Max et les ferrailleurs

Avec Max et les ferrailleurs, Claude Sautet quitte le monde bourgeois des Choses de la vie pour celui de la banlieue et des petits voyous, tout en restant fidèle à ses interprètes (ce qui déstabilisera une partie de son public : « Comment le couple des Choses de la vie a-t-il pu tomber si bas ? ») À première vue, Max et les ferrailleurs est une histoire de flics et de voyous comme on en faisait tant dans le cinéma français des années 1970. Mais c’est d’abord le portrait d’un policier retors, obsédé par le flagrant délit, mettant son cynisme au service de son idéal. Max ignore tous les clivages communément admis : gendarmes ou voleurs, honnêtes ou malhonnêtes… Il ne connaît pas de limites pour atteindre son but : machination, manipulation, obsession, trahison. Magistralement interprété par un Michel Piccoli glaçant, Max est rigide devant la vie, joue avec celle des autres et surtout avec celle de Lily, échouée sur le trottoir parisien. Mais Lily – que Romy Schneider interprète avec intensité et une sensualité inédite – sera son épreuve, sa faiblesse, son rappel à la vie. Et comme dans tous les films de Sautet, tout s’effacera devant la douleur et le désarroi de deux êtres passant à côté de leur vie et d’une histoire d’amour.

Max et les ferrailleurs est le film le plus stylisé de Claude Sautet grâce au travail du directeur de la photo René Mathelin, et du décorateur Pierre Guffroy. La confrontation des couleurs et des ambiances révèle la confrontation des mondes : tandis que Lily évolue dans des robes rouges ou roses, portant  un maquillage parfois outrancier, le reste du film baigne dans une ambiance grisâtre, voire verdâtre, aux couleurs du visage de Max.
Pour le critique Henry Chapier : « Dès lors que le langage est intelligent et inspiré, il va de soi que la syntaxe est admirable, que la photo, la bande sonore et le montage ne constituent qu’une seule et même expression renvoyant à l’univers de l’auteur. Mais qu’on y prenne garde : ici, le spectateur doit être à la hauteur du pari ! Il leur reste d’être à ce rendez-vous de l’intelligence et de la sensibilité où se retrouvent d’ores et déjà – en dehors de Michel Piccoli et de Romy Schneider – François Périer, Bernard Fresson, Georges Wilson. » (Combat, 18 février 1971)

L’habit fait le moine
Inspiré par le personnage cynique, idéologue et dangereux de Max, Michel Piccoli propose à Claude Sautet la tenue qu’il porte dans le film : le costume qu’il est allé chercher chez un tailleur travaillant pour la police, le maquillage, le chapeau si particulier… Un style qui différencie Max de tous les autres policiers.

Le préféré de Sautet…
Claude Sautet a souvent dit que Max et les ferrailleurs était son film préféré : « Quand je le revois, je suis plutôt comblé. J’éprouve un plaisir sans inquiétude. Pour une fois, je ne vois rien à y retrancher, rien à y ajouter… »

… et les compliments de Truffaut
François Truffaut trouvait le point de départ du film « très risqué », mais félicita Claude Sautet d’être parvenu à un tel résultat avec un protagoniste si antipathique, auquel personne ne peut s’identifier

Le duo des Choses de la vie
Claude Sautet commence à travailler sur Max et les ferrailleurs avant la sortie des Choses de la vie. Les producteurs lui conseillent Alain Delon ou Yves Montand pour le rôle de Max, mais les deux déclinent l’offre. Sautet imagine Marlène Jobert en Lily, mais elle refuse également. Finalement, c’est en discutant du film avec Romy Schneider que celle-ci lui dit tout de suite : « C’est moi ! » et passe plusieurs jours à lui télégraphier et téléphoner avec enthousiasme. Ce qui décidera Claude Sautet à faire le film avec elle et Michel Piccoli : « mes interprètes des Choses de la vie dont je vais pouvoir montrer la part d’ombre en changeant de perspective.»

Le début d’un cycle
Max et les ferrailleurs est le premier film de ce que l’on appelle "le cycle des prénoms". Viendront par la suite César et Rosalie, Vincent, François, Paul et les autres..., Mado, et Nelly et Monsieur Arnaud.