Billetterie

La Grande Muraille

The Bitter Tea of General Yen

de Frank Capra , États-Unis , 1933

Alors que le pays est ravagé par la guerre civile, Megan Davis (Barbara Stanwyck) arrive à Shanghai pour épouser le docteur Robert Strike (Gavin Gordon), un missionnaire américain. Tirant profit d’un malaise de Megan au sein d’une bousculade, le général Yen (Nils Asther) – qui avait déjà remarqué la jeune femme lors d’un accident de la circulation – la fait enlever et conduire dans son somptueux palais. Megan, désemparée, oscille entre répugnance et attirance pour son ravisseur.

« De l’Art avec un grand A. » Voilà ce qu’était La Grande Muraille pour Frank Capra. Profitant du succès d’un courant asiatique (Shanghai Express de Josef von Sternberg, 1941, Le Masque d’or / The Mask of Fu Manchu de Charles Brabin, 1932), Frank Capra s’offre une parenthèse exotique dans son œuvre réaliste. Le cinéaste développe ses recherches plastiques pour ce film extrêmement riche et travaillé. Les décors de Stephen Goosson sont somptueux, véritable symbiose entre Orient et Occident. Le chef opérateur Joseph Walker, quant à lui, instaure une ambiance sternbergienne, grâce à de sublimes contre-jours et à une photo quasi mystique dans certaines scènes. Mais fidèle à son travail, Capra signe également des moments très réalistes, dont les scènes de foules et de guerre civile, très proches des actualités filmées.


GRANDE MURAILLE
Dans une veine proche de celle d’Amour défendu, Capra se montre sévère face au rigorisme occidental. Tout sépare Megan et le général Yen : elle, vive et enjouée mais issue d’une vieille famille prude ; lui, libertin, raffiné, cruel et romantique. Face à cette passion à laquelle son éducation ne l’a pas préparée, Megan est tiraillée entre puritanisme et sensualité naissante. Barbara Stanwyck interprète brillamment ce déchirant combat intérieur. Mais cet amour est impossible et c’est Yen, seigneur de la guerre, qui se sacrifie pour Megan (à l’inverse de Lulu dans Amour défendu), la rendant au monde plus mûre et plus forte. Les rapports inter-culturels sont décrits avec une audace très rare, faisant de La Grande Muraille un film moderne et novateur.
Incompris par le public et la critique, le film est un semi-échec : trop esthète pour les États-Unis, et trop audacieux pour l’Empire britannique... Son thème d’amour mixte le fera censurer et c’est une version coupée qui sera exploitée au Royaume-Uni et dans le Commonwealth. Le film est un des rares de l’auteur à avoir perdu de l’argent. Il n’en reste pas moins que son propos est d’une grande modernité (pour Capra, il avait trente ans d’avance), et qu’esthétiquement, c’est une brillante réussite. La Grande Muraille était d’ailleurs l’un des films préférés du cinéaste et de son actrice. « Pour Capra comme pour Stanwyck, ce film énigmatique reste une œuvre à part, un joyau d’exception dont un demi-siècle n’a pas terni l’éclat. » (Christian Viviani et Yann Tobin, Positif, n° 317 /318, juillet-août 1987)

Avant-première
C’est La Grande Muraille qui est choisi pour l’inauguration en janvier 1933 du Radio Music City Hall de New York, salle mythique installée au sein du Rockefeller Center.

Un chinois suédois
Frank Capra cherchait un acteur asiatique pour incarner le général Yen. Il le souhaitait grand et avec une forte prestance, et refusait que ce soit un acteur occidental fardé et déguisé. Mais il ne trouvait pas sa perle rare. Il choisit donc Nils Asther, acteur suédois, qui eut son heure de gloire du temps du muet. Pour se rendre "plus oriental", l’acteur porta de fausses paupières plus lisses et se fit couper les cils. Moins protégé des lumières et spots, il subira de graves brulures oculaires et sera suivi quotidiennement par des médecins pendant toute la durée du tournage.

La Grande Muraille (The Bitter Tea of General Yen )
États-Unis, 1933, 1h28, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Frank Capra
Assistant réalisation : Charles C. Coleman
Scénario : Edward Paramore, d’après le roman The Bitter Tea of General Yen de Grace Zaring Stone
Photo : Joseph Walker  
Musique : W. Frank Harling
Montage : Edward Curtiss
Décors : Stephen Goosson
Costumes   : Edward Stevenson
Production : Frank Capra, Walter Wanger, Columbia Pictures
Interprètes : Barbara Stanwyck (Megan Davis), Nils Asther (le général Yen), Walter Connolly (Jones), Toshia Mori (Mah-Li), Gavin Gordon (Bob Strike), Lucien Littlefield (Jackson), Richard Loo (le capitaine Li), Helen Jerome Eddy (Miss Reed), Emmett Corrigan (Monseigneur Harkness)

Sortie aux États-Unis : 6 janvier 1933 
Sortie en France : 12 janvier 1934

FILM RESTAURÉ
Sony Pictures Entertainment
Park Circus

Ressortie en salle début 2015, par Park Circus

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