« L’un des plus grands films de l’histoire du cinéma québécois ». De nombreux classements, de nombreux sources (le journal La Presse, plusieurs scrutins du Festival de Toronto…), et toujours le même résultat : Les Bons Débarras est un classique du cinéma québécois.
Au sein d’une nature exceptionnelle et d’un monde de marginaux, Francis Mankiewicz dresse le portrait de Manon, 13 ans, mi-enfant, mi-adulte. Elle n’a qu’une obsession : obtenir l’amour de sa mère Michelle. Elle se fait charmeuse et tendre, puis violente et dure. Elle voudrait qu’elles ne soient que toutes les deux, sans cet oncle alcoolique et à moitié demeuré, et ce policier, amant de passage de sa mère. Alors quand Michelle annonce qu’elle est enceinte, c’en est trop pour la fillette qui décide de se débarrasser par tous les moyens des figures intrusives dans cette relation exclusive : elle accusera l’amant d’attouchement et après avoir, avec une cruauté sereine, dit ses quatre vérités à son oncle, le poussera au suicide.
Les Bons Débarras n’est pas un mélo mais une véritable chronique du quotidien, aussi extraordinaire soit-il. Bâti sur un solide scénario, le film est intense et émouvant, et la superbe photo de Michel Brault laisse toute sa place à des décors et paysages hors normes. Mais ce qui fait la beauté saisissante des Bons Débarras, ce sont ces deux comédiennes, duo mère-fille, authentiques, dont les regards et les silences sont autant de dialogues. La très jeune Charlotte Laurier, pour qui Manon est le premier rôle au cinéma, est à mi-chemin entre une héroïne de Jacques Doillon et la Zazie de Raymond Queneau. Manon n’est pas sadique, juste dure et insensible aux autres. Dotée d’une terrible détermination, elle ne s’échappe du schéma miséreux qui l’entoure qu’en lisant inlassablement son exemplaire fatigué des Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. Enfantine et mature, Charlotte Laurier compose une Manon troublante, rageuse, violente et attachante.
« C’est terrifiant, c’est bouleversant. Mais Francis Mankiewicz, qui traduit ici en images un scénario original de l’écrivain Réjean Ducharme, ne joue ni la carte de l’émotion, ni celle de l’horreur. Il filme ses personnages au plus près de leurs réactions naturelles, les insérant constamment dans leur cadre immédiat. S’il élève jusqu’à la tragédie la relation Manon-Michelle, il se garde de la sortir de l’ordinaire. » (Jacques Chevallier, Image et son / La Revue du cinéma, n° 410, novembre 1985)
Ducharme, l’invisible
Écrivain, dramaturge, sculpteur et scénariste, Réjean Ducharme a connu le succès immédiat en 1966 avec son premier roman L’Avalée des avalés. Souvent comparé à J. D. Salinger pour son thème de prédilection (l’adolescence) et son immense discrétion (il n’accorde aucun entretien), il est considéré comme un de plus grand auteurs québécois de sa génération.
Le tour des festival
Berlin, Hyères, Bruxelles, La Rochelle… Les Bons Débarras fera le tour des festivals et bénéficiera d’une excellente critique et d’un accueil public exceptionnel au Canada. Mais il mettra presque six ans à arriver sur les écrans français.
Famille
Francis Mankiewicz est le cousin éloigné d’Herman Jacob et Joseph Leo Mankiewicz. Lorsque Joseph visionnera Les Bons Débarras, il s’enthousiasmera : « J’apprécie ton travail, aussi n’es-tu plus mon cousin mais mon neveu ! »
Les Bons Débarras
Canada, 1979, 1h42, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Francis Mankiewicz
Scénario : Réjean Ducharme
Photo : Michel Brault
Musique : Bernard Buisson
Montage : André Corriveau
Décors : Michel Proulx
Costumes : Diane Paquet
Production : Marcia Couëlle, Claude Godbout, Les Productions Prisma
Interprètes : Charlotte Laurier (Manon), Marie Tifo (Michelle), Germain Houde (Guy), Louise Marleau (Mme Viau-Vachon), Roger Lebel (Maurice), Gilbert Sicotte (Gaétan), Serge Thériault (Lucien), Jean-Pierre Bergeron (Fernand), Léo Ilial (Samaritain), Madeleine Chartrand (une fille au bar), Louise Rinfret (une fille au bar), Éric Beauséjour (un cousin), Jean-Pierre Duplessis (un cousin), Marcella Fajardo (une cousine), Marie Laurier (une cousine)
Sortie au Canada : 28 février 1979
Sortie en France : 6 novembre 1985
FILM RESTAURÉ
Eléphant, mémoire du cinéma québécois
Restauration effectuée à partir du négatif original par Film Option international et Technicolor à Montréal, sous la direction de Marie-José Raymond et Claude Fournier (Éléphant, mémoire du cinéma québécois).
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