Billetterie

Les Contes d’Hoffmann

The Tales of Hoffmann

de Michael Powell et Emeric Pressburger , Royaume-Uni , 1951

Installé dans une taverne où il attend la belle Stella (Moira Shearer) dont il est épris, Hoffmann (Robert Rounseville) repense aux trois malheureuses histoires d’amour qu’il a vécu. Il y eut Olympia (Moira Shearer), la poupée mécanique, Giulietta (Ludmilla Tchérina), la courtisane vénitienne et Antonia (Ann Ayars), la chanteuse lyrique. Mais à chaque fois, un maléfique génie est venu anéantir tous ses espoirs.

Trois ans après avoir inséré une superbe scène de ballet de quinze minutes dans le film Les Chaussons rouges (The Red Shoes, 1949), le duo britannique Michael Powell et Emeric Pressburger décide de franchir un pas de plus dans le film musical et d’adapter sur grand écran l’opéra Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach.


CONTES-D'HOFFMANN-(1951)-01
Les deux cinéastes conservent la même construction que celle de l’opéra : un prologue, trois contes, un épilogue. Le scénario suit parfaitement la partition (il ne fait d’ailleurs que dix-sept pages et renvoie en permanence à cette dernière), et la mise en scène se plie à la musique, à la base de tout le film. Les musiques et les voix ont d’ailleurs été préenregistrées avant de tourner en playback, les acteurs répétant inlassablement afin d’être justes dans la synchronisation. À l’inverse de ce qui pouvait se pratiquer à l’époque, Powell et Pressburger décident de ne pas monter leur projet sur la seule célébrité de têtes d’affiches, mais bien sur leurs compétences : le casting sera donc organisé dans cet objectif, acteurs, danseurs, chanteurs devant exceller dans leur domaine.
Les Contes d’Hoffmann est une perle du Technicolor. Chaque conte est habillé d’une couleur différente, qui lui donne une identité propre et forte. Olympia baigne dans un lumineux jaune vif, Giulietta dans un rouge vénéneux et Antonia dans un bleu froid. Les décors sont hors normes, entre fiction et réalité, une véritable fantasmagorie visuelle. Hein Heckroth, directeur artistique du film, vient du milieu théâtral : le plateau de tournage s’est ainsi rempli de mers en plastiques, d’escalier “à plat”, entre carton-pâte et décors peints. Dans ce déluge de couleurs saturées, Les Contes d’Hoffmann est un mélange de genre remarquablement original, passant du musical à l’expressionnisme allemand, avec quelques incursions dans le fantastique.
Diversement reçu par le public et la critique, Les Contes d’Hoffmann bénéficieront du soutien de quelques admirateurs de grands talents dont Cecil B. DeMille, qui écrira à Michael Powell et Emeric Pressburger : « Chers messieurs, […] Votre production des Contes d’Hoffmann a prouvé qu’en fait on peut tout avoir. Pour la première fois de ma vie j’ai apprécié un opéra où la beauté, la puissance et l’ampleur de la musique étaient égalées par la présentation visuelle. Je vous remercie pour votre courage et votre sens artistique remarquables qui nous ont donné le grand opéra comme il n’existait jusqu’à présent que dans l’esprit de ses créateurs. » (Michael Powell, Million Dollar Movie – Une vie dans le cinéma tome 2, Actes Sud/Institut Lumière)

Amputation
Le film, considéré comme trop long, a souvent été projeté dans une version amputée d’un des trois contes. Cette atteinte à l’œuvre a soulevé de vifs émois dont celui de Martin Scorsese, comme il le raconte à Ian Christie dans Arrows of Desire (Waterstone) : « Je me souviens d’avoir été le voir en couleur pour la première fois à Greenwich Village : tout le monde voulait lyncher le projectionniste quand on a découvert qu’il s’agissait de la version coupée. »

Inspiration ?!
George A. Romero, maître des zombies et réalisateur du célèbre La Nuit des morts vivants (Night of the Living Dead, 1968) a souvent évoqué Les Contes d’Hoffman comme son film préféré. Ce serait même celui-ci qui lui aurait donné envie de devenir cinéaste.

Cannes 51
En1951, le film est présenté au Festival de Cannes. Michael Powell expliquera dans Million Dollar Movie – Une vie dans le cinéma tome 2 qu’Alexander Korda et Emeric Pressburger ont essayé de lui faire réduire la durée du film : ils étaient persuadés que sa durée était le seul obstacle à l’obtention du grand prix. Powell refuse, le film reçoit le prix spécial du Jury pour son originalité.

Scorsese, fou d’Hoffmann
Le cinéaste Martin Scorsese est un grand admirateur du cinéma de Michael Powell. Dans sa préface écrite pour Arrows of Desire de Ian Christie, il raconte sa découverte et sa passion pour Les Contes d’Hoffmann : « À la télévision américaine, dans les années 1950, il y avait un programme intitulé "Million Dollar Movie" : le même film était montré deux fois en semaine, en soirée, et trois fois le samedi et le dimanche. C’est là que j’ai vu pour la première fois Les Contes d’Hoffmann (1951) : interrompu par des publicités et en noir et blanc. J’étais envoûté par la musique et les mouvements de caméra, par les gestes théâtraux des acteurs. […] J’ai vu le film tant de fois à la télévision que c’était devenu une agression pour chaque habitant de notre petit appartement. »

Hommage
Comme le souligne Bertrand Tavernier dans sa préface à l’autobiographie de Michael Powell (Une vie dans le cinéma), le cinéaste a inspiré de nombreux metteurs en scène américains, comme George Lucas ou Martin Scorsese, par ses expérimentations et « ses effets spéciaux inégalés ». Certains rendront ouvertement hommage aux Contes d’Hoffmann dans leurs films. C’est le cas de Ridley Scott dans toutes les scènes du fabricant de jouets miniatures de Blade Runner (1982).
 

Les Contes d’Hoffmann (The Tales of Hoffmann )
Royaume-Uni, 1951, 2h13, couleurs (Technicolor), format 1.37
Réalisation : Michael Powell, Emeric Pressburger
Scénario : Michael Powell, Emeric Pressburger, d’après l’œuvre d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann et l’opéra de Jacques Offenbach sur un livret de Jules Barbier et une nouvelle traduction de Dennis Arundell  
Photo : Christopher Challis
Musique : Jacques Offenbach (direction sir Thomas Beecham)  
Montage : Reginald Mills
Décors : Hein Heckroth, Arthur Lawson
Costumes : Hein Heckroth
Chorégraphie : Frederick Ashton  
Production : Michael Powell, Emeric Pressburger, The Archers
Interprètes : Robert Rounseville (Hoffmann), Moira Shearer (Stella/Olympia), Ludmilla Tchérina (Giulietta), Ann Ayars (Antonia),  Robert Helpmann (Lindorf/Coppelius/Dapertutto/le docteur Miracle), Léonide Massine (Spalanzani/Schlemil/Franz), Pamela Brown (Nicklaus), Frederick Ashton (Kleinzach/Cochenille), Meinhardt Maur (Luther), Lionel Harris (Pitichinaccio), Mogens Wieth (Crespel), Edmond Audran (Cancer)

Présentation au Festival de Cannes : mai 1951
Sortie au Royaume-Uni : 26 novembre 1951  
Sortie en France : 22 juin 1951

FILM RESTAURÉ
The Film Foundation
BFI National Archive
StudioCanal

La restauration des Contes d'Hoffmann  a été dirigée par Martin Scorsese, Thelma Schoonmaker Powell et Ned Price, et finalisée par Warner Bros. Motion Picture Imaging (MPI) avec l'étalonneur Ray Grabowski, qui a travaillé auparavant sur les restaurations des Chaussons rouges et de Colonel Blimp, du même Michael Powell. Le matériel provient de la British Film Institute National Archive, et le film a été restauré par The Film Foundation et le BFI, en collaboration avec StudioCanal.
Les financements qui ont permis cette restauration viennent de la Hollywood Foreign Press Association et du Franco-American Cultural Fund, partenariat unique entre la Directors Guild of America (DGA), la Motion Picture Association of America (MPAA), la Société des Auteurs, Com-positeurs et Editeurs de Musique (SACEM), la Writers Guild of America West (WGAW), la Louis B. Mayer Foundation et The Film Foundation.

Ressortie en salle courant 2015, par Les Acacias Distribution

 

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