Billetterie

El Chuncho

Quién sabe ?

de Damiano Damiani , Italie , 1966

Mexique, années 1910. Un train rempli de soldats gouvernementaux et de péons mexicains traverse des vallées désertiques. El Chuncho (Gian Maria Volontè) et sa bande arrêtent le convoi. Le bandit vole armes et munitions pour les vendre au chef de la révolution, le général Elias (Jaime Fernández). Bill (Lou Castel), dandy américain, élégant voyageur parmi la foule hétéroclite, semble prendre fait et cause pour les bandits révolutionnaires et les aide dans leur opération…

1966 est une année riche pour le western all’italiana. Alors que Leone réalise Le Bon, la brute et le truand et Corbucci, Django, une vingtaine de westerns occupent les cinquante premières places du box-office italien cette année-là ! De qualité très inégale, ils inondent toute l’Europe. Au milieu de ce flot, de belles pépites, dont El Chuncho de Damiano Damiani. Le cinéaste a déjà réalisé quelques films, mais c’est avec El Chuncho qu’il se lance dans la voie du cinéma politique.


CHUNCHO(1967)
El Chuncho est un western mais aussi un film d’aventures. Celles des deux personnages principaux, El Chuncho, un bandido révolutionnaire, incarné par un  Gian Maria Volontè crasseux et truculent, et Bill, jeune Américain, stratège et amoral, campé par l’inquiétant Lou Castel. Bill n’est en rien intéressé par la révolution mexicaine, son seul maître est le dollar. Et c’est la récompense pour la mort du général Elias qu’il vient chercher en s’infiltrant dans la bande de hors-la-loi. El Chuncho est, quant à lui, mi-bandit, mi-révolutionnaire. Il se remplit les poches sur le dos de la révolte. Mais lorsque le Yankee tue le général rebelle et décide de partager sa prime en faisant d’El Chuncho son complice, le bandido prend conscience que le dollar n’est pas loi, et dans un sursaut digne et révolté, donne la prime à un pauvre et lui demande d’acheter de la dynamite, et non du pain, avec l’argent.
En réalisant cette histoire délibérément anti-impérialiste, Damiani dénonce l’ingérence américaine pendant la révolution mexicaine et plus généralement la politique étrangère de ce géant. La dignité d’un peuple face au dollar tout puissant fait d’El Chuncho l’un des premiers westerns européens aux intentions politiques.
Mise en scène et direction d’acteurs sont brillantes. Aux côtés des deux rôles principaux, on remarquera la présence de Klaus Kinski, le bossu de Leone, ici dans un rôle de prêtre pistolero, « fou de Dieu et de Vérité » (Jérôme Fabre, Jeune Cinéma, n° 294, janvier/février 2005). El Santo fait partie des plus beaux rôles de sa carrière.
« Comme quoi il est toujours possible de faire œuvre personnelle dans un genre commercial : il suffit d’avoir quelque chose à dire et le talent pour le dire. » (Guy Braucourt, Cinéma  69, n° 134, mars 1969)

Damiani engagé
Plébiscité par la critique comme par le public, Damiano Damiani a signé une œuvre sociopolitique. Pouvoir politique, mafia, impérialisme… Tous ces thèmes ont traversé son cinéma, avec par exemple Confession d’un commissaire de police au procureur de la République (Confessioni di un commissario di polizia al procuratore della Repubblica, 1971), Nous sommes tous en liberté provisoire (L’istruttoria è chiusa dimentichi, 1971), Pizza Connection (1985) ou encore La Pieuvre (La piovra, 1984), série pour la télévision.

Bacalov
Très prolifique, Luis Enriquez Bacalov, musicien d’origine argentine, a composé la musique de très nombreux films (dont beaucoup de westerns italiens), mais reste assez méconnu. C’est grâce à Quentin Tarantino qu’il revient sur le devant de la scène, en composant le thème de Django dans Django Unchained (2012).

El Chuncho (Quién sabe ? )
Italie, 1966, 2h02, couleurs (Technicolor), format 2.35 Techniscope
Réalisation : Damiano Damiani  
Scénario : Salvatore Laurani, Franco Solinas
Photo : Tony Secchi  
Musique : Luis Enriquez Bacalov 
Montage : Renato Cinquini  
Décors : Sergio Canevari  
Costumes : Marilù Carteny
Production : Bianco Manini, M. C. M.  
Interprètes : Gian Maria Volontè (El Chuncho), Lou Castel (Bill Tate, dit El Niño), Martine Beswick (Adelita), Klaus Kinski (El Santo), Carla Gravina (Rosario), Andrea Checchi (Don Félipe), Jaime Fernández (le général Elias), Aldo Sambrell (le lieutenant), Santiago Santos (Guepo), Joaquín Parra (Picaro), José Manuel Martín (Raimundo), Valentino Macchi (Pedrito)

Sortie en Italie : 7 décembre 1966 
Sortie en France : 26 juillet 1968

FILM RESTAURÉ
Cineteca Nazionale di Roma

Restauration menée par le Studio Cine lab à Rome et supervisée par la Cineteca Nazionale.



Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox