Billetterie

L’Arme à gauche

de Claude Sautet , France, Italie, Espagne , 1965

Jacques Cournot (Lino Ventura), navigateur français vivant aux Caraïbes, est engagé par Hendrix (Alberto de Mendoza), un éventuel acheteur, afin de visiter et estimer un yacht, le Dragoon. Quelques jours plus tard, le yacht, ainsi que son potentiel acquéreur, ont disparu et Cournot est immédiatement soupçonné. Rae Osborne (Sylva Koscina), la propriétaire du Dragoon, riche veuve américaine, innocente Cournot et lui demande de l’aider à retrouver son bateau. Après de longues recherches, ils retrouvent le Dragoon, échoué sur un banc de sable, à première vue, abandonné…

Claude Sautet aura attendu cinq ans après Classe tous risques, angoissé par l’énergie et le temps exigés par la mise en scène. Mais « l’angoisse de ne pas tourner a été la plus forte », et c’est avec un film d’aventures à la française qu’il réapparaît. Cette adaptation du roman de Charles Williams lui permet de rendre hommage au cinéma américain qu’il affectionne : Hawks, Walsh et bien d’autres.


ARME A GAUCHE 1964
Claude Sautet allie, dans L’Arme à gauche, sens de l’action et conflit psychologique, « un souci de l’action qui ne renie pas l’intelligence » selon N.T. Binh (Sautet par Sautet, N.T Binh et Dominique Rabourdin, éd. de La Martinière).
Le cinéaste fait de nouveau appel à Lino Ventura, impeccable dans son rôle de marin taiseux, dans la veine bogartienne, à qui il oppose l’éternel second rôle aux muscles bandés, Leo Gordon. Une confrontation très forte entre ces deux personnages, également opposition entre le bien et le mal. À ce duo, Claude Sautet ajoute le personnage féminin de Rae Osborne, incarnée par Sylva Koscina, actrice italienne d’origine yougoslave. Le cinéaste avait choisit Lea Massari, mais à la suite d’un malentendu, c’est Sylva Koscina (et sa coupe sixties indestructible, même en pleine mer) qui débarque sur la plage. Il s’en accommodera et retrouvera Lea Massari dans Les Choses de la vie.
Dans ce huis clos marin, la mise en scène est sobre, l’interprétation sans faute, le duo Ventura-Gordon est physique, les regards, gestes, actes prenant le pas sur les dialogues.
Malgré un relatif échec commercial qui fera dire à Sautet qu’il abandonne le cinéma, L’Arme à gauche  bénéficie de la critique enthousiaste de Jean-Louis Bory : « Les Grecs portaient le siège des émotions fortes dans le diaphragme. Les Américains dans les “guts”. L’exactitude, liée à la bienséance, me propose “tripes” comme traduction. Le bon sens craint la tripe ; le bon goût l’ignore ; l’esprit parisien s’en amuse. Avec le film de Sautet, voilà enfin du cinéma français avec “guts”. » (Arts, 28 juin 1965)
Ce thriller qui n’a pas pris une ride concilie à merveille l’efficacité des films de genre américains et la sobriété de l’esprit français.

Charles Williams
Ancien de la marine marchande, Charles Williams  (1909-1975) est l’auteur d’une vingtaine de romans policiers, publiés pour la plupart en France dans la Série Noire de Gallimard. Ses romans seront souvent adaptés au cinéma, en 1963 par Marcel Ophuls avec Peau de banane, en 1983 par François Truffaut avec Vivement dimanche !, ou encore en 1990 par Dennis Hopper avec The Hot Spot. Williams collaborera parfois lui-même à l’adaptation, comme ici avec Claude Sautet, ainsi qu’avec René Clément pour Les Félins en 1964.

Tournage en mer
Le tournage se déroule dans le sud de l’Espagne. Sur le papier, tout devait bien se dérouler : un bateau échoué, donc immobile, une équipe franco-espagnole, le chef-op de Classe tous risques… Mais dans la pratique, rien ne se passe comme prévu : le chef-op est remplacé car très malade, des tensions naissent entre les équipes, des accidents surviennent, et l’immobilité en pleine mer reste un vœu pieux ! Les retards s’accumulent et Claude Sautet sortira de ce tournage très éprouvé.

Cinéaste cinéphile
C’est en assistant à des projections des films de Walsh, Siegel, Hawks ou encore Corman à la Cinémathèque française que Claude Sautet repère le visage de Leo Gordon. Une fois le projet de L’Arme à gauche enclenché, Claude Sautet télégraphie à Gordon sa proposition pour le rôle de Morrison.

L’Arme à gauche
France, Italie, Espagne, 1965, 1h43, noir et blanc, format
Réalisation : Claude Sautet  
Assistant réalisation : Yves Boisset  
Scénario : Claude Sautet, Charles Williams, Fouli Elia, Michel Lévine, d’après le roman Ont-ils des jambes ? (Aground) de Charles Williams
Photo : Walter Wottitz
Musique : Eddie Barclay, Michel Colombier
Montage : Jacqueline Thiédot
Décors : René Renoux , Adolfo Cofiño
Production : Jeau-Paul Guibert, Intermondia Films, T. C . Productions, Cité Films, Ágata Films, Vides-Cinematografica 
Interprètes : Lino Ventura (Jacques Cournot), Sylva Koscina (Rae Osborne), Leo Gordon (Morrison), Alberto de Mendoza (Hendrix), Antonio Martín (Ruiz), Jean-Claude Bercq (Avery), Jack Leonard (Keefer), Antonio Casas (le lieutenant Celaya), Ángel del Pozo, José Jaspe

Sortie en France : 18 juin 1965

FILM RESTAURÉ
SNC


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