Billetterie

L’Homme de la rue

Meet John Doe

de Frank Capra , États-Unis , 1941

Le financier D. B. Norton (Edward Arnold) reprend en main un journal et décide de licencier une partie de l’équipe. Ann Mitchell (Barbara Stanwyck), journaliste, est sur le point de perdre son poste. Afin de dénoncer l’injustice sociale et de révéler quelques vérités, elle écrit une lettre au journal sous le pseudonyme de John Doe, et réussit à la faire publier en éditorial. Dans cette lettre, l’infortuné John Doe annonce que, dégoûté du monde et de la vie, il se suicidera la veille de Noël en signe de protestation. L’article connaît un succès retentissant, décidant la jeune femme à embaucher un homme pour jouer le rôle de l’imaginaire John Doe. Ce sera Long John Willoughby (Gary Cooper), un joueur de base-ball au chômage. La machine est en marche…

Dernier film de la trilogie constituée avec L’Extravagant Mr. Deeds et Monsieur Smith au Sénat, L’Homme de la rue est l’œuvre la plus sombre de Frank Capra. Alors que l’Europe s’embrase et que les États-Unis sont sur le point de s’engager dans le conflit, le cinéaste signe là une mise en garde contre les manipulations de l’opinion et le populisme rampant.


HOMME DE LA RUE (1941)
Si Deeds et Smith sont des héros un peu naïfs, voire enfantins, Long John Willoughby est moins “innocent”. Cet homme a un passé, douloureux, qui le fait souffrir mentalement et physiquement. Il est plus secret, moins ouvertement patriote. La corruption règne en maître dans les milieux qu’il a rejoints en acceptant la proposition de la journaliste Ann Mitchell. Mais l’homme devient extrêmement populaire grâce à ses interventions et sa théorie du Bon Voisinage, des clubs John Doe se créent… C’est là que le redoutable industriel D. B. Norton (excellemment servi par Edward Arnold) dévoile la dernière étape de la machination : faire de Long John un candidat aux élections présidentielles, marionnette servant ses propres ambitions fascistes. Long John, à la différence des autres héros de Capra, ne porte pas les idéaux qu’il énonce dans ses discours, ce sont les mots dictés par Ann qui elle-même les tire du journal de son propre père. Le cynisme est à son paroxysme. Un sursaut idéologique fera sortir Long John de ce personnage de John Doe, mais le livrera en pâture à une foule manipulée et attisée.
Pour Christian Viviani (Frank Capra, L’Herminier), « la trajectoire de Long John épouse le parallèle avec la vie du Christ : impact sur les foules, manipulation politique, trahison de la foule, crucifixion et résurrection. » Car c’est bien la foule qui sauve Long John, et en particulier les membres des clubs John Doe. Cette fin a été difficile à trouver pour Frank Capra, dont la foi en l’Homme est atteinte. Il a d’ailleurs commencé à tourner avant que le script soit achevé. Cinq fins sont filmées – dont l’issue la plus probable, le suicide de Long John – et c’est au vu des réactions du public réduit des previews que la fin du film sera choisie.
L’Homme de la rue soulève beaucoup de questions et laisse le spectateur face à ses interrogations. La comédie, très peu présente, laisse place à une émotion constante, et la perpétuelle tonalité tragique fait toute l’originalité de cette œuvre. Le film reçoit les éloges de la critique américaine, dont celles d’Howard Barnes du Herald Tribune : « Tout le pouvoir de l’écran se déchaîne dans le dernier film de Frank Capra, Meet John Doe… Avec une sensibilité qui dénote un grand artiste, il va au fond des problèmes qui nous troublent si profondément en cette époque… C’est le fruit d’une brillante technique mise au service d’une profession de foi… »

Frank Capra Productions
Après son départ de la Columbia, Frank Capra monte sa propre société de production avec son fidèle scénariste Robert Riskin. L’Homme de la rue est le premier film produit sous l’étiquette Frank Capra Productions.

Gary Cooper, deuxième
Pour endosser le rôle de John Doe/Long John Willoughby, Frank Capra ne voit que Gary Cooper, refusant même d’envisager le film sans lui. Mais il n’a aucun scénario à lui faire lire lorsqu’il lui propose le rôle. Confiant dans le travail du metteur en scène suite à L’Extravagant Mr. Deeds, Gary Cooper accepte sans ciller : « Ça ne fait rien, Frank, je n’ai pas besoin d’un scénario. » Et ce sera le cas de tous les autres acteurs sollicités par le cinéaste.

Une actrice fidèle
C’est Frank Capra qui lancera la carrière de Barbara Stanwyck. Dans les années 1930, elle jouera pour lui dans Ladies of Leisure (1930), La Femme aux miracles (The Miracle Woman, 1931), Amour défendu (Forbidden, 1932) et La Grande Muraille (The Bitter Tea of General Yen, 1933).

L’Homme de la rue (Meet John Doe )
États-Unis, 1941, 2h02, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Frank Capra
Scénario : Robert Riskin, avec la collaboration de Myles Connolly,  d’après l’histoire A Reputation de Richard Connell, adaptée par Jo Swerling et Robert Presnell et retitrée The Life and Death of John Doe
Photo : George Barnes
Musique : Dimitri Tiomkin
Montage : Daniel Mandell
Décors : Stephen Goosson  
Costumes : Natalie Visart  
Production : Frank Capra, Robert Riskin,  Frank Capra Productions, Warner Bros.
Interprètes : Gary Cooper (Long John Willoughby / John Doe), Barbara Stanwyck (Ann Mitchell), Edward Arnold (D. B. Norton), Walter Brennan (le colonel), Spring Byington (Mme Mitchell), James Gleason (Henry Connell), Gene Lockhart (Monsieur Lovett, le maire), Rod La Rocque (Ted Sheldon), Irving Bacon (Beany), Harry Holman (Mayor Hawkins), Andrew Tombes (Spencer), Pierre Watkin (Hammett), Stanley Andrews (Weston), Mitchell Lewis (Bennett), Sterling Holloway (Dan), J. Farrell MacDonald (Sourpuss Smithers), Regis Toomey (Bert Hansen), Warren Hymer (“Gueule d’ange”)

Sortie aux États-Unis : 3 mai 1941
Sortie en France : 11 juin 1947

FILM RESTAURÉ
Lobster Films

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