Billetterie

Le Café du cadran

de Jean Gehret et Henri Decoin , France , 1946

Louise (Blanchette Brunoy) et son mari Julien (Bernard Blier) quittent Clermont-Ferrand pour s’installer à Paris et reprendre le Café du Cadran. Ils découvrent la faune des habitués dont certains deviennent des amis, comme Luigi (Aimé Clariond) qui joue du violon en face, au Café de Paris. Malgré les avertissements du clochard Gregorio (Félix Oudart), Louise écoute un peu trop les belles paroles de Luigi, s’apprête de plus en plus et ment à Julien. Fou de jalousie, Julien tue Louise. D’autres patrons leur succèdent bien vite.

Le scénariste Pierre Bénard, également journaliste (L’Œuvre, Combat, Libération, Les Lettres françaises…), fut le rédacteur en chef du Canard enchaîné. Pendant de longues années, le (vrai) Café du Cadran, situé à deux pas de l’Opéra, était le rendez-vous des journalistes de L’Œuvre et du Canard : des heures à discuter, à parlementer, à s’empoigner… Bénard signa les dialogues de plusieurs films avant de finaliser le scénario du Café du Cadran (il aurait mis dix ans à l’écrire…). Cette idée, il la communique au cinéaste Henri Decoin, qui après plusieurs refus de producteurs, la confie à son ami Jean Gehret qui cherchait à débuter dans la mise en scène.


CAFE DU CADRAN (1947)
Le Café du Cadran est une suite de petits tableaux relatant la vie quotidienne d’un bistrot, une peinture d’un milieu, une étude psychologiques des clients. Les scènes touchent juste. Malgré un décor unique, un seul lieu d’action (une salle de café, le trottoir qui la longe, l’appartement du dessus), aucune impression de monotonie ne se fait sentir. Chronique populaire, l’atmosphère y est admirable, les détails exacts, sans effet superflu.
Les personnages, sensibles, sont justement dirigés par le cinéaste Jean Gehret (accompagné d’Henri Decoin), et la vie simple du couple de cafetiers débarqués de Clermont-Ferrand prend toute son ampleur avec l’interprétation intelligente de Bernard Blier et Blanchette Brunoy. Mais le personnage principal du film reste bien le café, à travers le prisme duquel tous les personnages sont perçus. Et la fin du film le prouve : si les patrons passent, le Café du Cadran reste et la vie continue.
« Pierre Bénard a passé [au Café du Cadran] des heures interminables, chaque semaine que faisait Dieu, avec ses camarades du Canard. Ainsi a-t-il observé mille traits sur les singularités de ce que les imbéciles nomment la vie quotidienne ; ainsi s’est-il trouvé à pied d’œuvre pour écrire cette manière de poème intimiste en prose et sans façon qu’est le dialogue du Café du Cadran, l’un des meilleurs que je sache dans tout le cinéma français, parce que toutes les répliques sont en situation, parce que vingt mots suffisent à camper une silhouette, parce que le ton doux-amer est celui même de ce que nous appellerons le causer parisien. » (Jean Queval, L’Écran français, n° 115, 9 septembre 1947)

Jean Gehret
D’origine suisse, Jean Gehret se lança d’abord dans les affaires,
puis arrivant à Paris, c’est dans le milieu artistique qu’il évolue. Il fonda, avec Gaston Poulet, les Concerts symphoniques Poulet et devint plus tard l’animateur de l’Orchestre symphonique de Paris. C’est grâce à une rencontre avec Jean Renoir, par l’intermédiaire de son ami Michel Simon, que Jean Gehret entre dans le milieu du cinéma, d’abord comme acteur (avec Jean Renoir dans La Chienne en 1931, La Nuit au carrefour et Boudu sauvé des eaux en 1932) puis comme directeur de production (auprès de Jacques Becker avec Dernier atout en 1942 et Falbalas en 1945 …). Le Café du Cadran est sa première réalisation.

À droite, après le Bois de Boulogne
Lorsque Blanchette Brunoy donna rendez-vous à un journaliste pour une interview pendant le tournage : « Venez donc me voir au Café du Cadran. C’est avenue de l’Opéra, au coin de la rue Louis-le-Grand. Pour y aller, vous traversez le Bois de Boulogne. Après l’église, vous tournez à droite… » Comme il était impossible de tourner dans le vrai Café du Cadran, le bistrot fut reconstruit dans les studios de Boulogne. Un travail d’orfèvre réalisé par le décorateur Émile Alex, qui épata les propriétaires du véritable café.

Henri Decoin, superviseur
Le réalisateur Henri Decoin est crédité au générique comme superviseur du Café du Cadran. Son rôle était de parrainer le jeune réalisateur qu’était Jean Gehret, aidant par exemple à l’obtention du financement du film. Il écrivait dans le magazine Enfin Film (29 novembre 1947) : « Personnellement, j’estime qu’un metteur en scène confirmé se doit de mettre ses capacités au service d’un jeune, si toutefois celui-ci possède, en puissance, tout ce qu’il faut pour devenir un réalisateur de talent. J’ai supervisé Jean Gehret dans Le Café du Cadran parce que j’ai la conviction que Gehret peut devenir un excellent réalisateur. »

Le Café du Cadran
France, 1946, 1h38, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Jean Gehret
Supervision : Henri Decoin
Scénario : Pierre Bénard, Henri Decoin 
Photo : Jacques Lemare
Musique : Henri Dutilleux
Montage : Charles Bretoneiche 
Décors : Emile Alex
Production : Safia, Les Films Dispa  
Interprètes : Bernard Blier (Julien), Blanchette Brunoy (Louise), Aimé Clariond (Luigi), Nane Germon (Jeanne), Félix Oudart (Gregorio), Robert Seller (Biscarra), Colette Vepierre (la bonne), Jane Morlet (la concierge), France Descaut (la nouvelle patronne), Robert Le Fort (Jules), Charles Vissières (Victor), Pierre Sergeol (Bianchi), Jean Deninx (Dumur), Georges Bréhat (Aubert), Olivier Darrieux (Achille), Marcel Lestan (le nouveau patron), Eddy Debray (l'encaisseur), Roger Vincent (un spectateur), Jacques Denoël (l'amoureux), Sternay (le mendiant)

Sortie en France : 27 juin 1947

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