Billetterie

Le Désordre et la nuit

de Gilles Grangier , France , 1958

L’Œuf est la boîte à la mode des Champs-Élysées. Son propriétaire, Albert Simoni (Roger Hanin), ancien souteneur vient d’être tué dans une allée du bois de Boulogne. Le commissaire principal Janin (François Chaumette) confie l’enquête à l’inspecteur Vallois (Jean Gabin) de la Brigade mondaine. Première piste : Lucky (Nadja Tiller), la maîtresse de Simoni, une jeune Allemande, dont le charme indéfinissable, attirant et inquiétant à la fois, accroche immédiatement l’homme rude et solitaire qu’est Vallois. Mais qui est Lucky ? Comment vit-elle ? Qui paie sa luxueuse chambre du George V ? Et quel lien l’unit à l’élégante pharmacienne Thérèse Marken (Danielle Darrieux) ?

Les années 1950 furent l’âge d’or du polar à la française. Touchez pas au grisbi de Jacques Becker (1954), Du rififi chez les hommes de Jules Dassin (1955), Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville (1956)… autant de films qui marquèrent ce genre populaire. Le Désordre et la nuit de Gilles Grangier est de cette veine, un film noir simple et efficace, et pour certains, l’une des plus belles réussites du trio Gabin-Grangier-Audiard.


DESORDRE ET LA NUIT (1958)
Le Désordre et la nuit est un polar nocturne taillé pour trois personnages. Au centre, le grand Gabin dans un rôle de flic fatigué et vieillissant, aux méthodes parfois douteuses, entouré d’une jeune droguée, Nadja Tiller, mélange d’innocence et de perversité, et de Danielle Darrieux, bourgeoise pharmacienne aux activités plutôt louches. Seule la passion motive les personnages de ce polar à mi-chemin entre enquête policière et conflit psychologique.
Avec une précision quasi documentaire, Gilles Grangier livre une juste peinture du milieu, où les personnages tous ambigus (quel que soit le côté de la loi duquel ils se trouvent) évoluent dans cette ambiance poisseuse des boîtes de nuits qui imprègne toutes les images. Le cinéaste filme d’ailleurs beaucoup les visages de ses personnages en plans serrés, une façon d’observer leur part d’ombre et de lumière. Grangier permet de retrouver une société qui, à l’époque, allait disparaître et laisser place à des truands bien plus individualistes, sans foi ni loi. Si Le Désordre et la nuit ne révolutionne pas le genre, il apporte cependant une nouveauté, en transposant l'action non plus dans les milieux de Pigalle, mais dans le 8e arrondissement. L’Œuf est un club situé rue de Ponthieu, à la limite des beaux quartiers, où les jeunes gens “comme il faut” fréquentent des caïds sans le savoir.
Alain Corneau, réalisateur de Série noire en 1979, confessera avoir été obsédé, comme beaucoup de sa génération, par le cinéma américain, et être « passé comme un fou » à l’époque sur les films de Gilles Grangier qui l’ont depuis émerveillé. Il écrira d’ailleurs : « Le Désordre et la nuit, un Gabin vénéneux, une histoire simple mais qui va au bout d’elle-même, un film qui fait semblant de respecter les règles en les transgressant toutes, une leçon de modestie qui vaut tous les courages, une constante noblesse et rigueur naturelles… Le Désordre et la nuit est un vrai film NOIR, un des plus secrets donc peut-être un des plus beaux… » (Passé la Loire, c’est l’aventure –Entretiens avec François Guérif, Gilles Grangier, Terrain Vague/Losfeld)

Un des préférés
Le Désordre et la nuit était l’un des films préférés de son réalisateur : « Parce qu’il a une histoire d’amour, sans eau de rose, et que j’aime ça. » (Gilles Grangier, Passé la Loire, c’est l’aventure)

La voiture de Deray
C’est Jacques Deray, alors assistant de Gilles Grangier, qui allait chercher Jean Gabin dans sa petite Panhard, voiture qui n’était apparemment pas du goût de l’acteur : « Je me défonce le cul dans sa voiture. Il est bien comme assistant, mais il a une voiture à la con. » (Gilles Grangier, Passé la Loire, c’est l’aventure)

Nadja Tiller et son magneto
Venue de Berlin pour son rôle dans Le Désordre et la nuit, l’actrice Nadja Tiller fait l’objet de nombreux articles. Afin d’assurer au mieux son rôle, elle décide d’enregistrer tous ses dialogues avec Gilles Grangier sur magnétophone, et de les écouter en boucle pendant des semaines !

Le Désordre et la nuit
France, 1958, 1h35, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : Gilles Grangier  
Assistante réalisation : Jacques Deray 
Scénario : Michel Audiard, Gilles Grangier, Jacques Robert, d'après le roman Le Désordre et la nuit de Jacques Robert  
Photo : Louis Page
Musique : Jean Yatove
Montage : Jacqueline Sadoul 
Décors : Robert Bouladoux
Costumes : Paulette Coquatrix, Marcelle Desvignes 
Production : Lucien Viard, Orex Films  
Interprètes : Jean Gabin (l’inspecteur Vallois), Danielle Darrieux (Thérèse Marken), Nadja Tiller (Lucky Fridel), Paul Frankeur (l'inspecteur Chaville), Hazel Scott (Valentine Horse), Robert Manuel (Blasco), Robert Berri (Marquis), François Chaumette (le commissaire principal Janin), Louis Ducreux (Henri Marken), Lucien Raimbourg (l'ivrogne), Gabriel Gobin (l'inspecteur Rocard), Jean Degrave (le préparateur de la pharmacie), Jacky Bamboo (Créole Combo), Harald Wolff (Fridel), Roger Hanin (Albert Simoni), Jean-Pierre Cassel (non crédité)

Sortie en France : 14 mai 1958

FILM RESTAURÉ
Pathé
Restauration essentiellement à partir du négatif original. La restauration image a été effectuée par le laboratoire Éclair et la restauration son par le laboratoire L.E. Diapason sous le contrôle de Pathé. Avec la participation du CNC.



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