C’est lors de la pause estivale entre deux saisons théâtrales que Lyda Borelli se lance dans le cinéma aux côtés de Mario Caserini dans Ma l’amor mio non muore . La comédienne est une immense vedette en Italie où elle a commencé sa carrière en 1903. Elle est considérée comme l’héritière de la grande Eleonora Duse qui quitta les planches en 1909, et adulée à la fois du monde des arts et de celui de la culture populaire : muse des peintres, sculpteurs et photographes, elle est également l’objet de caricatures et icône de mode. C’est donc au sommet de sa popularité que la Borelli devient actrice de cinéma, dans un film spécialement écrit pour elle par Mario Caserini, cinéaste à la tête de sa propre maison de production (Film Artistica Gloria) avec son cofondateur Domenico Cazzulino.
Comédienne de théâtre, Lyda Borelli aurait pu être désavantagée par le cinéma muet. Elle compensa alors la perte de sa voix en développant une gestuelle exceptionnelle : sa façon de se déplacer, de poser, de jouer en accentuant ses sentiments… tout y est à la fois beau et juste, dans un équilibre sensible entre sobriété et grandiloquence. Son langage, par ses gestes et son corps, deviennent un style : le Borellismo. Les thèmes, classiques, comme l’amour, la jalousie, le désespoir, la haine, la repentance, la douleur, ne semblent exister que pour le seul bonheur d’emmener la Borelli d’un sentiment à l’autre. La mise en scène de Caserini est aussi très recherchée, avec ses plans rapprochés et ses jeux de miroirs, remplaçant astucieusement tout montage. Le film est un immense succès et le cinéma des dive italiennes naît.
Avec Ma l’amor mio non muore, la carrière cinématographique de Lyda Borelli est lancée et elle enchaînera treize autres films. Mais son mariage avec le comte Vittorio Cini mettra un arrêt brutal à cette florissante ascension, l’actrice se retirant des planches et des plateaux. La légende dit que, jaloux, le comte Cini avait racheté tous les films de son épouse pour les détruire. Heureusement ce ne fut pas le cas…
Le théâtre au cinéma
Clin d’œil à sa carrière théâtrale, Lyda Borelli endosse dans Ma l’amor moi non muore le costume de Salomé qu’elle portait dans la pièce éponyme d’Oscar Wilde et qui fit son succès.
Caserini
Réalisateur de plus de cent films, Mario Caserini était spécialisé dans les adaptations littéraires. Il est considéré comme l’un des premiers à avoir transposé Shakespeare au cinéma, en 1906, avec Otello. Il est surtout connu pour son spectaculaire film Les Derniers Jours de Pompéi (Gli ultimi giorni di Pompeii, 1913).
Mon amour ne mourra jamais (Ma l’amor moi non muore)
Italie, 1913, 1h17, noir et blanc, format 1.33
Réalisation : Mario Caserini
Scénario : Emiliano Bonetti, G. Monleone
Photo : Angelo Scalenghe
Production : Film Artistica Gloria
Interprètes : Lyda Borelli (Elsa Holbein), Mario Bonnard (le prince Massimiliano), Vittorio Rossi Pianelli (le colonel Julius Holbein), Emilio Petacci (le colonel Theubner), Camillo De Riso (Schaudard), Gian Paolo Rosmino (Moise Stahr), Dante Cappelli (le grand-duc de Wallenstein), Maria Caserini Gasparini (la grande-duchesse de Wallenstein), Antonio Monti (un général), Gentile Miotti, Letizia Quaranta, Felice Metellio
Sortie en Italie : octobre 1913
FILM RESTAURÉ
Cineteca di Bologna Museo del cinema di Torino
Restauration de 2013 par le Museo Nazionale del Cinema di Torino et la Fondazione Cineteca di Bologna, en collaboration avec la Fondazione Cineteca Italiana et la CSC-Cineteca Nazionale. Réalisé au laboratoire L'Immagine Ritrovata.
CINÉ-CONCERT
Projection à l’Institut Lumière avec accompagnement musical au piano par Tatiana Alamartine.
En partenariat avec le Conservatoire à rayonnement régional de Lyon.
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