La carrière de La Vie est belle a quelque chose du conte de Noël. À sa sortie aux États-Unis, le film est mal accueilli : considéré comme désuet et un peu naïf, il n’est plus dans l’air du temps de cette Amérique d’après-guerre. Mais des années plus tard, diffusé très régulièrement à la télévision au moment de la trêve des confiseurs, il se fait, peu à peu, une place, jusqu’à devenir un film culte pour le public américain qui y retrouve la base de son idéologie populaire.
En 1945, Frank Capra revient à Hollywood après avoir été démobilisé. La guerre l’a profondément touché, il en reste bouleversé. Entre 1942 et 1945, il a dirigé avec Anatole Litvak une série de documentaires de propagande à destination des soldats, commandée par le gouvernement américain : Pourquoi nous combattons (Why We Fight). Le cinéaste souhaite retrouver sa place dans l’industrie cinématographique et ses thèmes de prédilection. Il replonge dans ce qu’il connaît le mieux, l’American Way of Life : les familles modestes, l’accession à la propriété, la solidarité des petites villes, un idéal de vie, la poursuite du bonheur…
La Vie est belle est du “pur Capra”, mélange de réalisme social, de merveilleux, de comédie et de drame, dans un équilibre parfait entre rires et larmes. Plongé dans de vrais conflits et un sincère désespoir, le personnage de George Bailey est merveilleusement servi par un James Stewart magistral, revenant, comme Capra, de la guerre. George Bailey sera un de ses rôles préférés.
Dans Hollywood Story, son autobiographie, Frank Capra explicite ses intentions : « C’était un film qui disait à ceux qui avaient perdu le goût de vivre, à ceux qui avaient perdu le courage, à ceux qui avaient perdu leurs illusions, au pochard, au drogué, à la prostituée, à ceux qui étaient derrière des barreaux de prison et à ceux qui étaient derrière des rideaux de fer qu’aucun homme n’est un raté ! » C’est le retour à l’humanisme pur du Capra des années 1930, servi par une exceptionnelle construction dramatique.
Aucunement atteint par la critique plutôt tiède de l’époque, Capra voit en La Vie est belle le meilleur film qu’il ait réalisé : « C’était mon genre de film, et il était destiné à mon genre de public ; j’avais rêvé de le faire depuis ce jour où j’avais regardé pour la première fois dans le viseur d’une caméra, dans ce gymnase juif de San Francisco. »
Des plumes de talent
Pour l’aider au scénario, Frank Capra fait appel à plusieurs écrivains qui donneront autant de versions du script. Parmi eux : Dalton Trumbo, Marc Connelly, Clifford Odets…
Liberty Films
De retour à Hollywood, Frank Capra souhaite se libérer des contraintes des grands studios. Un temps, il pense à l’exil, mais finit par monter sa nouvelle société de production. En association avec George Stevens, William Wyler et Sam Briskin, il créé Liberty Films, dont La Vie est belle sera la toute première production.
Brave type
Frank Capra ne voit qu’un seul acteur pour endosser le rôle de George, « le rôle du brave type qui ne sait pas qu’il est un brave type ». Pour lui, il s’agit du rôle le plus difficile à interpréter pour un comédien. Il ne peut donc le confier qu’à James Stewart. L’acteur vient lui aussi d’être démobilisé : parti simple soldat, il a gravi les échelons pour devenir colonel commandant une escadrille de bombardiers.
Des décors gigantesques
La ville de Bedford Falls a entièrement été construite dans les studios de RKO à Encino en Californie. Sur plus de 16 000 m², rue principale, maisons, boutiques, usine, furent construits en quelques semaines. Le décor de La Vie est belle reste un des décors de cinéma les plus grands jamais construit.
La Vie est belle (It’s a Wonderful Life )
États-Unis, 1946, 2h10, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Frank Capra
Scénario : Frances Goodrich, Albert Hackett, Frank Capra, Jo Swerling, d’après la nouvelle The Greatest Gift de Philip Van Doren Stern
Photo : Joseph F. Biroc, Joseph Walker
Musique : Dimitri Tiomkin
Montage : William Hornbeck
Décors : Emile Kury
Costumes : Edward Stevenson
Production : Frank Capra, Liberty Films
Interprètes : James Stewart (George Bailey), Donna Reed (Mary Hatch), Henry Travers (Clarence), Lionel Barrymore (M. Potter), Thomas Mitchell (Oncle Billy), Beulah Bondi (Mme Bailey), Frank Faylen (Ernie), Ward Bond (Bert), Gloria Grahame (Violet Bick), H. B. Warner (M. Gower), Frank Albertson (Sam Wainwright), Todd Karns (Harry Bailey), Samuel S. Hinds (M. Bailey), Jimmy Hawkins (Tommy Bailey), Karolyn Grimes (Zuzu Bailey), Larry Simms (Pete Bailey), Carol Coombs (Janie Bailey)
Sortie aux États-Unis : 7 janvier 1947
Sortie en France : 28 juillet 1948
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