L’Apprentissage de Duddy Kravitz

Cinquième long métrage de Ted Kotcheff, L’Apprentissage de Duddy Kravitz est considéré comme l’un des plus grands films canadiens de tous les temps. Revenu d’Australie, le cinéaste s’attaque à un épisode de l’histoire de son pays, en contant le parcours d’un jeune arriviste juif bien décidé à se faire un nom au sein de sa communauté.

Dotée d’un efficace sens de l’humour et d’une réelle émotion, cette comédie dramatique reconstitue avec brio le Montréal des années 1940 et la communauté juive de Saint-Urbain : mœurs, soif de réussite et de reconnaissance sociale… Lors de son irrésistible ascension, Duddy Kravitz est confronté à de nombreuses aventures (il devient même producteur de films…), parfois à quelques difficultés, et ce ne sera pas sans impact sur son entourage. Mais Duddy, aussi arriviste et hâbleur qu’il soit, conserve une part d’innocence, voire de naïveté.
L’histoire est servie par des acteurs de grand talent. En premier lieu, Richard Dreyfuss, dans une interprétation énergique et juste de Duddy – l’acteur américain interprétant avec une même conviction tous ses rôles ; et également par Micheline Lanctot, dans le rôle d’Yvette, véritable conscience de Duddy, qu’elle ne cesse d’interroger et bousculer, afin qu’il ne perde pas pied dans cette quête incessante de réussite. Mais elle finit par rejeter cet homme qu’elle ne reconnaît plus, bien qu’elle l’aime encore. Le triomphe final de Duddy est également son échec, sa chute : il a tout, mais plus personne avec qui partager et paye sa réussite au prix fort. « Ce scénario très fort par lui-même, le cinéaste l’a traduit dans un style admirablement classique, sans affèteries inutiles, grâce à un maniement de la caméra toujours très souple, et parfois même aussi effacé que celui du Preminger des grands jours, grâce à une reconstitution d’époque si irréprochable qu’elle donne à certaines scènes des allures de documentaire, et enfin grâce à une interprétation splendide, support indispensable de ce genre de cinéma. » (Christian Viviani, Positif, n° 171/172, été 1975)

Réception
Si on lui reproche parfois d’être un film trop hollywoodien et non canadien (les acteurs principaux sont presque tous américains), la critique canadienne souligne tout de même la qualité de l’adaptation cinématographique du roman de Mordecai Richler, ainsi que la reconstitution du Montréal de l’époque.

Richard Dreyfuss
Cet acteur américain, qui campe de façon prodigieuse  le personnage de Duddy Kravitz, a une carrière exceptionnelle depuis ses débuts au cinéma, à la fin des années 1960. Plus de cent films entre cinéma et télévision, dont Le Lauréat  (The Graduate) de Mike Nichols en 1967, American Graffiti  de George Lucas en 1973, Rencontres du troisième type  (Close Encounters of the Third Kind) de Steven Spielberg en 1977...  Il tient également en 1975 le rôle du biologiste Hooper dans  Les Dents de la mer (Jaws), également de Steven Spielberg. Il reçoit l’Oscar du meilleur acteur en 1978 pour son rôle dans Adieu, je reste (The Goodbye Girl) d’Herbert Ross.

Ours d’or
Présenté au Festival de Berlin en juin 1974, L’Apprentissage de Duddy Kravitz obtient l’Ours d’Or, la plus prestigieuse distinction décernée  lors de la manifestation.