Billetterie

Le Voyage de la peur

The Hitch-Hiker

de Ida Lupino , États-Unis , 1953

Un tueur en série (William Talman) sévit sur les routes américaines, se faisant prendre en stop par ses futures victimes. Voulant fuir vers le Mexique, il se fait embarquer par Bowen et Collins (Edmond O’Brien et Frank Lovejoy), deux amis partis pêcher. Le voyage de l’angoisse commence.

Un tueur, une voiture, une arme. Les ingrédients du Voyage de la peur sont simples mais très efficaces. Après avoir réalisé plusieurs films dans un genre plus social, Ida Lupino signe un film d’hommes et ainsi fait du Voyage de la peur le premier film noir jamais réalisé par une femme. Fidèle à la ligne de The Filmakers, elle signe un film efficace, sans fioritures : l’économie de moyens et la sécheresse des dialogues sont portées à leur comble. Le Voyage de la peur, c’est le meilleur de la série B de cette époque.


VOYAGE DE LA PEUR (1953)
Malgré les apparences (aucun personnage féminin), les protagonistes du Voyage de la peur sont bien des personnages lupiniens : middle-class sans histoires, ce sont des hommes un peu perdus, victimes de la société et de ce qu’elle engendre. L’impuissance des otages est portée à son paroxysme lorsque le tueur psychopathe force l’un d’entre eux à revêtir ses vêtements pour tromper les autorités. L’otage devra hurler qu’il n’est pas Myers pour sauver sa peau. Ida Lupino insère de nombreux détails dans les dialogues et dans le récit, détails qui font tout le réalisme du film. Le détail pittoresque peut même devenir angoissant : le tueur a un œil mort qui ne se ferme jamais et qui ne laisse aucun répit aux otages, même quand le ravisseur semble dormir… Le cauchemar est sans fin.
L’ambiance noire est palpable. Dans ce huis clos en voiture en compagnie d’un dangereux psychopathe, les deux otages sont terrorisés. Claustrophobie et paranoïa s’installent. Nicholas Musuraca, chef opérateur de talent (collaborateur de Jacques Tourneur sur La Féline – Cat People, 1942, par exemple) signe une photo noir et blanc sublime, privilégiant le noir angoissant et les plans rapprochés inquiétants sur les visages des trois hommes.
Certains diront qu’Ida Lupino réalisa Le Voyage de la peur pour se prouver qu’elle pouvait faire un travail d’homme. Peut-être, car il est effectivement réalisé avec poigne. Mais il s’agit surtout d’un film noir direct et incisif, un road movie criminel cauchemardesque mené tambour battant par une réalisatrice farouchement indépendante.

Faits réels
L’histoire du tueur auto-stoppeur est une histoire vraie, celle du criminel Billy Cook. Ida Lupino s’est inspirée de cette histoire pour Le Voyage de la peur et a poussé son souci de réalisme jusqu’au bout en rencontrant plusieurs victimes ayant réussi à échapper aux mains du criminel. L’homme tua six personnes en vingt-deux jours, avant d’enlever deux hommes et de tenter de fuir vers le Mexique.

Blacklist
Daniel Mainwaring a travaillé sur le scénario du Voyage de la peur, mais n’est pas crédité au générique. En pleine chasse aux sorcières, l’homme est black-listé et ne peut officiellement travailler. Il est également le scénariste de La Griffe du passé de Jacques Tourneur (Out of the Past, 1947) ou encore de L’Invasion des profanateurs de sépulture (Invasion of the Body Snatchers, 1956) et Ça commence à Vera Cruz (The Big Steal, 1949) de Don Siegel.

«You’re the hitch-hiker, right?»
William Talman, l’interprète du psychopathe Emmett Myers, raconta qu’un jour, se retrouvant à un feu rouge de Los Angeles au volant de sa décapotable, il se fait héler par un autre conducteur : « Vous êtes l’auto-stoppeur, c’est bien ça ? ». L’acteur confirme, l’automobiliste descend de sa voiture et gifle magistralement Talman. Pour ce dernier, qui ne recevra jamais d’Oscar, cette mésaventure était ce qui se rapprochait le plus d’une récompense pour son travail d’acteur !

Le Voyage de la peur (The Hitch-Hiker )
États-Unis, 1953, 1h11, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Ida Lupino
Scénario : Collier Young, Ida Lupino, Robert L. Joseph, Daniel Mainwaring (non crédité)
Photo : Nicholas Musuraca
Musique : Leith Stevens 
Montage : Douglas Stewart  
Décors : Albert S. D’Agostino, Walter E. Keller 
Production : Collier Young, The Filmakers, RKO Radio Pictures
Interprètes : Edmond O’Brien (Collins), Frank Lovejoy (Bowen), William Talman (Emmett Myers), José Torvay (le capitaine Alvarado), Sam Hayes (Sam), Wendell Niles (Wendell, dans son propre rôle), Jean Del Val (l’inspecteur général), Clark Howat (l’agent du gouvernement), Natividad Vacío (José)

Sortie aux États-Unis : 30 mars 1953  
Sortie en France : 16 octobre 1953

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