Billetterie

Au grand balcon

de Henri Decoin , France , 1949

Toulouse, dans les années 1920. Au grand balcon est la pension de famille d’Adeline et Françoise. Elles accueillent des fonctionnaires, des retraités, de petits rentiers… Bousculant la routine, la pension devient le quartier général de jeunes pilotes intrépides, travaillant sous les ordres de Carbot (Pierre Fresnay), un homme strict et dur, avec qui le pilote Jean Fabien (Georges Marchal) se heurte constamment. Cette équipe travaille d’arrache-pied au développement des liaisons aéropostales.

Ancien pilote pendant la Première Guerre mondiale, Henri Decoin a, selon ses propres mots, « réalisé Au grand balcon avec une espèce de jeunesse retrouvée ». Entouré de “gars du bâtiment”, il n’en sera que plus serein : aux côtés de Marcel Rivet au scénario, le grand reporter Joseph Kessel, ami et biographe de Jean Mermoz et auteur de L'Équipage, et à la production, Raymond Borderie, ancien radio dans la section militaire de Decoin.


AU GRAND BALCON
Derrière les personnages de Carbot et de Fabien, c’est bien le souvenir des aventures de Didier Daurat, le directeur des Lignes aériennes Latécoère, et des pilotes Guillaumet, Mermoz et Saint-Exupéry qui est convoqué... Au grand balcon conte l’histoire d’une poignée d’hommes qui, au lendemain de la guerre, a encore soif d’aventures. Carbot, veut développer les liaisons aériennes civiles et postales, repoussant les limites humaines et techniques. Il est un patron flegmatique et monosyllabique (brillamment campé par Pierre Fresnay), un génie de l’organisation qui envoie à la mort des hommes qui ne savent pas lui dire non. À son service, des as, des pilotes chevronnés et intrépides, parmi lesquels l’impétueux Fabien, pilote à la flamme sacrée et au caractère bien trempé. Au grand balcon est une belle histoire d’hommes (bien que, discrètement, quelques personnages féminins interviennent…), de ces pionniers en lutte contre les éléments et leurs machines, dont la foi en leur mission permettra le développement de la ligne de Toulouse à Casablanca, puis Dakar, Natal et la cordillère des Andes. Car le personnage principal est bien la ligne, cette « amante exigeante et capricieuse » comme le soulignait Jean Nery (L’Écran français, 28 novembre 1949).
La mise en scène d’Henri Decoin est soignée et sincère, servant un scénario construit de manière linéaire afin de saisir au mieux ces héros dans leur intimité, entre les expéditions et leur quotidien plein d’entrain, de jeunesse et de turbulence, au sein de la pension. Henri Decoin défendra ce parti pris dans le magazine Cinémonde (n° 787, 5 septembre 1949), résumant ce que le film représente pour lui : « Une histoire d’hommes que j’ai voulu traiter simplement, humainement, sans effets grandiloquents. Je crois que la vraie mise en scène est celle qui ne se voit pas. Je crois aussi que la technique n’a pas d’âme. […] Ces hommes-là, je les ai connus, il y a une trentaine d’années, quand moi aussi j’étais un commencement d’homme, et que comme eux je sentais l’huile de ricin… Je n’ai pas voulu les trahir. Je les ai campés à la bonne franquette, tels qu’ils étaient, avec leur âme toute neuve, leur cœur gros comme ça et leur courage qui n’avait que vingt ans. »

À la recherche des personnages principaux
C’est six mois avant le début du tournage que les premières recherches d’avions commencent. Beaucoup furent pilonnés pendant la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation. Après des recherches faites dans les aéroclubs et des annonces passées dans les journaux, un vieux Caudron en parfait état est découvert, ainsi que deux Morane qui serviront pour le décor. Quant à la pièce maîtresse, un Bréguet 14, il sera prêté – après moult péripéties administratives – par le musée de l’Air. C’est Louis Bréguet lui-même qui le remettra en état de marche. Il sera démonté, puis mis en caisse et expédié pour la suite du tournage au Maroc. Puis enfin exposé devant le cinéma Marignan pour la première du film, avant de retrouver le calme du musée de l’Air.

La véritable pension
Ce sont les trois sœurs Marqués qui tenaient la véritable pension "Au grand balcon", place du Capitole à Toulouse, dans les années 1920. Bercé dans le quotidien de l’Aéropostale, leur propre neveu s’est engagé dans l’aventure pour, comme bien d’autres, ne pas en revenir. La pension est depuis devenue hôtel, mais a gardé son nom et fait la part belle à cette histoire et au film d’Henri Decoin.

La solitude du Cap-Juby
Joseph Kessel fit, en tant que passager, beaucoup de voyages sur ces nouvelles lignes. Il découvrit les escales d’Espagne, du Maroc, du désert…
Il rapporta de celle du Cap-Juby l’histoire d’un mécano tellement seul qu’il dressa un singe pour s’enivrer avec lui…


Au grand balcon
France, 1949, 1h43, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Henri Decoin
Assistant réalisation : Bernard Borderie
Scénario : Joseph Kessel, Marcel Rivet  
Photo : Nicolas Hayer
Musique : Joseph Kosma 
Montage : Annick Millet  
Décors : René Renoux
Production : Raymond Borderie, C.I.C.C. - Compagnie Industrielle et Commerciale Cinématographique, S.I.B.I.S. 
Interprètes : Pierre Fresnay (Carbot), Georges Marchal (Fabien), Félix Oudart (Garandoux), Janine Crispin (Mlle Maryse), Germaine Michel (Mlle Adeline), Jean Vinci (Faivret), Abel Jacquin (Darboin), André Bervil (Triolet), Jacques Tarride (Macherel), Robert Arnoux (Vuillemin), Suzanne Dehelly (Mlle Françoise), Clément Thierry (Didier), Paul Azaïs (Morel), Nina Myral (Mme Viard), André Darnay (Armezac), Pierre Cressoy (Charlier), Jean Gaven (Bellefort), Jean-Pierre Mocky (non crédité)

Présentation au Festival de Cannes : 6 septembre 1949 
Sortie en France : 30 novembre 1949

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