Billetterie

Les Yeux sans visage

de Georges Franju , France, Italie , 1960

Le docteur Génessier (Pierre Brasseur) est un neurochirurgien réputé, dont les recherches scientifiques, et en particulier celles concernant les hétérogreffes, lui ont assuré une renommée internationale. Mais un drame a bouleversé sa vie : sa fille Christiane (Édith Scob), complètement défigurée à la suite d’un grave accident, a disparu de la clinique où elle était en traitement. Un jour, on repêche dans la Seine le corps d’une jeune fille au visage rongé, et Genessier, convoqué à la morgue, reconnaît formellement sa fille. Les obsèques ont lieu le surlendemain. Mais une jeune patiente est recluse dans la villa du médecin et des jeunes filles blondes disparaissent…

Les Yeux sans visage est sans doute la première des rares incursions du cinéma français dans le cinéma d’épouvante. Entre horreur réaliste et poésie, l’histoire d’un savant, certes fou, mais d’amour pour sa fille défigurée, prêt à tout pour lui redonner son visage et son sourire. Le docteur Génessier est un homme normal, mu ni par la haine ni par le sadisme, un père aimant et non un docteur Mabuse. Drame de l’amour fou, Les Yeux sans visage questionne la passion, la déraison, la science et ses déviances. Un film d’épouvante sans monstres, proposant une vision désespérée de l’humanité.


YEUX SANS VISAGE (1959)
Héritier du réalisme poétique et du surréalisme, Franju déclarait : « ce qui me plaît, c’est ce qui est terrible, tendre et poétique ». La mise en scène installe un climat de peur palpable grâce au jeu atone des comédiens (Brasseur et Valli, son âme damnée, sont glaçants), à la précision des descriptions (les scènes d’opérations filmées comme des documentaires), et surtout au noir et blanc d’Eugen Schüfftan, un des artisans de la lumière du cinéma expressionniste allemand, auteur de ce clair-obscur saisissant.
« Il fallait beaucoup d’audace pour oser un tel film, le calme presque monstrueux de Pierre Brasseur et la légèreté de fée de Melle Scob pour le rendre supportable. Mais le film d’épouvante possède des titres de noblesse et Franju n’a pas oublié la grande règle qui consiste à traiter l’irréel avec le maximum de réalisme. […] Les ancêtres de ce film habitent l’Allemagne, cette Allemagne de la grande époque cinématographique de Nosferatu. De longue date nous n’avions pas retrouvé la sombre poésie, l’hypnose que provoquent le macabre, les maisons funestes, les monstres fabuleux de l’écran. […] Franju n’hésite pas au bord. Il plonge. Il nous mène implacablement jusqu’au bout de ce que nos nerfs supportent. » (Jean Cocteau, cité dans Georges Franju, Gabriel Vialle, Seghers)

Des plumes au scénario
Pour travailler à l’adaptation du roman de Jean Redon, on fait appel à de grands noms : Pierre Boileau et Thomas Narcejac, auteurs en commun de nombreux romans policiers à succès, et Claude Sautet qui allait cette même année réaliser son premier film, Classe tous risques.

Almodóvar et Les Yeux sans visage
Le film de Franju était le seul qu’Almodóvar avait en tête au moment du tournage de La piel que habito : « Comme dans ce film, je voulais raconter une histoire de terreur, mais sans l’attirail habituel des peurs et des sursauts. Comme chez Franju, j’aspirais à une intensité dans la terreur qu’on pourrait qualifier de lyrique, tout en restant au plus près du quotidien de mes personnages principaux. » (Positif, n° 607, septembre 2011).

Hommage
En 2012, le cinéaste Leos Carax rend hommage dans Holy Motors au film de Franju et à son interprète Édith Scob. La comédienne y interprète Céline, qui, au volant d’une limousine blanche, conduit Denis Lavant de rendez-vous en rendez-vous. À la fin du film, elle revêt le masque de Christine dans Les Yeux sans visage.

Les Yeux sans visage
France, Italie, 1960, 1h28, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : Georges Franju
Assistant réalisation : Claude Sautet
Scénario : Boileau-Narcejac, Jean Redon, Claude Sautet, Pierre Gascar, d’après le roman Les Yeux sans visage de Jean Redon
Photo : Eugen Schüfftan
Musique : Maurice Jarre
Montage : Gilbert Natot
Décors : Auguste Capelier
Costumes : Marie-Martine
Production : Jules Borkon, Champs-Élysées Productions, Lux Film
Interprètes : Pierre Brasseur (le docteur Génessier), Alida Valli (Louise), Juliette Mayniel (Edna Gruberg), Édith Scob (Christiane), François Guérin (le docteur Vernon), Alexandre Rignault (l’inspecteur Parot), Béatrice Altariba (Paulette), Charles Blavette (l’homme de la fourrière), Claude Brasseur (un inspecteur), Michel Etcheverry (le médecin-légiste), Yvette Étiévant (la mère), René Génin (Tessot), Lucien Hubert (un homme au cimetière), Marcel Pérès (un homme au cimetière)

Sortie en France : 11 janvier 1960
Sortie en Italie : 3 mai 1960

FILM RESTAURÉ
Gaumont

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