Billetterie

Apocalypse Now Redux

de Francis Ford Coppola , États-Unis , 1979-2001

Saïgon, pendant la guerre du Viêt-nam. Le capitaine Willard (Martin Sheen) se voit confier une mission par l’état-major américain : retrouver et éliminer le colonel Kurtz (Marlon Brando). À des centaines de kilomètres de là, Kurtz échappe à tout contrôle, et régnant sur un groupe d’indigènes, mène des opérations sanguinaires contre le camp ennemi. Willard, à bord d’une vedette, remonte la rivière qui le sépare de Kurtz, traversant la jungle et l’horreur du combat…

Adapter Heart of Darkness de Joseph Conrad était le projet d’Orson Welles à son arrivée à Hollywood. Mais il ne le réalisera pas. C’est un an seulement après la chute de Saïgon qu’un autre géant du cinéma américain s’y attelle et démarre la production de ce qui deviendra un monument : Francis Ford Coppola transpose le roman du Congo de la fin du XIXe siècle au Viêt-nam des années 1970. Le cinéaste est au sommet, fort du succès de ses deux épisodes du Parrain (1972 et 1974). Dans le Nouvel Hollywood, il fait partie des réalisateurs qui font la loi. Alors, un projet pharaonique ne lui fait pas peur.


APOCALYPSE-NOW-(1979)
Mais rien ne se passera comme prévu. Le tournage s’avère être un gigantesque bourbier. Les catastrophes s’accumulent : maladies, conditions climatiques effroyables, typhon détruisant les décors, Marlon Brando qui ne connaît pas son texte, Harvey Keitel remplacé au bout de quelques jours par Martin Sheen qui fait un infarctus… L’expérience prend un tour imprévu lorsque les hélicoptères philippins loués par Coppola quittent de temps en temps le tournage pour aller lancer des roquettes sur les rebelles du sud du pays. Entre attente interminable et dépression latente, une partie de l’équipe se plonge dans les paradis artificiels des années 1970. C’est donc quatorze mois dans la jungle (et trente millions de dollars au lieu de dix) qui seront nécessaires pour venir à bout du tournage. Coppola : « Apocalypse Now n’était pas un film sur le Viêt-nam ; c’était le Viêt-nam. Comme l’armée américaine, nous étions arrogants, nous avions trop de monde, trop de matériel, trop d’argent et, peu à peu, nous sommes devenus fous. » Mais le tournage terminé, l’aventure ne touchera pas encore au but : 600  km de pellicules, deux ans de montage, et une fin introuvable pour Coppola.
Film sensoriel par essence, Apocalypse Now est une expérience très personnelle pour le spectateur. Des images comme autant de sensations : les pales des ventilateurs dans la moiteur de Saïgon, The Doors, la charge des hélicos sur fond de Chevauchée des Walkyries, l’arrivée dans le camp (ou royaume) de Kurtz, des visages fantomatiques peints en blanc, l’odeur du napalm… Le feu, le sang. La folie des hommes. Si Apocalypse Now est une réflexion sur l’homme et son évolution, sur la guerre et son bourbier, c’est avant tout une quête initiatique avec ses étapes et ses rites de passage, le voyage mental du capitaine Willard.
« Coppola se fait le spéléologue des gouffres humains, nous conviant à une odyssée dont le dessein est avant tout poétique, peut-être même onirique. Une symphonie de l’horreur, sans doute plus proche de Nosferatu et de Macbeth que de The Deerhunter et Platoon, ces chroniques hyperréalistes. Un “Viêt-nam de l’esprit” qui questionne et redéfinit la notion même d’humanité. » (Michael Henry, Positif, n° 483, mai 2001)

Apocalypse Now Redux
En 2000, Francis Ford Coppola convainc Walter Murch de remonter le film avec lui. Il ne s’agit pas seulement d’ajouter quelques scènes mais bien de repenser complètement l’histoire. Avec près de cinquante minutes supplémentaires, Apocalypse Now Redux est un film différent, sans doute moins elliptique. Le plus grand apport est la scène de la plantation, où des colons français sont restés retranchés dans la jungle à la fin de la guerre d’Indochine. Vingt et un ans après, l’actrice Aurore Clément apparaît enfin dans le film.

L’Apocalypse d’Eleanor Coppola
« C’est un arrangement que nous avons toujours eu : dès que Francis partait plus de deux semaines sur un tournage, il me faisait venir avec les enfants… Une vraie famille de cirque ! » Alors avec un tournage qui dure plus d’un an, la famille s’installe. Eleanor en profitera pour filmer ce tournage incroyable. De ces images naitra le documentaire Hearts of Darkness : A Filmmaker's Apocalypse (Fax Bahr, George Hickenlooper, Eleanor Coppola, 1991). Elle tient aussi un journal intime qui deviendra Apocalypse Now, Journal (Sonatine).

Lecture au fil de l’eau
Dans un entretien donné aux Inrockuptibles en octobre 2008, Dennis Hopper raconte : « Marlon Brando était sous contrat à un million la semaine. Il était supposé tourner une semaine. Francis s’est rendu compte que Marlon n’avait pas lu Au cœur des ténèbres. Il a arrêté momentanément le tournage, neuf cents figurants en carafe, pour lui lire le bouquin sur un bateau fluvial. »

Palme partagée
Apocalypse Now recevra la Palme d’or au Festival de Cannes en 1979, ex-aequo avec Le Tambour de Volker Schlöndorff (Die Blechtrommel, 1979).

Apocalypse Now Redux
États-Unis, 1979-2001, 3h23, couleurs, format 2.35
Réalisation : Francis Ford Coppola
Scénario : John Milius, Francis Ford Coppola, Michael Herr, d’après le roman Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad 
Photo : Vittorio Storaro
Musique : Carmine Coppola, Francis Ford Coppola
Montage : Walter Murch, Gerald B. Greenberg, Lisa Fruchtman, Richard Marks  
Décors : Angelo Graham, Dean Tavoularis  
Costumes : Charles E. James
Production : Francis Ford Coppola, Gray Frederickson, Fred Roos, Tom Sternberg, Zoetrope Studios / Kim Aubry et Shannon Lail (version Redux) 
Interprètes : Marlon Brando (le colonel Kurtz), Robert Duvall (le lieutenant-colonel Kilgore), Martin Sheen (le capitaine Willard), Frederic Forrest (Jay 'Chef' Hicks), Albert Hall (Chief Phillips), Sam Bottoms (Lance), Larry Fishburne (Tyrone 'Clean' Miller), Dennis Hopper (le photographe), G.D. Spradlin (le général), Harrison Ford (le colonel Lucas), Jerry Ziesmer (le civil), Scott Glenn (Colby), Bo Byers (le premier sergent MP), James Keane (le fusil-mitrailleur de Kilgore), Kerry Rossall (Mike de San Diego), et non crédité Francis Ford Coppola (le réalisateur TV), Aurore Clément (Roxanne Sarrault), Christian Marquand (Hubert de Marais), Roman Coppola (Francis de Marais), Gian-Carlo Coppola (Gilles de Marais)

Présentation de la version Redux au Festival de Cannes : 11 mai 2001 
Sortie aux États-Unis : 3 août 2001
Sortie en France : 11 mai 2001

FILM RESTAURÉ
Pathé

Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox