Billetterie

Thérèse Raquin

de Marcel Carné , France, Italie , 1953

Thérèse Raquin (Simone Signoret) mène une vie triste et monotone à Lyon. Elle est l’épouse de Camille (Jacques Duby), avec lequel, orpheline, elle a été élevée. Thérèse rencontre un camionneur italien, Laurent (Raf Vallone), dont elle devient la maîtresse. Quand elle évoque son souhait de divorcer, Camille et surtout sa mère (Sylvie), une femme austère, s’y opposent violemment. Mère et fils prétextent un voyage d’agrément du couple à Paris, mais le véritable but est de faire séquestrer Thérèse. Inquiète, Thérèse demande à Laurent de monter dans le train de nuit qui l’emmène à la capitale…

Après l’échec de Juliette ou la Clef des songes au Festival de Cannes, et plusieurs projets inaboutis, c’est d’une rencontre fortuite entre les frères Hakim, producteurs, et Marcel Carné que naît Thérèse Raquin. Au cours de plusieurs heures de discussions, le roman de Zola est évoqué. Mais Carné n’est pas enthousiaste : son mentor, Jacques Feyder, en a déjà fait une brillante adaptation en 1928, impossible pour lui de le concurrencer. De plus, la seconde partie du roman ne lui plaît guère : manque d’actions, trop de remords… Finalement l’idée des frères Hakim fait son chemin et Carné accepte, tout en imaginant des changements. Au finale, l’action se déroulera à Lyon et non à Paris, à l’époque contemporaine, et un maître-chanteur fera son apparition pour relancer l’action, après la mort de Camille Raquin. Carné sera aidé pour cette adaptation par Charles Spaak, un des plus célèbres scénaristes-dialoguistes du cinéma français.


THERESE RAQUIN (1953)
Avec Thérèse Raquin, Marcel Carné dresse le portrait d’une petite bourgeoisie toute provinciale, étriquée et repliée sur elle-même, où les préjugés sociaux et familiaux sont très forts. Il donne à un simple fait divers la dimension du drame. La préméditation du crime est mise de côté, afin de laisser toute sa place à la fatalité de la passion et au destin tragique des deux amants.
Sans Prévert à ses côtés, Marcel Carné touche, avec Thérèse Raquin, au réalisme psychologique et non plus poétique. Déambulant dans le Lyon sombre des années 1950 (parfois reconstitué en studio), les personnages de Carné sont admirablement interprétés. Thérèse Raquin y est une héroïne belle et tourmentée, absolument bouleversante.
« Ce qu’on peut retenir de Thérèse Raquin, c’est, disait Bazin, “le miracle d’une mise en scène dont la magie est plus forte que la logique du scénario.” Pérez : “Carné met un respect quasi silencieux dans la peinture silencieuse de cette passion qui ne peut qu’apparaître, dans l’environnement d’interdits et de répression morale où elle naît, que sous l’aspect d’un scandale absolu.” Et retenir, bien sûr, Simone Signoret. » (Bernard Chardère, Jeune Cinéma, n°319 / 320, automne 2008)

Clin d’œil d’Almódovar
C’est dans La Mauvaise Éducation (La mala educación, 2004) qu’apparait l’affiche de Thérèse Raquin. Le film est, aux côtés de La Bête humaine (Jean Renoir, 1938), programmé lors de la rétrospective de films noirs à laquelle se rendent les protagonistes.

Récompensé
Le film reçoit le Lion d’argent au Festival de Venise en 1955.

Les questionnements de Raf Vallone
Alors que Thérèse exprime ses remords pour le meurtre de Camille, Laurent lui répond que, si c’était à refaire, il le referait. Lors du tournage, Raf Vallone refuse de prononcer ces mots, prétextant que ceux-ci le rendraient antipathique. Finalement, il y réfléchit et accepte. Plusieurs mois plus tard, Marcel Carné reçoît un télégramme de l’acteur : « J’ai doublé Thérèse Raquin en italien – Stop – J’ai eu une conscience encore plus profonde de ton génie – Stop – Je suis heureux du succès qu’à Paris a eu ton œuvre auquel je suis orgueilleux de appartenir avec la même amitié – Raf Vallone. » (Marcel Carné, La Vie à belles dents, Ed. Jean-Pierre Ollivier)

Thérèse Raquin
France, Italie, 1953, 1h46, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Marcel Carné
Scénario : Marcel Carné, Charles Spaak, d’après le roman Thérèse Raquin d’Émile Zola
Photo : Roger Hubert
Musique : Maurice Thiriet
Montage : Henri Rust
Décors : Paul Bertrand
Costumes : Antoine Mayo
Production : Raymond et Robert Hakim, Paris Film Productions, Lux Film  
Interprètes : Simone Signoret (Thérèse), Raf Vallone (Laurent), Jacques Duby (Camille Raquin), Maria Pia Casilio (Georgette), Marcel André (Michaud), Martial Rèbe (Grivet), Paul Frankeur (le contrôleur), Alain Terrane (un camionneur), Bernard Véron (le postier), Francette Vernillat (Françoise), Lucien Hubert (le chef de gare), Madeleine Barbulée (Madame Noblet), Nerio Bernardi (le médecin), Roland Lesaffre (Riton), Sylvie (Madame Raquin)

Sortie en France : 6 novembre 1953
Sortie en Italie : 24 novembre 1953

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