Billetterie

Blue Velvet

de David Lynch , États-Unis , 1986

Lumberton, banlieue américaine sans histoires. Les jardins sont fleuris et les pelouses bien taillées sous un ciel d’azur. Monsieur Beaumont (Jack Harvey) arrose sa pelouse et s’écroule. Sur le chemin de l’hôpital, son fils Jeffrey (Kyle MacLachlan) découvre une oreille humaine infestée de fourmis. La police enquête, Jeffrey aussi. Sandy (Laura Dern), la fille de l’inspecteur, met Jeffrey sur la piste d’une séduisante chanteuse, la troublante Dorothy Vallens (Isabella Rossellini).

Quatrième long métrage de David Lynch, Blue Velvet arrive après deux films en noir et blanc (Eraserhead en 1977 et Elephant Man en 1980) et l’échec de Dune (1984). Dans ce film ultra personnel – le cinéaste signe seul mise en scène, scénario et dialogues – David Lynch pose les jalons de ce que deviendra son œuvre et signe un film devenu à la fois classique et objet de culte.

 

BLUE VELVET (1986)
Immersion dans une petite bourgade américaine vivant du commerce du bois (avant-goût de la scierie de Twin Peaks, 1992), concentré de rêve américain : jardins pimpants, barrières blanches immaculées, ciel bleu azur, pelouses vert chlorophylle… Les couleurs sont criardes, dans une sorte d’hyperréalisme kitsch. Mais cette Amérique moyenne et puritaine, dont Lynch est un pur produit, recèle, quand on cherche un peu, un monde sombre et pervers, où la violence côtoie le crime.
Enquêteur par hasard (ou par voyeurisme), Jeffrey Beaumont (Kyle MacLachlan, un des acteurs fétiches de Lynch) est plongé dans un monde qui lui est complètement étranger : incarnation du WASP de l’Amérique des années 1950, c’est un homme innocent à la vie tranquille. Les personnages qu’ils rencontrent, tous à la limite du surréalisme, permettent à Lynch de dresser une galerie de portrait exceptionnelle, incarnée par des acteurs transcendés. Isabella Rossellini est une troublante chanteuse, victime sadomaso, objet sexuel du terrifiant Frank Booth. Ce tortionnaire sociopathe (campé par un Dennis Hopper particulièrement perturbant), à la limite de la démence, se shoote à l’oxygène, pleure, mâchouille des robes, alterne les rôles de “bébé” et “papa” lorsqu’il est avec Dorothy…
Entre deux mondes, l’un plaisant et l’autre terrifiant, Jeffrey Beaumont se démène, tombe sous le charme de Dorothy, la brune vénéneuse, mais également de Sandy, la blonde rassurante et conventionnelle. La mise en scène de Lynch oscille alors entre des scènes de jour, scènes de vie normale, où les discussions avec Sandy sont presque banales, et les scènes de nuit très stylisées, chez Dorothy et au sein de son monde interlope. Sadisme, violence, sexe, mutilation, meurtre… Autant de passages obligés pour Jeffrey Beaumont avant de retrouver une vie paisible auprès de Sandy, résumant ce cauchemar par un simple : « It’s a strange world ».
Plasticien de talent, Lynch met en place son univers, que l’on qualifiera de Lynchland, mélangeant l’ambiance des fifties et le monde contemporain afin de faire perdre au spectateur ses repères. C’est également à partir de Blue Velvet que le cinéaste intègre à ce point la musique à son univers. Angelo Badalamenti compose un sublime thème, les musiques préexistantes semblent être à la base de la construction du film (Blue Velvet de Bobby Vinton l’est effectivement) et Lynch a également écrit certaines paroles. David Lynch dira que Blue Velvet est une « histoire d’amour et de mystère ». Michel Chion de confirmer : « Dans Blue Velvet, tout a un sens dynamique de vie, il y a réellement partout de l’amour, et c’est aussi ce qui est effrayant. » (David Lynch, Cahiers du cinéma)

Déconseillé
Les agents d’Isabella Rossellini lui ont fortement déconseillé d’accepter le rôle de Dorothy dans Blue Velvet : trop violent, nudité, potentielle levée de bouclier des mouvements féministes… Tout y passe. Elle confiera à Libération (22 janvier 1987) : « Je suis fière de cette décision prise seule contre tous. Il fallait être complètement amoureuse du personnage. Pour n’importe quelle actrice, c’était la seule façon de jouer Dorothy. »

Héritage familial
Interrogée sur ce qu’elle tient de ses parents Ingrid Bergman et Roberto Rossellini, Isabella Rossellini raconte : « Cet instinct de sentir que Blue Velvet serait un film d’artiste me vient [de mes parents], cette familiarité, cette sensibilité à sentir l’âme artistique tellement vague et irrégulière. Reconnaître un artiste honnête, rigoureux, un auteur, je l’ai beaucoup vu chez mon père et ma mère. »  (Libération, 22 janvier 1987)

Festival
Blue Velvet est récompensé du Grand Prix au Festival d’Avoriaz. Auparavant, il avait été refusé à la Mostra de Venise pour pornographie…

Blue Velvet
États-Unis, 1986, 2h, couleurs, format 2.35
Réalisation & scénario : David Lynch 
Photo : Frederick Elmes
Musique : Angelo Badalamenti 
Montage : Duwayne Dunham
Décors : Patricia Norris
Costumes : Gloria Laughride
Production : Fred C. Caruso, De Laurentiis Entertainment Group
Interprètes : Kyle MacLachlan (Jeffrey Beaumont), Isabella Rossellini (Dorothy Vallens), Dennis Hopper (Frank Booth), Laura Dern (Sandy Williams), Hope Lange (Mme Williams), Dean Stockwell (Ben), George Dickerson (le détective Williams),Priscilla Pointer (Mme Beaumont), Frances Bay (la tante Barbara), Jack Harvey (Tom Beaumont), Ken Stovitz (Mike), Brad Dourif (Raymond), Jack Nance (Paul), J. Michael Hunter (Hunter), Dick Green (Don Vallens), Fred Pickler (l’homme en jaune), Philip Markert (le docteur Gynde), Leonard Watkins (Double Ed), Moses Gibson (Double Ed), Selden Smith (Cindy, l’infirmière), Peter Carew (le médecin légiste), Jon-Jon Snipes (Little Donny), Andy Badale (le pianiste), Jean-Pierre Viale (le maître de cérémonie)

Présentation au Festival de Toronto : 12 septembre 1986
Présentation au Festival d’Avoriaz : janvier 1987

Sortie aux États-Unis : 19 septembre 1986
Sortie en France : 21 janvier 1987

FILM RESTAURÉ
Park Circus
Théâtre du Temple

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