Billetterie

Mado

de Claude Sautet , France, Italie, République fédérale d’Allemagne , 1976

Simon Léotard (Michel Piccoli) est un promoteur immobilier de 50 ans. À la suite du suicide inexpliqué de son associé et ami Julien (Bernard Fresson), Simon se retrouve au bord de la faillite, acculé par Lépidon (Julien Guiomar) qui exige le paiement des traites qu’il a consenti à Julien. Il est également embarqué dans une relation compliquée avec Mado (Ottavia Piccolo), une jeune femme, prostituée occasionnelle. Il décide avec elle de trouver un moyen de se sortir des griffes de Lépidon.

Claude Sautet confiait que cette « petite fresque sombre », loin d’être son meilleur film, était peut-être un de ses préférés. Après avoir dépeint les douleurs du cœur, il s’attaque ici à la lutte sociale dans un film sombre au scénario noir écrit avec Claude Néron, romancier et personnage peu optimiste. Mado a été conçu en réaction au milieu de Vincent, François, Paul et les autres… Claude Sautet avait été accusé de tendresse envers ses personnages, il décide, avec Mado, de ne pas les épargner et d’approfondir ce sentiment d’impasse sociale et d’égarement dans la société.


MADO
Pris au piège par des margoulins de l’immobilier, Simon, honnête industriel interprété par le fidèle Michel Piccoli, est prêt à tout, et à tout perdre, pour gagner contre la corruption et ceux qui veulent sa perte, tel un Don Quichotte moderne. Quitte à utiliser les mêmes méthodes… Dans cette lutte, Simon  délaisse le seul souffle de vie qu’il connaît, Mado, jeune femme d’origine paysanne, qui trouve sa liberté dans la prostitution occasionnelle, symbole de la survie dans ce marasme ambiant.
Dans ce monde où une gestion honnête ne suffit plus, où tout est fragile et précaire, la désillusion est à son comble. Avec une absence totale de sentimentalisme et de mélancolie, Claude Sautet réalise son film le plus politique, où la rupture nette entre deux groupes (les jeunes au chômage qui s’en sortent comme ils peuvent, face aux plus âgés, riches et corrompus) semble consommée.
« Sautet compose des variations sur les thèmes de la détresse, de l’amitié, de la vénalité, et de l’euphorie passagère en battant la mesure des Quatre saisons d’une vie humaine : fugue de la jeunesse utopique, allegro de la trentaine opiniâtre, concertos et adagios de la quarantaine désarmée, opéra martelé (très sensible dans la deuxième partie du film) de l’embourbement physique et moral après l’échec ou la perversion de l’idéalisme. » (Jean-Luc Douin, Télérama, 27 octobre 1978)

Bourbier réaliste
Lors d’un repérage pour Vincent, François, Paul et les autres…, Claude Sautet, son assistant et Claude Néron se retrouvent sur la route sous une pluie torrentielle, un peu euphoriques après un dîner bien arrosé. Le cinéaste décide de prendre un raccourci le long de la Seine. Ils se retrouvent alors enlisés dans un fleuve de boue, imaginant même devoir passer la nuit sur place. Ce souvenir lui inspire très rapidement la scène du bourbier de Mado, symbole de l’enlisement des personnages et de leur impuissance.

Néron, deux premières
C’est la première fois que Claude Néron et Claude Sautet travaillent ensemble, sans l’aide de Jean-Loup Dabadie. C’est également la première – et l’unique – fois que l’écrivain apparaît à l’écran, dans le rôle de Maurice.

L’émotion de Romy
Après ses trois rôles principaux dans les films de Claude Sautet, Romy Schneider souhaite absolument jouer dans Mado. Le cinéaste n’a pas écrit de rôle pour elle, elle insiste et finalement, il lui parle d’une scène à laquelle il a pensé : Simon rendant visite à une femme dont il a toujours refusé l’amour, « une femme frustrée, solitaire, épuisée par l’alcool… » L’actrice est emballée, et il ne faudra que deux prises pour enregistrer la scène, qui selon Claude Sautet laissa l’équipe « étranglée d’émotion ».

Deux fins
À l’origine, Claude Sautet tourne un plan de Michel Piccoli conduisant Romy Schneider à la clinique pour sa désintoxication. Mais quand il apprend que son producteur André Génovès fait la promotion du film à l’étranger sur le couple Piccoli-Schneider, alors que l’actrice n’apparaît que huit minutes dans le film, il s’emporte et modifie la fin. Le film sort donc sans ce plan avec Romy Schneider. Plus tard, lors d’une diffusion TV, Patrick Brion donne l’occasion à Claude Sautet de rétablir le film dans la version originalement souhaitée (car pour le cinéaste, « agir sur un coup de tête est toujours une erreur ! ») et donc de réintégrer ce plan final.

Mado
France, Italie, République fédérale d’Allemagne, 1976, 2h15, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : Claude Sautet  
Scénario : Claude Sautet, Claude Néron
Photo : Jean Boffety
Musique : Philippe Sarde
Montage : Jacqueline Thiédot
Décors : Pierre Guffroy  
Costumes : Jacques Cottin, Daniel Mainard, Christian Hereau  
Production : André Génovès, Italgema, Les Films de la Boétie, Terra-Film
Interprètes : Michel Piccoli (Simon Léotard), Ottavia Piccolo (Mado), Jacques Dutronc (Pierre), Charles Denner (Reynald Manecca), Julien Guiomar (Lépidon), Jean-Paul Moulinot (le père de Simon), Romy Schneider (Hélène), Michel Aumont (Barachet), Claude Dauphin (Vaudable), Denise Filiatrault (Lucienne), André Falcon (Mathelin), Jean Bouise (André), Bernard Fresson (Julien), Benoît Allemane (Antoine), Jacques Richard (Girbal), Nicolas Vogel (Maxime), Jean-Denis Robert (Alex), Marc Chapiteau (Francis), Nathalie Baye (Catherine), David Tonelli (William), Dominique Zardi (Crovetto), Sabine Glaser (la sœur du marié), Claude Néron (Maurice), Michel Bardinet (Félix)

Sortie en France : 27 octobre 1976

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