Billetterie

Pour une poignée de dollars

Per un pugno di dollari / A Fistful of Dollars

de Sergio Leone , Italie, Espagne, Allemagne , 1964

1872, San Miguel, ville frontalière entre le Texas et le Mexique, où s’affrontent deux familles de trafiquants, les Baxter, spécialisés dans les armes, et les Rojo, dans l’alcool. Vêtu d’un poncho et à dos de mulet, un étranger (Clint Eastwood) arrive en ville. Tour à tour, il vend ses services de pistolero aux deux clans et sème le trouble.

Tourné en sept semaines dans la plus grande liberté par Sergio Leone (la production misait tout sur Mon colt fait loi tourné sur le plateau voisin), Pour une poignée de dollars est un coup de tonnerre dans l’univers du western, un grand bouleversement dans ce genre populaire aux codes bien établis, mais qui commence à lasser les spectateurs. Les distributeurs n’y croyaient pas trop – ils attendirent dix-huit mois après sa sortie en Italie pour présenter le film en France. L’accueil critique offert en mars 1966 à Pour une poignée de dollars fut d’ailleurs mitigé ; comme pour les autres westerns européens qui l’avaient précédé (la série allemande des Winnetou dès 1964), on parla d’ersatz du genre, et quelques-uns se moquèrent du pseudonyme utilisé par Leone : Bob Robertson, et on soupçonna même Clint Eastwood d’être un Italien déguisé en Américain… Mais tous ne tombèrent pas dans le piège ainsi tendu. Certains devinèrent que les temps étaient en train de changer, qu’il ne s’agissait pas seulement d’un plagiat du Yojimbo d’Akira Kurosawa (1961), et que le vent qui se levait sur le western n’était pas destructeur mais vivifiant. Et le public ne s’y trompa pas, qui, loin de toute querelle sur l’authenticité de la chose, se rua au cinéma Normandie qui connut ses meilleures recettes pour un film en v.o. depuis la Libération… Il y avait en effet de quoi troubler les amateurs exclusifs de John Ford ou d’Anthony Mann, qui n’avaient pas perçu que sous l’exercice de style baroque et décadent se cachait un amour véritable du western.


POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS
Sergio Leone pose avec Pour une poignée de dollars, les jalons de ce que sera son western italien : de très gros plans en cinémascope, des moments forts indéfiniment suspendus, l’hyper-violence affirmée, une verve crue et un humour noir, des décors grandioses et des extérieurs sublimés par le Cinémascope.
Enfin Clint Eastwood, tout juste sorti de son feuilleton Rawhide, est magistral en anti-héros solitaire, taiseux et mystérieux, justicier désenchanté qui répond à la violence par la violence. « Avec une barbe de plusieurs jours, le poncho marron aux motifs gréco-romain, le pantalon moulant, poussiéreux, le gilet sans manches en peau de mouton et le fameux cigarillo, naissait, sans que personne ne s’en fusse douté, l’un des héros les plus célèbres de l’histoire du western. » (Jean-François Giré, Il était une fois… le western européen, Dreamland)

Bob Robertson
Bob Robertson, le pseudonyme utilisé par Sergio Leone, vient de Roberto Roberti,le pseudonyme du père de Sergio Leone, Vincenzo Leone : Bob (Robert) Robert-son (le fils de Robert).

Un autre étranger
Pendant un temps, Sergio Leone envisage de donner le rôle de Joe, l’étranger, à James Coburn, dont il aimait la démarche lente et tranquille. Mais le cachet de l’acteur était bien trop cher pour la production.

L’affaire Kurosawa
Leone est accusé d’avoir plagié Yojimbo de Kurosawa : il confie s’être inspiré de la structure, mais réfute en avoir repris un seul mot. Embarqués dans un procès avec le cinéaste japonais, les producteurs ne reverseront pas sa part des bénéfices à Leone (qui devra les attaquer plus tard en justice). Finalement Kurosawa obtiendra, en dédommagement, les droits d’exploitation du film au Japon. Une bonne affaire vu le succès obtenu par Pour une poignée de dollars sur l’archipel nippon.

Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari / A Fistful of Dollars )
Italie, Espagne, Allemagne, 1964, 1h39, couleurs (Technicolor), format 2.35 Techniscope
Réalisation : Bob Robertson (Sergio Leone)
Scénario : Sergio Leone, Jaime Comas, Victor Andrés Catena, d’après Le Garde du corps (Yojimbo) d’Akira Kurosawa
Photo : Jack Dalmas (Massimo Dallamano), Federico G. Larraya
Musique : Leo Nichols (Ennio Morricone)
Montage : Bob Quintle (Roberto Cinquini), Alfonso Santacana  
Décors & costumes : Charles Simons (Carlo Simi) 
Production : Harry Colombo (Arrigo Colombo), George Papi (Giorgio Papi),  Jolly Film, Constantin Film Produktion, Ocean Films 
Interprètes : Clint Eastwood (Joe, l’étranger), Marianne Koch (Marisol), John Wells / Gian Maria Volontè  (Ramon Rojo), Wolfgang Lukschy (John Baxter), Sieghardt Rupp (Esteban Rojo), Joe Edger/Joseph Egger (Piripero), Antonio Prieto (Don Miguel Benito Rojo), José Calvo (Silvanito), Margarita Lozano (Consuelo Baxter), Daniel Martín (Julián), Benny Reeves / Benito Stefanelli (Rubio), Richard Stuyvesant / Mario Brega (Chico), Carol Brown / Bruno Carotenuto (Antonio Baxter)

Sortie en Italie : 12 septembre 1964 
Sortie en République fédérale d’Allemagne : 5 mars 1965
Sortie en Espagne : 27 septembre 1965
Sortie en France : 16 mars 1966

FILM RESTAURÉ
Cineteca di Bologna
Tamasa
Restauration menée par la Cineteca di Bologna et Unidis Jolly Film au laboratoire L'Immagine Ritrovata. Financement assuré par le Hollywood Foreign Press Association et The Film Foundation.

Ressortie en salle prochainement, par Tamasa Distribution

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