Billetterie

Les Choses de la vie

de Claude Sautet , France, Italie , 1970

Une route nationale, en rase campagne. Pierre Bérard (Michel Piccoli), ingénieur dans les travaux publics, gît, blessé, sur le bas-côté. À grande vitesse, il a voulu éviter un camion à bord de son Alfa-Romeo. Paralysé, mais conscient, il se remémore des bribes de sa vie, ces moments qui disparaîtront avec lui et s’interroge sur ce que vont devenir les êtres qui partageaient son existence : Hélène (Romy Schneider), sa jeune maîtresse, Catherine (Lea Massari), sa femme, Bertrand (Gérard Lartigau), son fils…

Une nouvelle pause de cinq ans entre deux films… Mais cette fois-ci, Claude Sautet revient avec le film sans doute le plus emblématique de sa carrière, Les Choses de la vie. Sur une construction en flash-back, souvenirs, impressions et sentiments, il évoque la vie d’un homme d’une quarantaine d’années, qui a tout pour lui, symbole de la bourgeoisie pompidolienne et de la société de consommation. Tout pour lui certes, mais également face à un choix entre deux femmes, deux vies, l’ordre et le plaisir. L’accident – superbe scène à la construction complexe – est l’issue providentielle : la mort comme une fuite, une solution aux problèmes et aux choix à faire.


CHOSES DE LA VIE (1969)
Michel Piccoli et Romy Schneider sont justes, bouleversants, authentiques. La direction d’acteur laisse toute leur place aux hésitations, aux silences. Un jeu tout en intelligence et sensibilité. Claude Sautet soulignera plus tard à propos de Romy Schneider : « Pendant le tournage, j’étais surpris constamment par ce qu’elle me donnait. Je n’avais pas encore bien mesuré son éclat à l’écran. » (Conversations avec Claude Sautet, Michel Boujut, Actes Sud/Institut Lumière). Grâce à une mise en scène élégante et juste, Claude Sautet transforme un film sur une mort brutale en hymne à la vie, en ode à tous ces riens, finalement indispensables quand on risque de les perdre à jamais.
Enfin, outre la scène de l’accident, la scène du mariage, onirique, marque le film de son empreinte. Pour Gilles Jacob, alors critique : « Digne d’un Fellini, une séquence restera fameuse : celle du mariage imaginaire. Le blessé garde les yeux clos, il fait provision de signes. Il voit son mariage avec Hélène, semblable à ce mariage champêtre qu’il vient de croiser sur la route, refuge enchanté de la vie rêvée […] ; soudain le panoramique se poursuit, le sourire se fige, Pierre découvre les témoins de l’accident et, près de lui, le maquignon en habit. […]. Alors, Pierre comprend que c’est grave, la boussole intérieure s’affole : dernier galop. Et ce choc, le plus intense dans le cinéma français depuis Hiroshima mon amour, nous le ressentons avec lui en qui nous nous reconnaissons. » (Les Nouvelles littéraires, 19 mars 1970)

Non agrée par la securité routière
Lors d’une avant-première, un journaliste de Paris-Match fond sur Claude Sautet, arguant que l’accident aurait pu être évité si le personnage de Michel Piccoli avait braqué le volant de l’autre côté. Sautet, toujours à fleur de peau et les nerfs à vif, s’emporte : « Je n’ai pas fait un film sur la prévention routière, pauvre con. Je ne m’occupe pas du code de la route, je m’occupe d’un personnage qui essaie de mourir, et qui essaie d’accepter la mort. Imbécile ! »

66 plans – 10 jours
Jean-Loup Dabadie et Claude Sautet écrivent ensemble méticuleusement la scène de l’accident. Lors des dix jours de tournage de cette séquence, trois caméras sont installées, avec trois angles différents. Sautet a en tête l’idée du résultat souhaité - jouer avec les rythmes et le temps - mais a du mal à se faire comprendre des techniciens. C’est également le cas au montage quand Jacqueline Thiédot se retrouve face aux soixante-six plans. Sautet mêle le récit ralenti et subjectif du conducteur, à celui objectif à vitesse normale, ainsi qu’à ceux des témoins, afin de restituer ce qui nomme « cette valse lente qui mène à la mort. »

Coup de foudre en pyjama
Philippe Sarde n’a que 19 ans lorsque le producteur du film, qui a vu un de ses courts métrages, l’appelle et lui conseille de rencontrer Claude Sautet, et de lire le roman de Paul Guimard. Les premières lignes lui inspirent le début du thème Les Choses de la vie. Le lendemain, c’est en pyjama – comme toujours – que Sarde accueille Sautet, une rencontre simple, sans envie de bluffer l’autre. Philippe Sarde : « Mon rapport avec Claude est né finalement de cette première rencontre. Je crois beaucoup au coup de foudre. C’est la même chose. C’est un coup de foudre. Simplement entre un père et son fils, puisque j’avais l’âge de son fils, à un an près. » Les Choses de la vie  marquera le début d’une longue collaboration entre les deux hommes et d’une très belle carrière pour le compositeur.

Récompense
Les Choses de la vie  reçoit en 1970 le Prix Louis Delluc.

Les Choses de la vie
France, Italie, 1970, 1h25, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Claude Sautet
Scénario : Jean-Loup Dabadie, Claude Sautet, Paul Guimard, d’après le roman Les Choses de la vie de Paul Guimard  
Photo : Jean Boffety
Musique : Philippe Sarde
Montage : Jacqueline Thiédot
Décors : André Piltant
Costumes : Jacques Cottin, André Courrèges
Production : Jean Bolvary, Raymond Danon, Roland Girard, Fida Cinematografica, Lira Films, Sonocam 
Interprètes : Michel Piccoli (Pierre Bérard), Romy Schneider  (Hélène), Lea Massari (Catherine Bérard), Gérard Lartigau (Bertrand Bérard), Jean Bouise (François), Boby Lapointe (le bétailleur), Hervé Sand (le camionneur), Henri Nassiet (le père de Pierre), Marcelle Arnold (la mère d’Hélène), Jean-Pierre Zola (le père d’Hélène), Roger Crouzet (le promoteur), Betty Beckers (l’auto-stoppeuse), Dominique Zardi (l’auto-stoppeur), Gabrielle Doulcet (Guite), Jerry Brouer (le prétendant d’Hélène)

Sortie en France : 13 mars 1970

FILM RESTAURÉ
StudioCanal

Ressortie en salle le 2ème trimestre 2015, par Les Acacias Distibution

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