Billetterie

Bonnie and Clyde

de Arthur Penn , États-Unis , 1967

Bonnie Parker (Faye Dunaway) fait la connaissance de Clyde Barrow (Warren Beatty) au moment où il s’apprête à voler la voiture de sa mère. Après l’avoir réprimandé, elle déambule avec lui dans les rues de la ville. Intriguée par ce jeune aventurier qui se vante d’avoir séjourné dans un centre de redressement, conquise par le hold-up qu’il commet dans une épicerie pour la séduire, elle décide de quitter son emploi de serveuse et de le suivre dans ses aventures. C’est le début d’une succession de braquages de banques qui vont secouer l’Amérique des années 1930 et de la Grande Dépression.

L’histoire du film Bonnie and Clyde est celle des œuvres, apparues dans un moment rare d’exacte adéquation entre leur forme et les aspirations d’une génération, qui ont su parfaitement cristalliser l’esprit d’une époque. Dès sa sortie, le film se situe en effet au cœur d’un gigantesque champ de forces : celles qui l’ont influencées, celles qu’il réfléchit magnifiquement, et celles qu’il suscitera durablement. Quand, à la fin de l’année 1967, le magazine Time consacre sa couverture à Bonnie and Clyde, le film a déjà acquis le statut de phénomène de société, influençant de manière significative la mode vestimentaire des jeunes d’Amérique et d’Europe.


BONNIE AND CLYDE (1962)

Cinéaste de l’instinct, admirateur de la Nouvelle Vague (tout comme les deux scénaristes du film, qui avaient à l’origine écrit le script pour Truffaut !), Arthur Penn se révèle, avec ce coup de maître, en véritable catalyseur des forces à l’origine du Nouvel Hollywood, qui en reprendra le ton crépusculaire et désabusé, le montage heurté, et le style de narration à la fois âpre, lyrique et résolument moderne. Par ses innovations formelles (ellipses, raccourcis, utilisation de ralentis), la liberté du ton et la représentation inédite qu’il donne de la sexualité et de la violence, le film touche net une note hypersensible chez la jeunesse d’alors, qui se reconnaît en ces hors-la-loi devenus héros populaires dans l’Amérique de la Dépression. Le film est pourtant violemment critiqué pour la séduction qu’exercent ses personnages ambigus et amoraux, dont les doutes et l’humour risquent d’emporter l’adhésion du spectateur, avant que la critique ne se ravise devant le succès du film (dix nominations aux Oscars de 1968, deux récompenses, dont celle de la meilleure photographie). Dans une société travaillée par la question de la violence, il faut toute la dextérité d’Arthur Penn, maniant à merveille les ruptures de ton entre burlesque et drame, pour jeter un regard sans complaisance sur le vertige de la mort et construire des personnages complexes (qualité qu’il enviait aux cinéastes de la Nouvelle Vague). Personnages inoubliablement interprétés par Warren Beatty et Faye Dunaway, révélée par Elia Kazan au théâtre et qui la conseilla à Arthur Penn pour le rôle de Bonnie.

La crise du beret
L’influence du duo Barrow-Parker sur la mode vestimentaire fut telle qu’elle contribua,  dans les années 1960, à porter secours à une industrie en perdition : celle du béret, qui faisait autrefois vivre dans les Basses-Pyrénées nombre d’entreprises florissantes. En 1967, la production était de 200 bérets par jour. On dit qu’après la sortie du film en France, en 1968, il en sortait… 8 000 par jour !

La modernité et la violence
« Ce que je voulais dire dans Mickey One par exemple, c’est que nous vivons dans une époque de violence – nous passons une sorte de contrat avec la violence pendant notre propre vie. Nous sommes dans une ère de violence. Et je dois préciser que je n’entends pas "violence" dans son seul sens péjoratif, dans ses seuls aspects négatifs. Prendre l’avion et être à Montréal en une heure, c’est une expérience violente, c’est une agression des sens. C’est une agression des sens que de prendre une auto et de conduire : c’est une agression des sens que de faire presque tout ce que nous faisons. C’est le caractère du monde moderne ». (Arthur Penn, Positif,  n° 89, novembre 1967, dans une transcription de la conférence de presse d’Arthur Penn au Festival des Films du Monde de Montréal en 1967)

Les méfaits de la Ford V8
« En ce temps-là, il n’y avait pas de force de police fédérale,  mais seulement des polices d’État. Quand Ford a fabriqué la V8, qui était assez puissante pour distancer toutes les automobiles des polices locales, les gangs ont commencé à se développer. Et ce fut là en fait l’origine du gang de Bonnie et Clyde. Ils vivaient dans leurs voitures – il n’était pas exceptionnel qu’ils parcourent sept ou huit cent kilomètres en une nuit, dans une de ces anciennes voitures. Ils y passaient littéralement leur vie.
C’était vraiment leur lieu d’habitation. Bonnie écrivait ses poèmes en voiture, ils mangeaient des biscuits au gingembre en voiture, ils jouaient aux échecs en voiture : c’était leur maison.
Dans la mythologie de l’Ouest américain, l’auto remplaçait le cheval comme symbole du hors-la-loi. Telle fut la transformation de l’homme de l’Ouest en gangster. »
(Arthur Penn, Positif, n° 89, novembre 1967)

Bonnie and Clyde
États-Unis, 1967, 1h51, couleurs (Technicolor), format 1.78
Réalisation : Arthur Penn  
Scénario : David Newman, Robert Benton
Photo : Burnett Guffey
Musique : Charles Strouse
Montage : Dede Allen 
Décors : Dean Tavoularis
Costumes : Theadora Van Runkle
Production : Warren Beatty,  Warner Bros.-Seven Arts, Tatira-Hiller Productions
Interprètes : Warren Beatty (Clyde Barrow), Faye Dunaway (Bonnie Parker), Michael J. Pollard (C.W. Moss), Gene Hackman (Buck Barrow), Estelle Parsons (Blanche), Denver Pyle (Frank Hamer), Dub Taylor (Ivan Moss), Evans Evans (Velma Davis), Gene Wilder (Eugene Grizzard), Mabel Cavitt (Mme Parker)

Sortie aux États-Unis : 13 août 1967
Sortie en France : 24 janvier 1968

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