Le Voyage de Chihiro

En 2013, le festival Lumière rendait hommage au studio Ghibli, au moment même où Hayao Miyazaki annonçait, avec une discrétion toute japonaise, que Le vent se lève  serait sa dernière réalisation. Un an plus tard, c’est Le Voyage de Chihiro  qui est projeté lors d’une séance pour le jeune public.

Rares sont les films qui auront à ce point réussi à réunir dans un aussi large consensus la critique et le public. Le Voyage de Chihiro fut un succès phénoménal, détrônant au box-office japonais le Titanic de James Cameron (1997). Dans ce récit d’aventures, la jeune Chihiro traverse le miroir, telle une Alice contemporaine. Privée de ses parents et de son identité (l’étrange Yubaba la renomme Sen), Chihiro découvre un univers fantastique, peuplé de monstres, de fantômes, et d’anciens dieux en villégiature dans une station thermale. Son chemin sera jalonné d’épreuves et sortilèges, et elle devra dépasser tout manichéisme afin de survivre. Car, fait rare dans les contes pour enfants, les personnages sont complexes et ambigus, et il est bien difficile de déterminer une limite franche entre le bien et le mal. Rêve et réalité se mélangent dans cette histoire dominée par la puissance de l’irrationnel.
Le Voyage de Chihiro était d’abord destiné au public japonais, afin qu’il redécouvre son patrimoine oublié, une source d’inspiration inépuisable pour son réalisateur : « Les personnages sortent de mon imagination, même si je me suis nourri des traditions et légendes pour les inventer. Il existe de nombreux dessins de monstres épouvantables dans l’art japonais. » Le maître de l’animation y transmet également sa vision de l’animisme et les valeurs écologiques qui lui sont si chères. Une ode à la nature et à l’humanité.
« Le Voyage de Chihiro est un poème en prose, une épopée foisonnante, un conte philosophique, une œuvre beaucoup plus ambitieuse qu’un simple roman d’apprentissage destiné à la jeunesse, qui confirme le talent unique de son auteur, Hayao Miyazaki. » (Olivier Père, Les Inrockuptibles, 10 avril 2002)

De longue haleine
Il aura fallu deux ans, trois cents personnes, dont cent-vingt animateurs, des milliers de dessins faits à la main et la création d’un logiciel informatique spécifique pour restituer les couleurs, afin que Le Voyage de Chihiro voie le jour.

Récompenses
Le Voyage de Chihiro sera auréolé de nombreuses récompenses dont l’Ours d’or au Festival de Berlin et l’Oscar du meilleur film d’animation.

Musée Ghibli
C’est le succès international du Voyage de Chihiro qui aura permis la naissance d’un projet cher à Miyazaki : la création du musée Ghibli, consacré à la fabrication des films d’animation. Il permet aux visiteurs de déambuler dans l’atelier des dessinateurs et animateurs. Croquis, décors et reproductions des êtres fantastiques jalonnant les films du studio permettent une plongée dans cet univers si poétique. Comble du bonheur pour les fans : c’est un Totoro grandeur nature, bien installé dans sa guérite, qui accueille les visiteurs du musée !

Onsen
Littéralement "source chaude", l’onsen est le bain thermal japonais. Généralement issus des nombreuses sources volcaniques de l’archipel, les thermes sont une tradition très présente dans la culture nippone.