Posté le 14.10.2014 à 10h51
Ted Kotcheff présentait hier au festival Lumière son film Réveil dans la terreur (Wake in Fright) dans une copie numérique restaurée, moment exceptionnel puisque le film avait été perdu pendant de nombreuses années. Le réalisateur canadien a fait partager au public sa joie de présenter son film en France, seul pays, a-t-il dit, où le film eut du succès à sa sortie en 1971.
© Institut Lumière / Photo Anouck Nicolas - JL Mège Photographies
Quelle vision avez-vous de votre film, quarante ans après sa réalisation ?
Quand je revois certains de mes films, je note qu’il y a des choses qui manquent. Avec d’autres, je suis étonné de voir à quel point ils sont bons ! Les films que j’aime sont ceux où j’ai le mieux réussi à faire ce que je voulais. Avec Réveil dans la terreur j’ai réalisé presque à 100% ce que je voulais faire. Pareil avec Rambo et L’Apprentissage de Duddy Kravitz [deux films également au programme du festival]. Dans ces trois films, j’ai réussi à satisfaire mes intentions.
Selon vous, cette vision de l’Australie s’applique-t-elle encore aujourd’hui ?
Je ne saurais vous répondre. J’étais au festival du film de Sydney il y a quatre ans et c’est une question que j’ai posée aux 400 personnes présentes. Quelqu’un m’a répondu : « Vous plaisantez ? Cela se passe près de chez moi ! » Les gens boivent toujours trop et se comportent encore ainsi, disait ce spectateur. En revanche, la chasse aux kangourous est aujourd’hui interdite. On chassait les kangourous pour faire de la nourriture pour chat et chien. Quand nous avons montré ce qu’était véritablement la chasse, les gens se sont rendus compte du massacre. Il y a une vingtaine d’années, on m’a appelé pour me dire que le gouvernement avait passé une loi pour l’interdire.
Aborder l’Australie en tant qu’étranger vous a-t-il aidé à prendre une certaine distance ?
Quand on est étranger, on trouve des choses intéressantes que les locaux ne voient pas. Dans les comportements notamment. Mais quand j’ai décidé de faire le film, j’avais un peu peur car j’entrais dans un monde que je ne connaissais pas. Cela dit, je suis Canadien. Et quand je suis arrivé en Australie, je me suis exclamé : « Eh bien, cela ressemble exactement au Canada du Nord ! » On y voit les mêmes vastes espaces qui ne sont ni rassurants, ni réconfortants. On s’y sent claustrophobe et emprisonné. J’avais donc là une base solide pour mon film.
Elsa Colombani
Entretien réalisé à l'Hôtel Cour des Loges