. Le cinéaste avoua par la suite qu’à chaque fois qu’il revoyait le film, il pleurait, « car c’est un mélodrame irrésistible, génial vraiment. » (Le Cinéma selon François Truffaut, Flammarion)

Musique
Le film a marqué les années 1940 sans doute aussi grâce à la valse Le Paradis Perdu, dont la musique fut composée par Hans May et les paroles écrites par Roger Fernay.

Paradis perdu
France, 1940, 1 h 30, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Abel Gance 
Scénario : Joseph Than, Abel Gance, Steve Passeur
Photo : Christian Matras
Musique : Hans May
Montage : Léonide Azar  
Décors : Henri Mahé
Costumes : Marcelle Dormoy, Barbara Karinska  
Production : Jean Séfert, Joseph Than, Tarice Film
Interprètes : Fernand Gravey (Pierre Leblanc), Elvire Popesco (Sonia Vorochine), André Alerme (Calou), Monique Rolland (Laurence), Robert Le Vigan (Edouard Bordenave), Robert Pizani (Lesage), Gérard Landry (Gérard), Les Blue Bell Girls (les girls à l'inauguration de la Marie-Galante), Micheline Presle (Janine/Jeanette), Jane Marken (Mme Bonneron), Gaby Andreu (Irène)

Sortie en France : 13 décembre 1940

FILM RESTAURÉ
Pathé
Restauration essentiellement à partir du négatif original, pour lequel le montage a été reconstruit au plus proche du montage originel. L’ensemble de la restauration a été effectué par le laboratoire L’Immagine Ritrovata sous le contrôle de Pathé et de Georges Mourier. Avec la participation du CNC.



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