Billetterie

La Femme aux cigarettes

Road House

de Jean Negulesco , États-Unis , 1948

Jefty Robins (Richard Widmark) est patron d’un cabaret de province, dont son ami Pete Morgan (Cornel Wilde) est le gérant. Jefty décide d’engager Lily Stevens (Ida Lupino) comme meneuse de revue et chanteuse. Pete tombe amoureux de Lily qui l’aime en retour, mais Jefty décide que c’est lui qui épousera la chanteuse. Les deux amoureux décident de partir. Jefty, refusant que la belle lui échappe, accuse Pete de lui avoir volé deux mille dollars. Pete est arrêté...

Il s’en est fallu de peu que La Femme aux cigarettes ne voie jamais le jour. Après avoir été congédié de la Warner, Jean Negulesco décide d’arrêter le cinéma et de revenir à ses premières amours, la peinture. Mais Darryl F. Zanuck, grand patron de la Fox, veut le rencontrer : il a aimé Deep Valley (1947) et veut lui confier un scénario que trois de ses réalisateurs ont refusé. Ce sera le superbe La Femme aux cigarettes, pépite noire dans l’œuvre très inégale de Negulesco.
Deux amis vivent en paix, une femme arrive, l’équilibre bascule, les amis deviennent ennemis. Si le triangle amoureux amène souvent ses protagonistes au désespoir, il les pousse dans La Femme aux cigarettes à la perversion puis à la folie meurtrière.


Femme Aux Cigarettes
Dans ce film presque entièrement tourné en studio, Negulesco a réussi à recréer l’atmosphère confinée, intenable et étouffante d’un club : derrière les volutes de cigarette, le drame obsessionnel. La photo de son chef-opérateur Joseph LaShelle est remarquable, et on imagine l’attention portée sur ce point par Negulesco, peintre et dessinateur de talent. La sobriété de la mise en scène laisse toute sa place à l’histoire.
La composition de Richard Widmark, le jaloux Jefty, est éblouissante. L’interprète au rire fou du Carrefour de la mort d’Henry Hathaway (Kiss of Death, 1947) retrouve ici un personnage de manipulateur, dont la perversité le conduira à demander la garde de son ami à la suite de ses démêlés avec la justice. Jefty humilie alors Pete, à sa merci et lui rend la vie impossible. Une incarnation exceptionnelle d’un cerveau malade.
Ida Lupino y est, quant à elle, une femme moderne et indépendante, fumant au lit et posant les pieds sur la table, tout en étant peu sûre d’elle, s’excusant de n’avoir « pas beaucoup de voix ». Mais cette voix enfumée, chaude et sensuelle, fait d’elle cette Lily si séduisante, la femme de deux hommes, révélant de surcroît les talents de chanteuse de l’actrice dans des scènes inoubliables.
« Ne serait-ce que pour la scène où Ida Lupino frotte sa cheville abîmée avec de la glace, La Femme aux cigarettes figure parmi les perles noires dont la production de la Fox des années quarante est si riche. Enchanté par la qualité du film, Zanuck le donna en exemple à tous ceux qui devaient tourner en studio. » (Patrick Brion, Le Film noir, éd. de La Martinière)

Ida chanteuse
Les deux chansons du film, Again et One for My Baby (And One More for the Road), ont atteint les sommets du hit-parade de l’année 1948 aux États-Unis.

Ida Lupino et Cornel Wilde
Ida Lupino et Cornel Wilde ont déjà joué ensemble avant La Femme aux cigarettes. C’était dans La Grande Évasion de John Huston (High Sierra, 1941) où Wilde n’avait encore qu’un petit rôle.

Les astuces de Zanuck
Lorsque Darryl F. Zanuck propose le scénario de La Femme aux cigarettes à Jean Negulesco, trois réalisateurs l’ont déjà refusé. Le patron de la Fox annonce que le scénario est mauvais, mais qu’il a du potentiel. Il conseille donc à Negulesco d’utiliser quelques vieilles ficelles pour redonner du punch à l’histoire : « Souvenez-vous de ces films que l’on faisait à la Warner avec Pat O’Brien et Jimmy Cagney, dans lesquels chaque fois que l’action fléchissait un peu, on introduisait une bagarre et à chaque fois qu’un type négligeait une fille, celle-ci réajustait son bas. »

La Femme aux cigarettes (Road House )
États-Unis, 1948, 1h34, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Jean Negulesco
Scénario : Edward Chodorov d’après une histoire de Margaret Gruen et Oscar Saul
Photo : Joseph LaShelle, Norbert Brodine
Musique : Cyril Mockridge
Montage : James B. Clark 
Décors : Maurice Ransford, Lyle Wheeler 
Costumes : Kay Nelson
Production : Edward Chodorov, Twentieth Century Fox
Interprètes : Ida Lupino (Lily Stevens), Cornel Wilde (Pete Morgan), Celeste Holm (Susie Smith), Richard Widmark (Jefty Robbins), O.Z. Whitehead (Arthur), Robert Karnes (Mike), George Beranger (Lefty), Ian MacDonald (le capitaine de la police), Grandon Rhodes (le juge), Jack Lee (Sam), Tom Moore (le président du jury), John Metcalf (l'avocat)

Sortie aux États-Unis : 22 septembre 1948
Sortie en France : 30 septembre 1949

Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox