Wisconsin, 1957. À la suite à la découverte dans sa ferme d’une collection de restes humains provenant de profanation de tombes, Ed Gein est inculpé et interné dans un hôpital psychiatrique. Dix-sept ans plus tard, Tobe Hooper s’inspire de ce macabre fait divers pour réaliser Massacre à la tronçonneuse, film culte, initiateur des slashers. Le budget est très réduit et oblige l’équipe à tourner à un rythme effréné et en 16 mm. Cette économie de moyens force à l’inventivité, le recours aux effets spéciaux étant très limité.
Avec les ressorts classiques du film d’horreur (maison isolée, habitants dégénérés, touristes naïfs), Massacre à la tronçonneuse dresse un portrait effrayant de l’Amérique profonde et de la famille traditionnelle américaine. Dans une esthétique proche du faux documentaire (l’image est sale, granuleuse) qui renforce l’impression de réalisme, c’est la rencontre d’une Amérique moyenne et policée, et de l’Amérique des laissés pour compte. La peur installée est viscérale, authentique, basée sur le mal-être, l’angoisse de l’attente, bien plus que sur la violence de ce qui est montré. Massacre à la tronçonneuse sort aux États-Unis avec la mention “R – Restricted”, l’interdisant aux mineurs de moins de 17 ans non accompagnés. Le film est interdit dans de nombreux pays pendant de longues années. Cette censure contribue à l’énorme réputation du film, unanimement considéré comme l’un des meilleurs films d’horreur de tous les temps.
« Au début des années 70, l’Amérique se découvre des zones où il ne fait pas bon tomber, pièges incongrus peuplés de créatures débilitantes – communautés hostiles, familles dégénérées, ploucs égorgeant leur rancune. C’est l’Anglais John Boorman, avec Délivrance (1972), qui a fixé le portrait de cette Amérique hantée par le spectre de sa sauvagerie. […] Nombre de films trouvent alors dans le Sud profond le lieu idéal d’une déconstruction des idéaux américains. […] Cette « horreur diurne » […] a trouvé en Massacre à la tronçonneuse son chef-d’œuvre : par-delà sa description ironique d’une famille de dégénérés texans, le film bascule ouvertement dans un régime hallucinatoire, assimilant le soleil à une espèce d’astre mauvais faisant ployer le film sous les visions hyperboliques (démence généralisée, empire du pourrissement, surréalisme morbide). » (Vincent Malausa, Cahiers du cinéma, n° 684, décembre 2012)
Interdit
Le film est frappé d’interdiction pendant des années par l’administration giscardienne. C’est Jack Lang qui leva la censure permettant la sortie du film sur les écrans français huit ans après les États-Unis. Le Royaume-Uni attendra encore plus longtemps :le film ne sortira sur grand écran qu’en avril 1999 !
Le Ed Gein d’Hitchcock
Le tueur en série Ed Gein a également inspiré Alfred Hitchcock pour son personnage de Norman Bates dans Psychose (Psycho, 1960).
Les Ramones bricoleurs
En 1976, les Ramones sortent leur premier album sur lequel figure le titre Chain Saw. Inspiré du film de Tobe Hooper, le morceau débute par un bruit de scie circulaire…
Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chainsaw Massacre )
États-Unis, 1974, 1h24, couleurs, format 1.78
Réalisation : Tobe Hooper
Scénario : Tobe Hooper
Photo : Daniel Pearl
Effets spéciaux : Dean W. Miller
Musique : Wayne Bell, Tobe Hooper
Montage : Larry Carroll, Sallye Richardson
Décors : Robert A. Burns
Production : Tobe Hooper, Vortex
Interprètes : Marilyn Burns (Sally Hardesty), Allen Danziger (Jerry), Paul A. Partain (Franklin Hardesty), William Vail (Kirk), Teri McMinn (Pam), Edwin Neal (l’autostoppeur), Jim Siedow (le vieil homme), Gunnar Hansen (Leatherface), John Dugan (le grand-père), Robert Courtin (le laveur de vitre), William Creamer (l’homme barbu), Jerry Green (le cowboy), Ed Guinn (le chauffeur de camion), Joe Bill Hogan (l’homme saoul), Perry Lorenz (le conducteur du pick up)
Interdit aux moins de 16 ans
Sortie aux États-Unis : 1 octobre 1974
Sortie en France : 5 mai 1982 (sortie VHS en 1979)
FILM RESTAURÉ
Carlotta Films
Copie restaurée, en avant-première de réédition chez Carlotta Films le 29 octobre.
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