Billetterie

Garçon !

de Claude Sautet , France , 1983

Alex (Yves Montand), ancien danseur d’une soixantaine d’années, est chef de rang dans une grande brasserie parisienne. Il a pour projet de transformer le terrain qu’il possède à Noirmoutier en parc d’attractions. Alex partage son appartement avec son ami et collègue Gilbert (Jacques Villeret). Séparé de sa femme depuis des années, il accumule les conquêtes. C’est par hasard qu’il retrouve une jeune femme, Claire (Nicole Garcia), la fille d’un vieil ami du temps où il était danseur. Voilà longtemps qu’il n’avait été à ce point troublé par une femme et par ce sentiment amoureux naissant.

Sous l’apparence d’un film léger, empli de fantaisie et de liberté, et traité comme une comédie, Garçon ! est bel et bien un film signé Sautet. Son personnage principal, Alex, cabotin et hâbleur, est un homme qui ne veut pas vieillir, qui rêve encore sa vie, ses amours, ses projets, un homme bouleversé face à la naissance d’une relation amoureuse. Servi par Montand, impeccable dans ce rôle taillé sur mesure, Alex est un personnage charismatique, narcissique et séducteur. C’est le troisième rôle d’Yves Montand chez Claude Sautet, après César et Rosalie et Vincent, François, Paul et les autres…, un rôle qui a en commun avec ceux de César et de Vincent la combativité face aux épreuves de la vie. À ses côtés, une multitude de brillants seconds rôles, dont Jacques Villeret, tout en émotion contenue et sensibilité, Bernard Fresson, irréprochable en “aboyeur” de cuisine, et Nicole Garcia, mystérieuse et élégante.


GARCON! (1983)
La mise en scène est époustouflante dans toutes les scènes de brasserie. Claude Sautet choisit d’utiliser de longs plans-séquence pour capter le va-et-vient des serveurs lors des coups de feu, le glissement entre les tables… Toute la dimension chorégraphique du film est là, dans le ballet incessant du personnel, réglé au millimètre, et dans celui d’Alex, ancien danseur, comme un poisson dans l’eau dans cette pantomime quotidienne. La vie des brasseries et des bistrots, emblèmes d’une époque, si chers à l’auteur qui n’aura eu de cesse de les filmer, est ici retranscrite avec maestria par le réalisateur dont le sens de l’observation est à son comble.
Au sortir du film, Sautet éprouve le sentiment de s’être autoparodié, d’avoir fait “du Sautet”. À l’image de ses  personnages, il éprouve le besoin de changer, de se remettre en cause. Cela passera par un changement de collaborateurs : Garçon ! sera la dernière contribution de Jean-Loup Dabadie, éprouvé par les difficultés à travailler avec Yves Montand, et de Jean Boffety, diminué par ses problèmes d’alcool et de moins en moins passionné. Le cinéaste confiera à Michel Boujut (Conversations avec Claude Sautet, Actes Sud/Institut Lumière) : « L’espèce de camaraderie qui est presque de l’amitié finit par s’user, la rupture devient inévitable »
« Garçon ! approfondit l’amertume latente des autres Sautet… C’est juste l’histoire d’un sexagénaire qui tombe amoureux d’une jeune femme un peu mystérieuse. Il poursuit d’autre part un rêve d’enfant : installer un parc d’attractions sur une plage à la Tati. Mieux que des péripéties, un tel film possède la grâce. » (Michel Mardore, Le Nouvel Observateur, 11 novembre 1983)

De Maurice à Alex
C’est un des serveurs du Tangage, rue de Ponthieu à Paris, qui inspire à Claude Sautet le personnage d’Alex. Avec Philippe Sarde et Claude Néron, ils n’y déjeunaient que pour observer cet homme fantasque. « Il s’appelait Maurice, ne devait pas avoir loin de 70 ans, mais il était toujours dans une forme extraordinaire, éblouissant de vitalité, parlant de sa vie privée plutôt mouvementée et de toutes sortes de combines rigolotes. Une vraie jouvence. Il évoluait entre les tables avec une grande adresse et beaucoup de diplomatie. »

Promesse à Montand
Comme à Romy Schneider, Claude Sautet promet à Yves Montand de lui écrire un film. L’idée de Garçon ! lui vient alors qu’il travaille sur César et Rosalie. À la lecture du premier traitement, Montand trouve l’histoire formidable, mais quelque temps plus tard, à la lecture du scénario, il change d’avis : un rôle de serveur ne lui semble pas assez valorisant. De remaniements en longues attentes, Montand finit par accepter.

Remontages incessants
Rarement satisfait, Claude Sautet a beaucoup remonté ses films, coupant des scènes qu’il trouvait inutiles. Garçon ! n’y échappera pas. Après la mort de Montand, le cinéaste coupe le film à plusieurs reprises, le faisant passer des 112 minutes initiales à 102, puis 91 ou 88 minutes selon les versions, cinéma ou TV. Il allège le film des redites ou « bavures ». Claude Sautet : « S’il voyait Garçon ! dans cette version raccourcie, Montand me donnerait probablement raison. »

Un doc au japon
Garçon ! sera distribué au Japon avec succès. Et dans un second temps, le film est acheté et remonté, afin de ne garder que les seules scènes de brasserie. Ce nouveau montage sera utilisé lors de démonstrations professionnelles !

Garçon !
France, 1983, 1h30, couleurs (Fujicolor), format 1.66
Réalisation : Claude Sautet
Scénario : Claude Sautet, Jean-Loup Dabadie
Photo : Jean Boffety 
Musique : Philippe Sarde
Montage : Jacqueline Thiédot
Décors : Dominique André
Costumes : Olga Pelletier
Production : Claude Berri, Alain Sarde, Renn Productions, Sara Films
Interprètes : Yves Montand (Alex), Nicole Garcia (Claire), Jacques Villeret (Gilbert), Marie Dubois (Marie-Pierre), Rosy Varte (Gloria), Dominique Laffin (Coline), Bernard Fresson (Francis), Annick Alane (Jeannette), Hubert Deschamps (Armand), Jean Amos (Raymond), Yves Robert (Simon), Pierre-Loup Rajot (Maurice), Nicolas Vogel (Maxime), Henri Génès (Sangali), Jean-Claude Bouillaud (Urbain), Serge Berry (Mazet), Georges Claisse (François), Clémentine Célarié (Margot), Jenny Astruc (Mme Paulin), Maryse Andrians (Monique), Benoît Serre (Michel), Simon de La Brosse (Philippe), François Siener (Richard)

Sortie en France : 9 novembre 1983

FILM RESTAURÉ
Pathé
Restauration à partir du négatif original. La restauration image a été effectuée par le laboratoire Éclair et la restauration son par le laboratoire L.E. Diapason sous le contrôle de Pathé. Avec la participation du CNC.

Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox