Billetterie

Une journée particulière

Una giornate particolare

de Ettore Scola , Italie, Canada , 1979

8 mai 1938 à Rome. Toute la ville se rend via dei Fori Imperiali où Mussolini accueille Hitler dans la plus grande ferveur populaire. Antonietta (Sophia Loren), mère de six enfants, a préparé toute sa famille pour la parade, mais est restée chez elle pour s’occuper des tâches ménagères. Maladroitement, elle ouvre la cage de son perroquet qui s’échappe et va se poser sur le balcon voisin. Antonietta fait alors la connaissance de son locataire, Gabriele (Marcello Mastroianni), un ancien speaker congédié pour homosexualité. Alors que la radio de la concierge déverse les commentaires du défilé, Antonietta et Gabriele se découvrent.

Une journée particulière ou la rencontre impossible entre deux solitudes, deux êtres condamnés à l’exclusion. Le temps d’une journée, Antonietta, femme au foyer sans éducation, retirée de la vie de la cité, va vivre une autre vie avec Gabriele, son voisin homosexuel qui règle ses dernières affaires avant un départ imminent. Aucun d’entre eux n’a le droit d’exister dans cette Italie fondée sur le culte de la virilité, du mâle conquérant et dominateur. Brièvement, ils se rapprochent, puis succombent l’un à l’autre. Mais à la fin du jour, la parenthèse de cette journée si particulière est fermée : Antonietta retrouve son mari qui veut lui faire un septième enfant et Gabriele est envoyé dans une résidence forcée – le confino – à Carbonia en Sardaigne. Tout rentre dans “l’ordre”, cet ordre imposé par la dictature fasciste.


UNE-JOURNEE-PARTICULIERE
Ettore Scola voulait faire un film sur les conditions féminine et homosexuelle actuelles. Situer son récit dans l’Histoire lui permit de renforcer le propos, les phénomènes d’exclusion fonctionnant pleinement à découvert pendant la période fasciste : l’élimination des différences était l’idéologie dominante. Malgré la toile de fond historique, l’interrogation d’Ettore Scola est clairement intemporelle. Le film, d’une profonde portée politique, baigne dans une atmosphère oppressante : l’immeuble vide, la voix de la radio – toujours et encore –, la concierge qui entend tout…  La photo est exceptionnelle, baignant dans un camaïeu de bruns, donnant au film, ni en couleurs, ni en noir et blanc, une teinte sépia. Des filtres ont été utilisés, ainsi qu’un traitement de la pellicule en laboratoire, afin de coller au souvenir d’une époque lugubre et, pour Scola, retrouver « la vraie couleur de la mémoire pour peindre ces personnages humiliés, dégradés, décapés par les fascismes. » Enfin, Scola a eu l’idée géniale de choisir pour comédiens Sophia Loren, l’incarnation de la féminité et de la sensualité, et Marcello Mastroianni, le séducteur élégant. Un contre-emploi exceptionnel pour des acteurs de très grand talent.
« Dans le film, il n’y a pas une seule agression et cependant le corps est encore plus violenté, plus violé. La perversion de la VOIX embrume, obscurcit les cerveaux, embrouille les actes, met en esclavage la pensée jusqu’au désespoir du vide, du néant. » (Maria Antonietta Macciocchi, citée par Jean A. Gili, dans son ouvrage Le Cinéma italien, éd. de La Martinière)

Immeuble romain
Le décor de l’immeuble dans lequel habitent Antonietta et Gabriele a été reconstruit selon le modèle d’un immeuble inauguré par Mussolini. « C’était la plus haute construction de Rome. L’immeuble fut donné en location aux petits et moyens fonctionnaires du régime. À l’intérieur de l’édifice, régnait une nette division en classes. »(Ettore Scola, entretien avec Jean A. Gili, Le Cinéma italien, UGE)

Souvenir personnel
En réalisant Une journée particulière, Ettore Scola s’est en partie inspiré de sa propre expérience : « J’avais des souvenirs très vivants de cette "journée particulière". J’étais enfant, j’avais 7 ans et je faisais partie, obligatoirement, comme tous les petits Italiens, des "fils de la Louve" qui ont défilé. » (Le Monde, 21 mai 1977)

Palme ?
Présenté à Cannes en mai 1977, le film bénéficie d’une presse unanime. Il est donc favori pour la Palme d’or. Mais la récompense sera remise, par le jury présidé par Roberto Rossellini, aux frères Taviani pour Padre padrone. Ettore Scola sera tout de même très largement félicité par Rossellini.

Une journée particulière (Una giornate particolare )
Italie, Canada, 1979, 1h46, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation : Ettore Scola
Scénario : Ettore Scola, Ruggero Maccari, Maurizio Costanzo
Photo : Pasqualino De Santis 
Musique : Armando Trovajoli
Montage : Raimondo Crociani  
Décors : Luciano Ricceri
Costumes : Enrico Sabbatini  
Production : Carlo Ponti, Compagnia Cinematografica Champion, Canafox Films  
Interprètes : Sophia Loren (Antonietta), Marcello Mastroianni (Gabriele), John Vernon (Emanuele), Françoise Berd (la concierge), Patrizia Basso (Romana), Tiziano De Persio (Arnaldo), Maurizio Di Paolantonio (Fabio), Antonio Garibaldi (Littorio), Vittorio Guerrieri (Umberto), Alessandra Mussolini (Maria Luisa), Nicole Magny (la fille de l’officier)

Présentation au Festival de Cannes : 17 mai 1977  
Sortie en Italie : 12 août 1977
Sortie en France : 7 septembre 1977

FILM RESTAURÉ
Cineteca Nazionale di Roma

Restauré numériquement à partir des négatifs originaux par la Cineteca Nazionale di Roma.


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