Billetterie

Grande dame d’un jour

Lady for a Day

de Frank Capra , États-Unis , 1933

Apple Annie (May Robson), une vieille clocharde un peu alcoolique, vend des pommes dans les rues de New York. Elle a pour fille illégitime la jeune Louise (Jean Parker), élevée dans un couvent en Espagne. Annie fait depuis toujours croire à sa fille qu’elle appartient à la haute société new-yorkaise. Annie est sur le point d’être démasquée lorsque Louise lui annonce sa visite en compagnie de son fiancé Carlos (Barry Norton), le fils d’un noble hispanique. Devant le chagrin d’Annie, Dave (Warren William), gangster superstitieux dont elle est le porte-bonheur, décide d’organiser une vaste supercherie.

États-Unis, 1933. Face à la crise économique, le nouveau président démocrate Franklin Roosevelt met fin à la prohibition et fait voter les lois du New Deal, pour relancer l’économie. La même année, Frank Capra réalise Grande dame d’un jour, première comédie américaine “rooseveltienne”.


GRANDE DAME D'UN JOUR (1933)
Un gangster aide une clocharde en la transformant pour quelques heures en lady, avec l’aide de sa maîtresse, directrice de cabaret, et de toute une troupe de personnages aussi divers que loufoques, d’escrocs en policiers, de prostituées en fonctionnaires municipaux… Frank Capra réalise une variation autour du thème de Cendrillon, dont les Américains sont férus, car en phase avec leur idéal démocratique. C’est le premier film dans lequel Capra pose à ce point les jalons de ce que sera son œuvre. Dans cette Amérique des laissés pour compte, il mêle fable sociale et comédie, faisant passer littéralement le spectateur du rire aux larmes. Car si les gangsters, clochards, hommes de loi se rassemblent dans un même élan de solidarité et d’humanisme, le réalisateur n’est cependant pas un optimiste béat : Annie, une fois sa fille repartie et la supercherie réussie, redevient la vendeuse de pommes, mendiante et alcoolique qu’elle était. Un retour à la réalité qui donne à la fin du film son caractère poignant.
Avec un montage nerveux, cette comédie impeccablement maîtrisée multiplie quiproquos et malentendus, gags percutants et répliques vives et cinglantes. Les interprètes, petits ou grands rôles, sont éclatants, Capra portant une attention particulière aux seconds couteaux, parfois même issus de la rue.
Apple Annie, porteuse de tous les rêves et les illusions de son pays, a ému l’Amérique. Prenant le parti de rire de la crise, le film est un succès, nominé pour quatre Oscars. Frank Capra, l’émigré sicilien qui vendait des journaux à Time Square pour payer ses études, sera profondément déçu de voir la récompense lui échapper au profit de Frank Lloyd. Ce n’était pas encore l’heure…
« Lady for a Day est, indiscutablement, le premier film où Capra s’affirme tel que nous le connaissons maintenant. Finis les essais et les tâtonnements, même si Capra a déjà réalisé de grands films. Lady for a Day inaugure une série de chefs-d’œuvre qui vont rencontrer l’adhésion totale du public et de la critique, qui vont porter Capra aux plus hautes récompenses internationales, et qui vont placer son nom définitivement au-dessus du titre. » (Christian Viviani, Frank Capra, L’Herminier)

Une nouvelle de Damon Runyon
L’auteur de Madame La Gimp, nouvelle adaptée pour Grande dame d’un jour, est le journaliste sportif Damon Runyon. Ses nouvelles savoureuses traitent de la pègre, des petits escrocs ; les dialogues y sont truculents et les personnages chaleureux. Il a été plusieurs fois adapté au cinéma (parfois seuls ses personnages ont été repris) comme par Joseph L. Mankiewicz avec Blanches colombes et vilains messieurs (Guys and Dolls, 1955).

Subterfuge
Lorsqu’il rencontre May Robson pour le rôle d’Annie, Frank Capra lui demande de lire quelques lignes du texte. Mais la comédienne de théâtre le déclame avec force et puissance. Afin d’arriver à ses fins et de ne pas refroidir la septuagénaire, Capra a recours à un "pieux mensonge" : « Madame Robson, j’ai oublié de vous dire. Il y a deux détectives qui vous soupçonnent de ne pas être celle que vous prétendez être. Ils vous suivent et tâchent de surprendre vos paroles. Et vous le savez. Alors essayez de dire votre texte en chuchotant comme si vous vouliez ne pas être entendue. D’accord ? » (Frank Capra, Hollywood Story, Stock)

Invisible
Pendant plus de cinquante ans le film est invisible en France. Il sera redécouvert et de nouveau visible sur grand écran en 1991.


L’ami Shorty
Lorsqu’il décide d’embaucher de vrais mendiants pour jouer dans le film, Frank Capra pense immédiatement à Shorty ("Court sur patte") pour le rôle du cul-de-jatte qui sert de messager à Annie. Les deux hommes se sont connus lorsque Capra vendait des journaux sur Spring Street : « J’allai personnellement le trouver pour le film. Je me présentai et lui dis que j’étais devenu metteur en scène et que je voulais qu’il joue dans mon prochain film. Sa réponse fut brève : « Mets les voiles, mec, tu perds ton temps. » Je dus le convaincre que j’étais bien Frankie, son copain. "Eh ben vrai, j’en ai les jambes coupées (C’était son gag préféré.), dit-il. Alors, parfois, les choses arrivent, pas vrai, Frankie ?" » (Frank Capra, Hollywood Story)

Remake
En 1961, Frank Capra décide de réaliser lui-même un remake de Grande dame d’un jour. Ce sera Milliardaire pour un jour (Pocketful of Miracles), avec la superbe Bette Davis dans le rôle d’Apple Annie. Les  avant-premières se déroulent à merveille, mais l’accueil public est déplorable. Le réalisateur décide alors, à 64  ans, de mettre un terme sa carrière.

Grande dame d’un jour (Lady for a Day )
États-Unis, 1933, 1h28, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Frank Capra  
Assistant réalisation : Charles C. Coleman
Scénario : Robert Riskin, d’après la nouvelle Madame La Gimp de Damon Runyon
Photo : Joseph Walker
Musique : Constantin Bakaleinikoff  
Montage : Gene Havlick
Décors : Stephen Goosson
Costumes : Robert Kalloch
Production : Frank Capra, Columbia Pictures  
Interprètes : May Robson (Apple Annie), Warren William (Dave-the-Dude), Guy Kibbee (le juge Blake), Glenda Farrell (“Missouri” Martin), Walter Connolly (le comte Romero), Jean Parker (Louise), Barry Norton (Carlos), Halliwell Hobbes (le majordome), Samuel S. Hinds (le maire), Hobart Bosworth (le gouverneur), Wallis Clark (le préfet de police), Ned Sparks (Happy), Nat Pendleton (Shakespeare), Robert Emmett O’Connor (l’inspecteur), Irving Bacon (Dupe), Dad Mills (l’aveugle), Ward Bond (le policier à cheval), Shorty (le cul-de-jatte)

Sortie aux États-Unis : 13 septembre 1933 
Sortie en France : 24 janvier 1934

Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox