Billetterie

Mirage de la vie

Imitation of Life

de Douglas Sirk , États-Unis , 1959

Lora Meredith (Lana Turner), est une actrice sans emploi. Veuve, elle vit seule avec sa fille Susie. Sur la plage de Coney Island, elle rencontre une femme noire, Annie (Juanita Moore), également mère d’une fillette, Sarah Jane. Lora décide de les accueillir chez elle et d’embaucher Annie comme gouvernante, alors qu’elle se consacrera de nouveau à sa carrière. Elle délaisse progressivement sa fille et son amant Steve Archer (John Gavin). Les fillettes grandissent ensemble, et Sarah Jane (Susan Kohner), métisse, prenant de plus en plus en horreur son origine noire, rejette sa mère et décide de se faire passer pour blanche.

D’origine danoise, Douglas Sirk est un personnage unique : intellectuel et metteur en scène européen, il devient le « prince du mélodrame » à Hollywood. Et c’est au sommet de sa gloire avec Mirage de la vie qu’il quitte les États-Unis : « Je sentais qu’un Hollywood complètement nouveau allait bientôt voir le jour, un Hollywood ouvert à des films comme Easy Rider – en tous cas, des films d’une nature et d’un style complètement différents. Mais je sentais que je n’étais plus assez jeune pour attendre cet événement. » (Conversations avec Douglas Sirk, Jon Halliday, Cahiers du cinéma)


MIRAGE DE LA VIE (1959)
Chant du cygne d’un certain système hollywoodien, Mirage de la vie est un mélodrame flamboyant, la vie de deux mères et de leurs deux filles pendant une dizaine d’années. Lora sacrifie tout pour sa carrière de comédienne (sa fille Susie, l’amour de Steve…), et découvre après avoir réussi une brillante vie professionnelle, que son existence est définitivement vide : sa fille est à présent une jeune femme qui court après l’amour et la passion, et tombe sous le charme de l’amant de sa mère. Le conflit familial est total. Mais, la vie de sa gouvernante et amie Annie est encore plus dramatique. Mère aimante et dévouée, elle est rejetée par sa fille Sarah Jane. Aux conflits familiaux s’ajoutent les conflits raciaux : horrifiée par ses ascendances noires, la jeune fille se fait passer pour blanche, renie ses origines modestes, tente par tous les moyens d’échapper à sa condition et sacrifie à son statut social tous ses liens de famille et d’amitié. Dans une Amérique conservatrice aux relents racistes, c’est pour elle la seule échappatoire à un destin tout tracé, celui que sa mère, domestique résignée, a accepté.
Point d’orgue du film, la scène des obsèques d’Annie est absolument grandiose : grandes pompes, spirituals interprétés par Mahalia Jackson, de nombreux amis venus rendre un dernier hommage… On s’imagine, en voyant Sarah Jane, Susie, Lora et Steve ensemble, que le finale sera heureux. Mais non, pas de happy-end , Douglas Sirk se définissait lui-même comme un « pessimiste ironique ». Fidèle à ce style qui a fait sa patte, Douglas Sirk met à profit décor, lumière, couleurs fantastiques, musique, pour révéler les états d’âme de ses personnages, et ainsi fait de Lana Turner – que l’on disait d’avantage mannequin qu’actrice – une réelle interprète.
« Imitation of Life commence comme un film sur le personnage de Lana Turner et très insensiblement devient un film sur Annie, la femme noire. Le cinéaste a abandonné le problème qui le concerne, l’aspect du sujet qui touche à son propre travail, pour rechercher l’imitation de la vie dans le destin d’Annie où il a trouvé beaucoup plus de cruauté qu’il n’en aurait trouvée dans le cas de Lana Turner ou dans le sien propre. Encore plus de malchance, encore moins d’espoir. » (Rainer Werner Fassbinder, Positif, n° 183/184, juillet-août 1976)

Remake
En 1934, John M. Stahl réalise sa version du roman de Fannie Hurst, Imitation of Life, avec Claudette Colbert. La version de Sirk est donc un remake de celle de Stahl, moins fidèle à Hurst que ne l’était cette dernière. Ainsi, dans le roman comme dans le film de 1934, l’héroïne Bea est une chef d’entreprise qui s’associe à une femme noire, et non une actrice comme Lora qui engage une femme noire à son service.
Une version également à découvrir !

Talons aiguilles
Une carrière artistique préférée à une vie de famille, une fille amoureuse de son ancien amant, une relation mère-fille conflictuelle… Autant de thèmes communs à Talons aiguilles de Pedro Almodóvar.

Mirage de la vie (Imitation of Life )
États-Unis, 1959, 2h04, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : Douglas Sirk
Scénario : Eleanore Griffin, Allan Scott, d’après le roman Imitation of Life de Fannie Hurst  
Photo : Russell Metty 
Musique : Frank Skinner
Montage : Milton Carruth
Décors : Alexander Golitzen, Richard H. Riedel, Russell A. Gausman,  Julia Heron
Costumes : Bill Thomas, Jean Louis (pour les robes de Lana Turner)  
Production : Ross Hunter, Universal International Pictures  
Interprètes : Lana Turner (Lora Meredith), John Gavin (Steve Archer), Sandra Dee (Susie), Robert Alda (Allen Loomis), Susan Kohner (Sarah Jane), Karen Dicker (Sarah Jane, enfant), Terry Burnham (Susie, enfant), Juanita Moore (Annie Johnson), Dan O’Herlihy (David Edwards), Troy Donahue (Frankie), Maida Severn (l’institutrice), Mahalia Jackson (dans son propre rôle)

Sortie aux États-Unis : 30 avril 1959
Sortie en France : 2 octobre 1959

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