Billetterie

Le Diable souffle

de Edmond T. Gréville , France , 1947

Laurent (Charles Vanel) est un quinquagénaire solitaire, vivant sur une petite île du pays basque cernée par la Bidassoa. Sur le continent, Laurent rencontre Louvaine (Héléna Bossis), jeune pianiste de bar, un peu perdue. Il en tombe amoureux et l’installe chez lui, tandis qu’un réfugié espagnol, Diego (Jean Chevrier), débarque sur l’île pour se cacher. Alors que les éléments se déchaînent, Louvaine est très malade. Diego, qui est médecin, l’opère en urgence et la sauve. Entre eux naît alors un amour fort, secret et sauvage.

« La femme est de feu, l’homme est d’étoupe, et le Diable souffle. » (Proverbe espagnol)
Edmond T. Gréville écrit l’histoire du Diable souffle durant l’Occupation alors qu’il vit caché à Cagnes-sur-Mer, traqué depuis qu’il s’est vivement affirmé contre la montée du nazisme. Un jour de fort mistral, il se remémore ce proverbe espagnol et écrit une histoire dont « le personnage principal est invisible : le vent. »


DIABLE SOUFFLE
Dans cette œuvre originale d’un artiste toujours en marge du système, la nature sauvage est bien un personnage à part entière. Au milieu du vent, des bourrasques, de l’incessant vacarme et de la Bidassoa en crue séparant les îliens du reste du monde, les êtres, comme les arbres, sont balayés par la tempête, pris au piège de passions dévorantes. Ce huis clos baigne dans une atmosphère lourde et angoissante, à l’érotisme exacerbé. Car Gréville, cet « érotomane distingué » comme il aimait à se définir, filme comme à son habitude son personnage féminin avec amour et passion. On critiqua le choix d’Héléna Bossis qui n’avait pas un physique de starlette, mais dont le « rayonnement sensuel » fut souligné par le cinéaste dans ses mémoires Trente-cinq ans dans la jungle du cinéma (Actes Sud/Institut Lumière). La photographie du maître-opérateur Henri Alekan est exceptionnelle, décuplant la force des éléments, faisant du vent, de la pluie et de la boue de véritables interprètes.
Dans ces mêmes mémoires, Gréville écrivait : « J’ai toujours préféré les sujets “en vase clos” où des personnages coupés du monde s’épient et se déchirent. Mes goûts vont en somme au contraire du film d’action, ou tout au moins à l’action purement intérieure, de préférence dans un seul décor, avec des gens dressés les uns contre les autres par leurs sentiments ou leurs vices. C’est ce qui m’avait plu dans Le Train des suicidés, dans Remous, dans Vies secrètes, dans Le Diable souffle. C’est ce qui m’a plu dans L’Ile du bout du monde, Les Menteurs, L’Accident. C’est ce qui me plait encore. Décortiquer un drame passionnel, en montrer les prémices, la cristallisation, voilà mon régal. »

Le corps des acteurs
Dans ses mémoires, Edmond T. Gréville rédigea quelques pensées dans un chapitre intitulé Pochettes surprises. Morceau choisi : « Qu’on se le dise, il n’y a pas d’acteurs dans un film. Il y a des visages, des corps et un metteur en scène. »…

Production
Son indépendance força Edmond T. Gréville à avoir recours à quelques productions étonnantes, comme ici la mystérieuse compagnie La France en marche…

Des éléments favorables
Après avoir bataillé avec les producteurs pour réussir à imposer Héléna Bossis, Gréville se voit opposer un argument météorologique : l’impossibilité de prévoir une inondation à date fixe ! Gréville s’organise et prévoit quelques trucs, comme par exemple, couper la cime d’arbres afin de les planter en eau profonde et de figurer leur inondation. Mais les éléments seront finalement de la partie, des pluies torrentielles et une crue subite inondant les décors 48 heures avant le tournage. Il s’en est fallu de peu que le radeau de Charles Vanel ne chavire réellement…

Le Diable souffle
France, 1947, 1h35, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Edmond T. Gréville  
Scénario : Edmond T. Gréville, Max Joly, José  Josipovici, Norbert Carbonnaux 
Photo : Henri Alekan
Musique : Jean Wiener
Montage : Georges Arnstam
Décors : Jean Douarinou  
Production : B.C.M. - Bureau Cinématographique et Musical, La France en marche
Interprètes : Charles Vanel (Laurent), Jean Chevrier (Diego), Héléna Bossis (Louvaine), Margo Lion (Pepita), Henri Maïk (Pascal)

Sortie en France : 23 septembre 1947

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