Billetterie

Duel au soleil

Duel in the Sun

de King Vidor , États-Unis , 1946

1860, Texas. Scott Chavez (Herbert Marshall) est condamné à la pendaison pour avoir assassiné sa femme, une Indienne, et son amant. Avant de mourir, il confie sa fille, Pearl (Jennifer Jones) à une ancienne amie, installée dans un ranch texan avec son mari, sénateur infirme, et ses deux fils, Jesse (Joseph Cotten) et Lewt (Gregory Peck). Jesse aime Pearl, mais celle-ci devient la maîtresse de Lewt, débauché et querelleur, qui refuse de l’épouser. Décidée à briser l’influence néfaste de Lewt, et à respecter le serment qu’elle avait fait à son père de devenir une jeune fille honorable, elle choisit d’épouser un autre homme.

Duel au soleil est né sous le signe de la démesure. Celle d’avoir été conçu par son producteur (le tyrannique David O. Selznick, figure iconique de l’âge d’or hollywoodien) comme le pendant, au sein des territoires de l’Ouest américain, de la fresque sudiste d’Autant en emporte le vent (Gone with the Wind, Victor Fleming, 1939), qu’il a produite quelques années plus tôt. Fort de son immense succès, David O. Selznick est bien décidé à faire de Duel au soleil un événement tout aussi retentissant : le budget, qui atteint six millions de dollars, est inédit à l’époque. King Vidor, l’enfant du Texas, est engagé pour mettre en scène les amours passionnées de Pearl Chavez et Lewt McCanles. Champs- contre-champs, montage rapide : sous l’œil du réalisateur, les vastes espaces désertiques deviennent le théâtre d’affrontement de forces brutes, où les chocs sont violents et les destins tragiques, comme l’extrême variation des températures entre le jour et la nuit fait exploser les roches les plus solides.


DUEL AU SOLEIL (1947)
Si le film fut un succès commercial, Duel au soleil a connu une carrière critique plus contrastée, tantôt loué pour son souffle lyrique et la puissance visuelle de son réalisme d’ordre métaphysique, tantôt raillé pour ses personnages à la psychologie simplifiée ou l’emphase de certaines scènes. C’était sans doute se méprendre sur la poésie primitive de King Vidor, réduire un peu vite au manichéisme les contrastes violents et l’ingénuité d’un cinéma profondément enraciné dans la mythologie du territoire américain et son histoire : « Son cinéma avec ses ambitions épiques, son appréhension cosmique du monde, des rapports entre l’Individu, la Nature, la Création, l’excès des sentiments semble être né de ces paysages infinis, de ces ciels immenses, de cette terre déchirée par les contradictions : entre l’Agriculture et l’Industrie, toutes deux démesurées, l’attachement au passé et le besoin de conquérir le futur » (Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon, 50 ans de cinéma américain, Omnibus).
Dans Matador de Pedro Almodóvar, en 1986, le destin de Diego Montes et de Maria Cardinal se scelle dans une salle de cinéma, entre ombre et lumière, devant les images de Duel au soleil. La dynamique des forces contraires, les étincelles nées de la rencontre des opposés, qui embrasent le film de King Vidor comme un arbre sec, n’ont rien perdu de leur puissance.

Une relation complexe, un producteur décrié, un film unique
La relation qui unit pendant plus de vingt ans David O. Selznick et King Vidor est l’histoire d’une amitié faite d’amour et de haine, comme en témoignent leurs fréquents accrocs sur le tournage, désormais entrés dans la légende. Concernant les choix du producteur de Duel au soleil, Michael Powell, cité dans 50 ans de cinéma américain, dira : « Pour penser qu’on améliorera un film en additionnant les talents de deux metteurs en scène si opposés que Vidor et Sternberg, un chantre de l’homme de la rue et un poète de la sophistication irréaliste, il faut être soit complètement ingénu, soit totalement idiot ».  Et le duo Bertrand Tavernier – Jean-Pierre Coursodon d’ajouter : « Est-ce un peu de cette folie qui rend le film si unique ? »

Huit réalisateurs
Le tournage connaît des péripéties à la hauteur de l’ambition dévorante de David O. Selznick : peu avant la fin du tournage, King Vidor claque la porte du studio, excédé par les directives autoritaires du producteur. Bien que seul King Vidor soit crédité au générique, l’histoire dira que huit réalisateurs ont participé au tournage, parmi lesquels William Dieterle et Josef von Sternberg, déjà présent sur le plateau en tant que conseiller à la couleur.

Un œil bienveillant
La sollicitude du producteur envers Jennifer Jones, qui joue le rôle de Pearl Chavez, son empressement à veiller à l’importance de son rôle auprès de Vidor et l’ambition qu’il nourrit pour elle dépassent le simple cadre professionnel : Selznick était fou d’elle depuis leur rencontre au début des années 1940, et les deux finiront par se marier en 1949.

Duel au soleil (Duel in the Sun )
États-Unis, 1946, 2h10, couleurs (Technicolor), format 1.37
Réalisation : King Vidor
Scénario : David O. Selznick, Oliver H.P. Garrett, Ben Hecht, d’après le roman Duel au soleil de Niven Bush  
Photo : Lee Garmes, Ray Rennahan, Hal Rosson 
Musique : Dimitri Tiomkin  
Montage : Hal C. Kern, William Ziegler, John Faure, Charles Freeman
Décors : J. McMillan Johnson, Emile Kuri 
Costumes : Walter Plunkett
Production : David O. Selznick,  The Selznick Studio
Interprètes : Jennifer Jones (Pearl Chavez), Joseph Cotten (Jesse McCanles), Gregory Peck (Lewton “Lewt” McCanles), Lionel Barrymore (le sénateur McCanles), Herbert Marshall (Scott Chavez), Lilian Gish (Laura Belle McCanles), Walter Huston (le prédicateur), Charles Bickford (Sam Pierce), Joan Tetzel (Helen Langford), Harry Carey (Lem Smoot), Otto Kruger (Mr Langford), Sidney Blackmer (l’amant), Tilly Losch (Madame Chavez), Scott McKay (Sid), Butterfly McQueen (Vashti) Griff Barnett (le gardien de prison), Frank Cordell (Ken), Dan White (Ed), Steve Dunhill (Jake)

Avant-première à Los Angeles : 31 décembre 1946
Sortie aux États-Unis : 8 mai 1947
Sortie en France : 30 décembre 1948

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