Keanu Reeves, un destin numérique

 


Posté le  17.10.2014 à 10h50


 

Néo est en ville. Le messie de la trilogie Matrix tenait ce jeudi le premier rôle de cette superproduction quotidienne qu’est les Festival Lumière. Objet de sa présence, la présentation Side by Side, un documentaire sur l’avenir numérique du cinéma de papa. Morceaux choisis.

 

4 Keanu Reeves Olivier ChassignoleCopyright Institut Lumière / Photo Olivier Chassignole

 

Pendant cent ans, il n’y a eu qu’une façon de faire un film : avec de la pellicule. Et puis depuis vingt ans, l’émergence de la technologie numérique a vu l’invention des frères Lumière devenir celle des frères Wachowski, parmi les premiers, surtout à l’époque de Matrix, à dynamiter les modes de fabrication d’un film. Ils figurent parmi la dizaine de réalisateurs de renom qui ont accepté de s’exprimer dans Side By Side de Chris Kenneally, un documentaire passionnant sur l’opposition argentique-numérique. L’acteur révélé par Point Break s’y fait intervieweur pertinent et passionné. «Il a aussi ce talent là : mettre à l’aise les gens dont nous somme s allés à la rencontre estime Chris Kennedy. Sans lui, nous n’aurions pas atteint autant de cinéastes, tous très occupés ».

C’est peu de le dire : George Lucas n’a d’abord pu accorder qu’une demi-heure à l’acteur qui avait sollicité l’entretien trois mois plus tôt. « Pour moi, c’était où il voulait, quand il voulait. Et à l’arrivée nous avons passé une heure ensemble. Soit le double du temps, s’amuse l’acteur. Lucas, c’est le Zeus du numérique ! »  

James Cameron (Titanic), David Fincher (Fight Club), Martin Scorsese (Gangs of New York), David Lynch (Sailor & Lula) et Steven Soderbergh (Ocean’s eleven) sont quelques uns des réalisateurs qui ont ouvert leur porte à l’acteur en mode journaliste de cinéma. Et puis Christopher Nolan «qui après avoir consulté son agenda sur un année n’avait pas une minute à nous accorder » révèle le réalisateur. « Mais on l’a eu à l’usure raconte Keanu Reeves. Je lui ai envoyé une lettre tapée à la machine et un jour j’ai fini par faire son interview en vingt minutes, à la cantine, pendant la pose déjeuner sur le tournage de Batman ».

David Lynch lui a confié que le numérique, de par sa mobilité, son instantanéité, donne « un caractère plus intime à son travail, en le rendant visible plus tôt ; plus proche ».

Au moment où la bascule vers le tout numérique se fait de plus  en plus effective, l’acteur dit avoir eu l’impression « d’être le premier à demander à ses pairs « comment vous vous sentez ? Comment vous vivez cette mutation irréversible ? Dans les écoles de cinéma américaine on n’utilise plus du tout les caméras super 8, 16 ou 35 mm. Entre 70 et 90% des salles américaines projettent exclusivement en numérique. A Hollywood des labos ferment, tandis que ceux qui tiennent sont contraints, pour tenir encore, d’appliquer des tarifs exorbitants ».  Il y a moins de deux ans, il est passé à la réalisation (L’homme du Tai Chi). « Et j’ai tourné en… numérique. Car quand j’ai émis l’hypothèse de tourner avec de la pellicule, la réponse de mon producteur a été sans appel  « Non ! » En riant, il venait d’accompagner sa réponse d’un coup sec porté sur la table. L’acteur charmeur venait de reprendre le dessus.

Que représente le fait de venir ici à Lyon ? « Avec Chris nous avons l’impression de revenir au berceau des origines. Tous les gens évoluant dans le cinéma, jusqu’à aujourd’hui, sont d’une certaine manière nés ici ».

 

Carlos Gomez

 

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