Billetterie

La Traversée de Paris

de Claude Autant-Lara , France, Italie , 1956

Paris 1942. Martin (Bourvil) est un ancien chauffeur de taxi au chômage. Pour gagner sa vie, il devient homme à tout faire du marché noir. Alors qu’il doit transporter quatre valises remplies de porc avec son acolyte habituel, Martin apprend que ce dernier s’est fait arrêter. Il propose alors à un inconnu, un certain Grandgil (Jean Gabin), de l’accompagner. L’homme accepte mais est loin d’être docile…

C’est le célèbre scénariste-dialoguiste Jean Aurenche qui découvrit en premier la nouvelle La Traversée de Paris de Marcel Aymé. Celle-ci lui plaît tellement qu’il convainc une proche d’en acheter les droits en vue d’une adaptation au cinéma. Il entame avec son ami (et moitié du duo “Aurenchébost”), Pierre Bost, l’écriture du scénario, imaginant Jean Gabin et Bourvil dans les rôles principaux. Mais ils n’arrivent pas à en trouver la fin ; le scénario est alors rangé au fond d’un tiroir. Le producteur Deutschmeister rachète alors le scénario pour le confier à Autant-Lara qui engage… Aurenche et Bost pour écrire la fin.


TRAVERSEE DE PARIS
La Traversée de Paris est un film subversif pour la France des années 1950, qui ne souhaite se souvenir que de la seule Résistance. Fait rare, les Français sont montrés tels qu’en eux-mêmes pendant l’Occupation. Autant-Lara, cinéaste provocateur, y décrit la tristesse de cette période, les combines minables, les délations, et fait une peinture grise d’une France médiocre, lâche et égoïste. À travers le parcours nocturne de Martin et Grandgil, c’est un condensé de vice et de vertu qui est livré au spectateur. Le personnage ambigu de Gabin, artiste peintre aisé, s’aventure pour une nuit dans le milieu du marché noir : une nuit initiatique qui permettra à ce misanthrope de déverser tout son mépris sur ses congénères, « les mauvais Français » et « les salauds de pauvres ».
Film estampillé “classique du cinéma français”, La Traversée de Paris renvoie dos à dos tous les opportunistes, quels que soient leur bord et leurs motivations, dans un flot de bons mots signés Aurenche et Bost. Comme le souligne Jean-Luc Douin, le film est certes nihiliste, « mais aussi truculent, outrancier jusqu’à l’épique ». Tous les gags sont teintés d’émotion, entre cynisme et poésie.
La Traversée de Paris est un énorme succès et Gabin, après Touchez pas au grisbi (Jacques Becker, 1954), retrouve sa place au premier rang du cinéma français. Les critiques sont partagés et le film n’est pas épargné par les Jeunes-Turcs de la future Nouvelle Vague, que ce cinéma dit « de qualité française » irritait. Mais une voix dissonante s’élève (peut-être également tacticienne), celle de François Truffaut, qui écrit dans Arts le 7 novembre 1956 : « Le film va plus loin que la nouvelle, il est plus fort, plus profond, toutes en recélant toutes les beautés du texte. […] Je reconnais que la technique de Jean Aurenche et Pierre Bost a fait merveille avec La Traversée de Paris qui est aussi le meilleur film d’Autant-Lara. »

Les rues de Paris
Lors de la conférence donnée pour le lancement du film, Autant-Lara souligne les difficultés qu’il a eu à filmer le Paris désert de l’Occupation dans le Paris de l’époque. Étonnant lorsque l’on sait que le film a entièrement été tourné en studio à l’aide de silhouettes découpées, de quelques décors en volume, et de fonds noirs puis gris annonçant les lueurs du petit matin ! Ce travail fastidieux est l’œuvre du décorateur Max Douy.

Venise
La Traversée de Paris sera projetée à la Mostra de Venise en 1956, où Bourvil recevra le prix d’interprétation masculine.

Une histoire de copains
La société de production Franco-London-Films demanda à Claude Autant-Lara de changer le titre de son film. On reprochait à La Traversée de Paris d’être un titre « anti-commercial et anti-public », faisant passer le film pour un documentaire. Ils proposèrent ainsi au cinéaste deux autres titres : Drôles de copains et Copains d’une nuit

Bourvil ?
Marcel Aymé s’opposa farouchement au choix de Bourvil pour incarner Martin.
Cette opposition fut si forte que la production s’en inquiéta. Autant-Lara accepta de diminuer son budget afin d’obtenir une liberté totale dans sa distribution. Un choix qui s’avéra finalement judicieux, ce que reconnaîtra d’ailleurs Marcel Aymé.

La Traversée de Paris
France, Italie, 1956, 1h23, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Claude Autant-Lara
Assistante réalisation : Ghislaine Autant-Lara
Scénario : Jean Aurenche, Pierre Bost, d'après la nouvelle La Traversée de Paris de Marcel Aymé 
Photo : Jacques Natteau
Musique : René Cloërec
Montage : Madeleine Gug
Décors : Max Douy 
Production : Henry Deutschmeister, Continental Produzione, Franco-London-Films  
Interprètes : Jean Gabin (Grandgil), Bourvil (Marcel Martin), Jeannette Batti (Mariette Martin), Louis de Funès (Jambier), Robert Arnoux (Marchandot), Myno Burney (Angèle Marchandot), Jean Dunot (Alfred Couronne), Georgette Anys (Lucienne Couronne), Monette Dinay (Madame Jambier),  Bernard Lajarrige (l'agent de police), Jacques Marin (le patron du restaurant), Laurence Badie (la serveuse), Germaine Delbat (une cliente du restaurant), Hugues Wanner (le père de Dédé), Hubert de Lapparent (l'otage nerveux)

Sortie en France : 26 octobre 1956

FILM RESTAURÉ
Gaumont
Restauration image et son effectuée par le laboratoire Éclair pour Gaumont.


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