Billetterie

Le Portrait de Dorian Gray

The Picture of Dorian Gray

de Albert Lewin , États-Unis , 1945

Londres, 1886. Lord Henry Wotton (George Sanders) rend visite au peintre Basil Hallward (Lowell Gilmore), alors que celui-ci réalise le portrait du jeune et très séduisant Dorian Gray (Hurd Hatfield). Devant ce portrait - et la statue d’un chat égyptien -, Dorian Gray fait le vœu de rester éternellement jeune. Lord Wotton, cynique dandy, se rapproche du jeune homme. Ce dernier est amoureux de Sibyl Vane (Angela Lansbury), une jeune chanteuse qu’il veut épouser. Mais sur les conseils de lord Wotton qui considère qu’elle vient d’un milieu inférieur, Gray la met à l’épreuve et lui écrit une lettre de rupture. Peu après, ayant mauvaise conscience, Gray se reprend et veut se réconcilier avec Sibyl, mais lord Wotton lui apprend qu’elle s’est empoisonnée. C’est alors que Dorian Gray remarque que son portrait a changé…

Albert Lewin était un cinéaste atypique dans l’univers hollywoodien des années 1940. Après des études à Harvard, il commence une carrière de  critique, puis part à Hollywood pour devenir lecteur pour Samuel Goldwyn. De fil en aiguille, il sera script-assistant, puis scénariste, producteur associé, assistant personnel, puis bras droit d’Irving Thalberg. C’est ainsi qu’à près de 50  ans, il se lance en 1942 dans la réalisation avec The Moon and Sixpence, puis trois ans plus tard, écrit et met en scène Le Portrait de Dorian Gray.


PORTRAIT-DE-DORIAN-GRAY(1945)
Ce film, parfaitement anti-hollywoodien, est l’une des plus belles adaptations de l’œuvre d’Oscar Wilde : le cœur pur interprété par Hurd Hatfield se laisse dévoyer par un dandy magnifique et pervers, magnifiquement campé par George Sanders, l’interprète de prédilection de Lewin. Il l’embarque dans une vie brisant tous les interdits, où tous les excès sont permis, où les nobles et les jeunes gens riches s’encanaillent dans les bas-fonds londoniens. Fidèle au roman, Albert Lewin réussit à reproduire l’atmosphère victorienne absolument étouffante et équivoque du roman. Tavernes enfumées, ruelles brumeuses – dans lesquelles on s’attend à croiser Jack l’éventreur… – : un raffinement pervers où les âmes fuient une morale rigoriste.
Le Portrait de Dorian Gray est un film très maîtrisé, riche en  symboles. Le noir et blanc stylisé (le Bien et le Mal, selon Lewin) est coupé de quelques plans en Technicolor, donnant étrangement vie au portrait de Gray. L’appartement est somptueusement restitué et, en son centre, perles du décor, l’escalier et la coupole.
Alors que le portrait révèle tous les vices et la laideur de l’âme de Gray, le film recèle une forte puissance poétique, un romantisme irréprochable. Il touche le lien secret et invisible qui unit les hommes aux œuvres d’art, si chères à Lewin, collectionneur passionné d’œuvres surréalistes. Touché par le fantastique, le film se fait surtout l’écho, à travers lord Wotton, du cynisme wildien. Et tant sur l’œuvre du grand auteur irlandais que sur le visage de Dorian, le temps qui passe n’a heureusement pas eu de prise sur Le Portrait de Dorian Gray.

Les portraits
Le portrait du jeune et beau Dorian Gray fut exécuté par Henrique Medina, et celui qui est caché dans la chambre par Ivan Le Lorraine Albright. Le tableau final est à présent dans les collections du Chicago Institute of Art.

Les marques d’un esthète
Comme le souligne Patrick Brion (Le Cinéma fantastique, La Martinière), « chaque détail, chaque geste, chaque objet et la composition de chaque plan portent la marque du goût et de la sensibilité d’Albert Lewin. »

Censurée
Alors qu’Albert Lewin est à la recherche de l’acteur qui pourrait interpréter le rôle de Dorian Gray (Robert Taylor, Gregory Peck et Montgomery Clift sont approchés), c’est Greta Garbo elle-même qui se propose pour le rôle. « C’était le seul rôle pour lequel elle accepterait de revenir au cinéma. » Mais malgré l’énergie déployée par Lewin, il n’arrivera pas à faire accepter l’actrice androgyne dans un rôle d’homme.

Oscar 1946
Le Portrait de Dorian Gray reçut l’Oscar de la meilleure photographie, signée Harry Stradling.

Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray )
États-Unis, 1945, 1h50, noir et blanc (et pour le portrait, Technicolor), format 1.37
Réalisation & scénario : Albert Lewin, d’après le roman Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde
Photo : Harry Stradling
Effets visuels : Mark Davis, A. Arnold Gillespie, Warren Newcombe  
Musique : Herbert Stothart, Angela Lansbury / Doreen Tryden (Good-Bye, Little Yellow Bird) 
Montage : Ferris Webster 
Décors : Cedric Gibbons, Hans Peters, Edwin B. Willis
Costumes : Valles, Irene, Marion Herwood Keyes
Production : Pandro S. Berman, Metro-Goldwyn-Mayer
Interprètes : George Sanders (lord Henry Wotton), Hurd Hatfield (Dorian Gray), Donna Reed (Gladys Hallward), Angela Lansbury (Sibyl Vane), Peter Lawford (David Stone), Lowell Gilmore (Basil Hallward), Richard Fraser (James Vane), Douglas Walton (Allen Campbell), Reginald Owen (lord George Farmour), Morton Lowry (Adrian Singleton), Miles Mander (sir Robert Bentley), Lydia Bilbrook (Mrs. Vane), Mary Forbes (Lady Agatha), Robert Greig (sir Thomas), Moyna MacGill (la duchesse), Billy Bevan (Malvolio Jones), Renie Carson (la jeune française), Lilian Bond (Kate)

Sortie aux États-Unis : 3 mars 1945
Sortie en France : 1er juin 1947

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