Après le succès des deux premiers épisodes, Leone a carte blanche pour Le Bon, la brute et le truand. Le cinéaste décide de faire appel aux deux étoiles conjointes de la comédie italienne, Age et Scarpelli. Mais peu satisfait du résultat (« il n’y avait que de la rigolade »), il reprend le scénario avec Vincenzoni. Avec parcimonie donc, Leone ajoute des éléments picaresques à sa mythologie de l’Ouest, grâce surtout au personnage de Tuco, hirsute et éructant Eli Wallach, nouveau venu dans la trilogie du Dollar.
Pour la première fois également, l’Histoire fait irruption dans le film. Leone, très marqué par la guerre, décide que Le Bon, la brute et le truand se déroulera avant les deux autres épisodes et que la chasse au trésor aura pour fond la guerre de Sécession. Cherchant à dénoncer sans fard la barbarie, Leone décide de préserver la réalité documentaire. Les puristes reconnaîtront que le cinéaste a su récréer la guerre de Sécession mieux que ne l’avait souvent fait Hollywood, utilisant exactement les armes en service à l’époque. Sergio Leone poursuivra ce travail sur l’Histoire avec sa trilogie Il était une fois…
Le film sort sur les écrans parisiens en mars 1968, sur six écrans et non pas les trois habituels. Un succès fulgurant s’ensuit, en France comme partout, et sont salués le brio, la verve, la démesure, et la virtuosité de l’ensemble. Un seul bémol : l’Italie, où le film fera moins d’entrées que Et pour quelques dollars de plus. Le film acquiert, au fil des années, le statut d’œuvre culte.
Une scène (parmi tant d’autres) reste mythique : le finale, “duel” à trois dans le cimetière, transcendé par la musique d’Ennio Morricone. Sergio Leone en explique la conception à Noel Simsolo (Conversations avec Sergio Leone, Cahiers du cinéma) : « Aujourd’hui, on étudie cette séquence dans les écoles de cinéma. Elle dure toute une bobine. Je m’étais appliqué à étirer le temps, à jouer sur la musique et à définir un découpage imparable : gros plan, plan moyen, plan d’ensemble. Je devais connaître le moindre détail avant de placer la caméra. Les trois premiers gros plans de chacun des acteurs nous ont pris toute une journée. […] Je voulais que les spectateurs aient l’impression d’assister à un ballet. »
Manteau contre poncho
À la fin du Bon, la brute et le truand, Blondie, incarné par Eastwood, troque son manteau pour un poncho qu’il trouve près d’un Sudiste agonisant. C’est ce poncho qu’il porte dans les aventures précédentes. « Il part dans le Sud pour vivre l’histoire de Pour une poignée de dollars. Et la boucle est bouclée. La trilogie fonctionne en cercle fermé. » (Conversations avec Sergio Leone, Noël Simsolo)
Référence
Plusieurs décennies après sa réalisation, le film demeure une référence pour certains cinéastes de la nouvelle génération. Ainsi, le Coréen Kim Jae-woon (né en 1964) a réalisé en 2008 The Good, the Bad, the Weird (Le Bon, la brute et le cinglé), qui doit beaucoup, titre, rythme, aventures picaresques, humour et violence, à son modèle.
Jouer en musique
Pour la première fois, Ennio Morricone compose la musique en amont du film. Leone choisit donc parfois de diffuser la musique sur le plateau au moment du tournage : « Cela donnait l’atmosphère de la scène. Le jeu des comédiens en était influencé. Clint Eastwood appréciait beaucoup cette méthode. » (Conversations avec Sergio Leone, Noël Simsolo)
Sans nom ?
La publicité américaine insista, à la sortie de The Good, the Bad and the Ugly, en décembre 1967, sur « le retour de l’Homme sans nom » (« The Man with No Name Returns! »). En réalité, dans les trois films de Leone auxquels il a participé, Clint Eastwood, bien que mutique, porte un nom : Joe dans Pour une poignée de dollars, le Manchot ou El Manco dans Et pour quelques dollars de plus, et Blondie dans Le Bon, la brute et le truand.
Le Bon, la brute et le truand (Il buono, il brutto, il cattivo / The Good, the Bad and the Ugly )
Italie, Espagne, Allemagne, 1966, 2h59, couleurs (Technicolor), format 2.35 Techniscope
Réalisation : Sergio Leone
Scénario : Age & Scarpelli, Luciano Vincenzoni, Sergio Leone, d’après une histoire de Luciano Vincenzoni et Sergio Leone
Photo : Tonino Delli Colli
Musique : Ennio Morricone
Montage : Eugenio Alabiso, Nino Baragli
Décors & costumes : Carlo Simi
Production : Alberto Grimaldi, Constantin Film Produktion, Produzioni Europee Associati, Arturo González Producciones Cinematográficas
Interprètes : Clint Eastwood (Blondie, le bon), Eli Wallach (Tuco, le truand), Lee Van Cleef (Sentenza, la brute), Aldo Giuffrè (le capitaine ivrogne), Luigi Pistilli (le père Pablo Ramirez), Rada Rassimova (Maria), Enzo Petito (le marchand d’armes), Claudio Scarchilli (un paysan mexicain), Sandro Scarchilli (un paysan mexicain), Benito Stefanelli (un membre du gang de Sentenza), John Bartha (le shérif), Livio Lorenzon (Baker), Antonio Casale (Jackson), Angelo Novi (le moine),
Al Mulloch (le chasseur de prime manchot), Sergio Mendizábal (le chasseur de prime blond), Mario Brega (le caporal Wallace)
Sortie en Italie : 23 décembre 1966
Sortie en République fédérale d’Allemagne : 15 décembre 1967
Sortie en Espagne : 7 août 1968
Sortie en France : 8 mars 1968
FILM RESTAURÉ
Cineteca di Bologna
Leone Film Group
Metro Goldwyn Mayer
Théâtre du Temple
Restauration menée par la Cineteca di Bologna, Leone Film Group et Metro Goldwyn Mayer au laboratoire L’Immagine Ritrovata. Remerciements à Alberto Grimaldi et CSC - Cineteca Nazionale.
Ressortie en salle prochainement, par Tamasa Distribution
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