Billetterie

Une histoire simple

de Claude Sautet , France, République fédérale d’Allemagne , 1978

Marie (Romy Schneider), 39 ans, divorcée, mère de Martin (Yves Knapp), âgé de 16 ans, a pour compagnon Serge (Claude Brasseur) qu’elle connaît depuis longtemps. Elle forme avec ses amies, également collègues de travail, un groupe soudé : il y a Gabrielle (Arlette Bonnard) dans la maison de campagne de laquelle elles se retrouvent, Esther (Sophie Daumier) au fort tempérament rieur, Francine (Francine Bergé) la militante, et Anna (Eva Darlan), divorcée, mère de famille et “occasionnelle”. Marie est enceinte de Serge. Elle décide d’avorter, de quitter son compagnon et de poursuivre sa vie…

Une histoire simple, ou la promesse d’un cinéaste à une actrice. C’est sur le tournage des Choses de la vie que Claude Sautet promet à Romy Schneider de lui donner le rôle principal dans un de ses films, et ce, pour ses quarante ans. Elle insiste pour qu’il lui écrive une histoire de femmes (« Y’en a marre de ces bonshommes ! ») Accompagné de Jean-Loup Dabadie, le cinéaste compose l’histoire d’un chœur de femmes, un Vincent, François, Paul et les autres… au féminin.
Impressionné par le Mouvement de Libération de la Femme battant son plein à l’époque, Claude Sautet décide de débuter son histoire au moment où Marie choisit de ne pas garder l’enfant de son amant actuel. Femme libre, elle quitte cet homme qu’elle n’aime plus assez. Le personnage de Marie parle peu, car pour le cinéaste « elle se méfie de son vocabulaire pour exprimer ses émotions ». Les dialogues limités sont inspirés des mots entendus lors des longues heures passées par les scénaristes dans les cafés que Claude Sautet affectionne tant. Un ancrage dans la vie également visible dans la diversité des ambiances traversées par Marie : son lieu de travail, les cafés, la maison de campagne, l’hôpital…


UNE HISTOIRE SIMPLE (1978)
Si Marie choisit sa vie, libre, et trace son chemin malgré les obstacles, elle est aussi partie prenante dans son groupe d’amies qui font face à leurs propres difficultés. La mise en scène alterne intelligemment les scènes dites “chorales” et les scènes de drames individuels. La détresse de Jérôme, mari de Gabrielle, menacé par le chômage, sa perte de connexion avec le monde réel, puis son suicide, est l’autre histoire forte de cette Histoire simple. Un drame qui renforce les liens entre les femmes.
La fin du film est sans doute la plus optimiste de l’œuvre de Sautet. Il confiera à Michel Boujut (Conversations avec Claude Sautet, Actes Sud/Institut Lumière) : « Romy s’assoupit au soleil dans une chaise longue. Elle n’est ni triste, ni gaie, un genre de plan auquel j’avais toujours rêvé. » Marie s’est enfin trouvée : de nouveau enceinte de son premier amour, elle garde l’enfant (« ou peut-être est-ce lui qui la garde ») mais se sépare du père.
« Une histoire simple est sûrement un film sur notre vie de demain. C’est aussi un film politique, mais qui ne prend point d’appui sur aucune de nos vieilles idées, mais plutôt au creux du ventre du fleuve immense, de l’histoire contemporaine et de sa marche folle. » (Pascal Jardin, Le Matin de Paris, 24  novembre 1978)

Le dernier
Une histoire simple est le dernier film que Romy Schneider tournera avec Claude Sautet, quatre ans avant son décès.

Directeur d’auteurs
Jean-Loup Dabadie, coscénariste d’Une histoire simple, définit Claude Sautet comme un « directeur d’auteurs ». Le cinéaste confirme cette vision du travail à Michel Boujut « Les Lubitsch, Hawks, Wilder ne travaillaient jamais seuls. Mais ils avaient une exigence, une énergie pour que leurs scénaristes leurs donnent le meilleur dans la ligne qu’ils souhaitaient. Cette conception reste la mienne. » Dans les faits, Claude Sautet se sera toujours entouré d’une équipe fidèle de scénaristes, écrivains et dialoguistes, tissant une amitié forte au fil des années.

Loi Veil
La scène de l’avortement est novatrice dans le cinéma de fiction français de la fin des années 1970. En effet la loi Veil dépénalisant l’IVG a été votée trois ans auparavant, le 17 janvier 1975. Avant Une histoire simple, le documentaire militant Histoires d’A de Charles Belmont et Marielle Issartel (1974) donnait déjà à voir une scène d’avortement.

Gabrielle
Le rôle de Gabrielle, amie proche de Marie, est tenu par Arlette Bonnard. Claude Sautet l’a repéré dans Des enfants gâtés de Bertrand Tavernier (1977) où elle campe le rôle de Catherine. À la lecture du scénario, Romy s’interroge : l’attention ne sera-t-elle pas déportée sur le personnage de Gabrielle et sur la tragédie qu’elle va vivre avec le suicide de son mari ? Les deux actrices se rencontrent, et une grande affection naîtra, rassurant Romy Schneider sur l’importance des rôles de chacune.

César
Romy Schneider reçoit le César de la meilleure actrice pour son rôle de Marie.

Une histoire simple
France, République fédérale d’Allemagne, 1978, 1h47, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
Réalisation : Claude Sautet
Scénario : Jean-Loup Dabadie, Claude Sautet  
Photo : Jean Boffety
Musique : Philippe Sarde
Montage : Jacqueline Thiédot
Décors : Georges Lévy  
Costumes : Corinne Jorry  
Production : Horst Wendlandt, Sara Film, FR3 Cinéma, Renn Productions, Rialto Film, Sara Films, SFP, ZDF- Zweites Deutsches Fernsehen
Interprètes : Romy Schneider (Marie), Bruno Cremer (Georges), Claude Brasseur (Serge), Arlette Bonnard (Gabrielle), Roger Pigaut (Jérôme), Sophie Daumier (Esther), Eva Darlan (Anna), Francine Bergé (Francine), Jean-François Garreaud (Christian), Madeleine Robinson (la mère de Marie), Jacques Sereys (Charles), Peter Semler (Patrick), Nadine Alari (la gynécologue), Michel Debost (Michel), Yves Knapp (Martin), Nicolas Sempé (Maurice), Pierre Forget (le délégué syndical), Vera Schroeder (Françoise)

Sortie en France : 24 novembre 1978

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