La Femme de mon pote

Après le succès de comédies comme Banzaï de Claude Zidi (1983), Coluche, clown récemment engagé en politique, amorce un virage dans sa carrière cinématographique. Complètement réalisé avec Tchao pantin quelques mois plus tard, il est amorcé ici avec La Femme de mon pote. Un comique se transforme en comédien.

Fort de ses réussites successives (Les Valseuses en 1974, Préparez vos mouchoirs en 1978, Buffet froid en 1979…), Bertrand Blier écrit La Femme de mon pote pour Coluche. L’acteur qui avait failli jouer dans Les Valseuses a toujours très envie de tourner avec Blier. Le cinéaste s’inspire – peu ou prou – de faits réels, Coluche vivant depuis quelques temps avec l’ex-compagne de son ami Patrick Dewaere. Initialement, le casting était d’ailleurs composé du trio Dewaere / Miou-Miou /Coluche. Suite à la mort de Dewaere et au désistement de Miou-Miou, c’est Thierry Lhermitte et Isabelle Huppert qui assurent la relève.
Bertrand Blier reprend ce qui fait son style : triangle amoureux, dialogues ciselés, humour désabusé, amitié virile… Fidèle à sa réputation de misogyne, Blier fait d’Isabelle Huppert une garce que l’actrice joue avec une jubilation non dissimulée. Coluche, tout en émotion retenue, est un Micky sensible, fidèle en amitié et peu sûr de lui. Au départ vaudeville, La Femme de mon pote dérive doucement vers la comédie douce-amère, et le bouffon clownesque devient un bouffon émouvant, apportant au film sa part d’humanité.
En réunissant Coluche, Thierry Lhermitte et Isabelle Huppert, le cinéaste s’assurait de bons résultats au box-office. Avec plus d’1,5 million d’entrées, ce sera le cas. Mais la critique sera peu enthousiaste. Il faudra attendre quelques semaines, et l’arrivée de Tchao pantin sur les écrans, pour que le jeu sensible et dramatique de Coluche fasse l’unanimité.

Coluche et Blier
Coluche devait interpréter le rôle de Pierrot dans Les Valseuses, qui  finalement sera joué par Patrick Dewaere. La Femme de mon pote sera la seule collaboration entre acteur et cinéaste.

Pas tendre
À la sortie du film, la critique de Jean-Pierre Jeancolas dans Positif (n° 273, novembre 1983) était expéditive : « Dans le genre, les pubs de l’aéroport de Paris ont deux avantages : elles sont mieux photographiées, et elles sont beaucoup plus courtes. » Heureusement, le temps a fait son œuvre…