Billetterie

Reflets dans un œil d’or

Reflections in a Golden Eye

de John Huston , États-Unis , 1967

Dans un fort militaire de Géorgie vivent en vase clos les officiers, leurs femmes et leurs domestiques. Entre le major Penderton (Marlon Brando) et sa femme, Leonora (Elisabeth Taylor), ne subsiste plus aucun sentiment de tendresse ou d'estime. Elle trompe ouvertement son mari avec le lieutenant-colonel Langdon (Brian Keith), sans qu'il semble s'en soucier. Alors qu’il l’a vu chevaucher, entièrement nu, une jument noire, le major Penderton se sent irrésistiblement attiré par le soldat Williams (Robert Foster), alors que ce dernier tente de séduire Léonora.

« À priori, le projet hustonien d’adapter l’un des romans les plus admirés de Carson McCullers semblait dangereux, pour ne pas dire irresponsable. Il ne semblait en aucun cas répondre à ce que l’on prétend savoir du tempérament de Huston. Son impressionnisme, sa discrétion, son excessive concision semblaient défier l’allant, le gusto de notre baladin définitivement occidental. » écrit en juin 1968 l’ami du cinéaste, Robert Benayoun (Positif, n° 96).


REFLET-DANS-UN-OEIL-DOR

Le cinéaste fera pourtant de l’adaptation de Reflets dans un œil d’or un chef-d’œuvre d’une subtilité feutrée, « dramatisation du caché, du latent, de l’inexprimable » (Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, 50  ans de cinéma américain, Omnibus), un conte vénéneux à la sensualité miraculeuse et à l’humour macabre. Sous l’œil du cinéaste et de sa caméra, les habitants du camp militaire se débattent comme des insectes dans la viscosité d’un huis clos où le désir semble la dernière énergie encore en mesure de circuler.
Il faut toute la sensibilité et l’intelligence de John Huston pour conférer à ses personnages une humanité (sauvage et sensuelle Elizabeth Taylor ; incroyable Marlon Brando, capable de passer en une inflexion du ridicule au tragique), saisissant leurs secrets au travers du spectre déformant que constituent les fantasmes de ceux qui les observent. Derrière le jeu de reflets et de renvois de regards (sommes-nous, en tant que spectateurs, du côté des regardants ou des regardés, sur l’écran ou derrière la caméra ?), c’est par l’empathie et la réflexivité que John Huston, dans un film qu’il considère comme l’un de ses meilleurs, conjure la violence du regard qui ne peut être rendu : « Moi, je fais comme tous mes personnages, je regarde. Je ne juge pas. Je me contente de regarder. C’était l’un des points très importants du livre, cette absence de jugement. C’est un regard détaché. Je n’ai pas à dire : « Untel est mauvais ou pourri ». Cela met le public dans la position de Dieu, dans la situation de Dieu. En apparence, il n’y a aucun message, et cela dérange le spectateur. Ils sont obligés de prendre leur responsabilité. Le simple fait de regarder vous rend complice de ce qui se passe devant vous. » (Amis américains, Bertrand Tavernier, Actes Sud/Institut Lumière)

La pellicule ambrée
À la fin du tournage, John Huston, voulant rester fidèle au roman dans lequel l’œil d’or est la clé de l'histoire, demande aux laboratoires italiens chargés du tirage une coloration spéciale, blonde et sépia. Dès la sortie pourtant, le public et les exploitants se montrent très mécontents du résultat (certains spectateurs pensent que les couleurs ont viré !). Des copies sont alors retirées en urgence, et Reflets dans un œil d’or est exploité dans sa version Technicolor d’origine.

De Reflets dans un œil d’or  à Apocalypse Now
Des photographies de Marlon Brando en major Penderton furent à nouveau utilisées, une dizaine d’années plus tard, par les producteurs d’Apocalypse Now (1979), qui avaient besoin d'images de Brando plus jeune pour les inclure dans les états de services du colonel Walter Kurtz.

Bogart, Lancaster, Mitchum et Brando
John Huston, à propos de Marlon Brando : « On m’avait dit qu’il était très difficile. Au contraire, il a été formidable. Il passait son temps à vouloir creuser son personnage, à essayer de trouver des petites touches qui renforcent le sens du film. Il me faudrait des heures pour dire tout le bien que je pense de lui. Je crois que c’est le meilleur acteur avec qui j’ai travaillé » (Amis américains, Bertrand Tavernier). Il n’est pas inutile de rappeler que John Huston avait par le passé tourné avec des acteurs aussi légendaires qu’Humphrey Bogart, Burt Lancaster ou Robert Mitchum !

Reflets dans un œil d’or (Reflections in a Golden Eye )
États-Unis, 1967, 1h48, couleurs (Technicolor), format 2.35
Réalisation : John Huston
Scénario : Chapman Mortimer, Gladys Hill, d’après Reflets dans un œil d’or de Carson McCullers  
Photo : Aldo Tonti
Musique : Toshirô Mayuzumi  
Montage : Russell Lloyd  
Décors : Stephen Grimes
Costumes : Dorothy Jeakins
Production : John Huston, Ray Stark,  Warner Bros.–Seven Arts
Interprètes : Elizabeth Taylor (Leonora Penderton), Marlon Brando (le major Weldon Penderton), Brian Keith (le lieutenant-colonel Morris Langdon), Julie Harris (Alison Langdon), Zorro David (Anacleto), Gordon Mitchell (le sergent des écuries), Irvin Dugan (le capitaine Murray Weincheck), Fay Sparks (Susie), Robert Forster (le soldat L.G. Williams), Douglas Stark (le docteur Burgess), Ted Beniades (le sergent)

Sortie aux États-Unis : 13 octobre 1967 
Sortie en France : 3 avril 1968

 


Coffret Reflet

Reflet dans Un œil d'or va faire l'objet, pour la première fois et en exclusivité mondiale, d'une édition Blu-Ray, sous la forme d'un superbe coffret. Accompagné d'un livret signé Michel ciment et proposé par la Warner, il sera disponible dans la boutique DVD du village du Festival !

 

 

 

 

 

 

 

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