Billetterie

La Ruée

American Madness

de Frank Capra , États-Unis , 1932

Thomas Dickson (Walter Huston) est directeur d’une petite banque. Généreux, il permet aux plus petits d’emprunter avec pour seule garantie leur bonne foi et leur « force de caractère ». Un de ses employés, Cluett (Gavin Gordon), a contracté une grosse dette de jeu auprès de gangsters. Acculé, il devient leur complice et les aide à accéder au coffre. Pour s’assurer un alibi valable, il passe la soirée avec l’épouse de Dickson (Kay Johnson), que ce dernier délaisse. Au matin, le vol est découvert et la rumeur de faillite va grandissant. Bientôt, les clients se ruent vers la banque pour récupérer leur argent, mais les fonds viennent à manquer…

En 1932, trois ans après le krach, l’Amérique est en pleine crise et Hollywood n’est pas épargné. Les petites maisons de production mettent la clef sous la porte et de nombreux employés sont licenciés. Frank Capra, qui jusque-là n’a réalisé que des films de fiction pure, s’interroge. Dans son autobiographie Hollywood Story (Stock) : « Y avait-il moyen pour Hollywood de tirer parti de la Dépression ? Mais bien sûr, en exploitant à fond le côté mélo : la richesse contre les “idéaux”, les gros pleins de fric contre les petites gens. »


LA RUEE
La Ruée est un des plus méconnus de ses premiers films, mais il manifeste le début de la Capra’s touch. Par ses thèmes, ses personnages et les situations qu’ils affrontent, il annonce les futurs Monsieur Smith au Sénat, Grande dame d’un jour, L’Homme de la rue… Dickson est un véritable personnage de Capra : c’est un homme généreux, qui a une grande confiance en l’espèce humaine. Mais à cause de sa vision humaniste de l’économie bancaire, il se met à dos son conseil d’administration, qui cherche à le débarquer. Le cambriolage, puis la ruée des clients, ne font qu’empirer les choses… C’est grâce à la solidarité et à l’aide de sa dévouée assistante et de son caissier Matt (un repris de justice à qui il a accordé sa confiance) que Dickson et la banque seront sauvés de la faillite : les deux employés réussissent à remuer ciel et terre pour que les clients de la banque reviennent y déposer leurs liquidités. Les gros investisseurs ne tarderont pas à faire de même. Dans un savant mélange de christianisme, de populisme et de réalisme, Frank Capra décrit un monde où, grâce à l’entraide, David peut battre Goliath, le fondement de son œuvre à venir.
Avec La Ruée, Frank Capra modifie sa mise en scène. Il accélère le rythme en faisant jouer ses acteurs plus rapidement et en rendant son montage plus tendu (suppression des fondus enchaînés et multiplication des volets). Les scènes de rumeur et de foule sont impressionnantes de maîtrise et de réalisme, ainsi que l’incroyable ballet de clients qui retirent ou déposent leur argent, entre angoisse et confiance. Lors de sa sortie, le film sera qualifié d’idéaliste, voire naïf. Des années plus tard, dans Hollywood Story, Frank Capra répondra à ses détracteurs : « Eh bien, je suis un “idéaliste”. Je fais partie de ceux pour qui tout ce qu’ils voient est plus grand que nature, y compris la vie elle-même. Qu’y a-t-il de plus étonnant que la vie ? »

Réaliste !
La scène de la ruée vers la banque était si réaliste et convaincante que certains spectateurs se sont rués pour retirer leur argent en sortant de la séance.

Pionnier
La Ruée est l’un des premiers films hollywoodiens à aborder le thème de la Dépression. Viendront ensuite de nombreux films sur ce thème dont Wild Boys of the Road (William A. Wellman, 1933), Les Temps modernes de Charles Chaplin (Modern Times, 1936), Les Raisins de la colère de John Ford (The Grapes of Wrath, 1940), On achève bien les chevaux de Sydney Pollack (They Shoot Horses, Don’t They?, 1969)…

Riskin
Robert Riskin sera pendant de très longues années le fidèle scénariste de Frank Capra. Ensemble, ils signeront bon nombre des succès du cinéaste comme Grande dame d’un jour, New York–Miami, L’Extravagant Mr. Deeds, Vous ne l’emporterez pas avec vous, L’Homme de la rue… Un collaborateur de talent qui aura aidé le cinéaste à développer son identité artistique.

La Ruée (American Madness )
États-Unis, 1932, 1h19, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Frank Capra
Assistant réalisation : Charles C. Coleman
Scénario : Robert Riskin
Photo : Joseph Walker
Montage : Maurice Wright
Décors : Stephen Goosson
Production : Harry Cohn, Frank Capra, Columbia Pictures
Interprètes : Walter Huston (Thomas Dickson), Pat O’Brien (Matt Brown), Kay Johnson (Mme Dickson), Constance Cummings (Helen), Gavin Gordon (Cluett), Arthur Hoyt (Ives), Robert Emmett O’Connor (l’inspecteur), Sterling Holloway (Oscar), Robert Ellis (Dude Finlay), Walter Walker (Schultz), Berton Churchill  (O’Brien), Edward Martindel (Ames), Edwin Maxwell (Clark), Anderson Lawler (Charlie)

Sortie aux États-Unis : 15 août 1932  
Sortie en France : 15 décembre 1933

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