Dernier film de Coluche, Le Fou de guerre avait confirmé l’homme dans son talent d’acteur. Robert Benayoun le soulignait dans sa très bonne critique du film : « Risi, le satiriste au vitriol, a su détourner Coluche de l’anarchisme soixante-huitard quelque peu dépassé pour le propulser vers une conscience de gauche informulée : pour un virtuose de la formule contagieuse et un invectiveur aussi inspiré que Coluche, c’est dire le chemin parcouru, pour notre bénéfice. 1985 aura vu naître le Coluche d’après-Risi. » (Positif, n° 293/294, juillet-août 1985). Mais le destin en décida autrement quelques mois plus tard.
Portrait psychologique d’un despote infantile et dangereux, Le Fou de guerre est servi par deux médecins-psychiatres : un à la réalisation, un à l’histoire originale. Mais également par l’interprétation exceptionnelle de Coluche. Son personnage est un fantasque fanfaron, tyran schizophrène, agressif, mais aussi en proie à des chagrins d’enfant. Il a trois passions : le Duce, sa mère et Alida Valli. Et quelques lubies : saluer l’astre solaire tous les matins dans le plus simple appareil, voler des lunettes et faire l’amour avec des insectes. La guerre – sans les combats – lui permet d’épanouir sa folie et lui assure une réelle impunité. Folie d’un homme, folie de la guerre, folie du pouvoir.
Entre drame et comédie, Le Fou de guerre passe de l’ironie à la cruauté. C’est une œuvre curieuse, entre comédie de mœurs et film de guerre, où l’attente est un personnage à part entière, imposant aux hommes un malaise permanent. « Une armée attend en vain l’ennemi invisible, rongée par l’ennui, accablée par la beauté immobile du désert. Ici, de façon dérisoire, une ultime action d’éclat achève les jours du capitaine délirant. La caméra solide de Risi délaisse le trait épais pour la petite touche. Le vieux routier atteint à une vision du monde. Et le pamphlet attendu cède la place à une ballade désenchantée. Ni farce, ni tragédie, Le Fou de guerre est un film entre chien et loup. » (Jérôme Tonnerre, Cinématographe, n° 111, juin 1985)
Journal
Le Désert de Libye, dont a été adapté le film, a été publié en 1955. Il s’agit du journal, tenu pendant la guerre, du médecin-psychiatre Mario Tobino. Le personnage de Pilli est ainsi inspiré – peu ou prou – par ses rencontres.
Deuxième
Le Fou de guerre est la seconde collaboration entre Coluche et Dino Risi : en 1984, Le Bon Roi Dagobert réunit les deux hommes, mais la critique fut nettement moins bonne.
Age e Scarpelli
Plus connus sous le nom de "Age e Scarpelli", Agenore Incrocci et Furio Scarpelli ont écrit ensemble plus d’une centaine de scénarios. Étoiles du cinéma italien,
on leur doit par exemple Les Monstres de Dino Risi (I mostri, 1963), Les Camarades (I compagni, 1963) et Le Pigeon (I soliti ignoti, 1958) de Mario Monicelli, Nous nous sommes tant aimés (C’eravamo tanto amati, 1974) d’Ettore Scola…
Le Fou de guerre (Scemo di guerra )
Italie, France, 1985, 1h48, couleurs, format 1.85
Réalisation : Dino Risi
Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli, d’après le roman Le Désert de Libye de Mario Tobino
Photo : Giorgio Di Battista
Musique : Guido e Maurizio De Angelis
Montage : Alberto Gallitti, Arlette Langmann
Décors : Giuseppe Mangano
Costumes : Livia Del Priore, Silvio Laurenzi
Production : Pio Angeletti, Claude Berri, Adriano De Micheli, Dean Film, Films A2, Renn Productions
Interprètes : Coluche (Oscar Pilli), Beppe Grillo (Marcello Lupi), Bernard Blier (Belucci), Fabio Testi (Boda), Claudio Bisio (Pintus), Gianni Franco (Cerioni), Franco Diogene (Nitti), Sandro Ghiani (Puddu), Tiziana Altieri (Fatma), Geoffrey Copleston (le commandant allemand), Nicola Morelli (le colonel psychiatre), Alessandra Vazzoler (Lola)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1985
Sortie en France : 22 mai 1985
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