Billetterie

Amour défendu

Forbidden

de Frank Capra , États-Unis , 1932

Modeste employée, Lulu Smith (Barbara Stanwyck) s’offre une croisière à La Havane. Sur le paquebot, elle fait la rencontre d’un inconnu (Adolphe Menjou), dont elle tombe amoureuse. De retour de croisière, elle trouve un emploi au sein d’un journal. Elle continue à voir celui qu’elle appelle Collins, tandis que son collègue, le journaliste Al Holland (Ralph Bellamy), la courtise. Un soir, Collins avoue à Lulu s’appeler Bob Glover, lui annonce qu’il est marié et, ayant des ambitions politiques, qu’il ne peut se résoudre à divorcer de sa femme invalide. Lulu tombe enceinte.

Après Ladies of Leisure (1930) et La Femme aux miracles (The Miracle Woman, 1931), Amour défendu est le troisième film de la fructueuse collaboration entre Frank Capra et Barbara Stanwyck. Ce duo sera un atout pour tous : l’actrice gagne en notoriété, le cinéaste se forge un nom en tant que metteur en scène et la Columbia sort de sa réputation de “faiseur de petits films de série”. Le studio a besoin d’une vedette, ce sera Barbara Stanwyck, qui signe un contrat non exclusif afin de pouvoir également travailler pour la Warner.


FORBIDDEN
Avec cette histoire d’amour contrarié, Frank Capra se lance dans le mélodrame de haut niveau. Un homme lâche, une femme sacrifiée, le ton est délibérément pessimiste et annonce les moments les plus sombres de L’Homme de la rue ou de La Vie est belle. Fait rare dans l’œuvre de Capra, il n’y aura pas de happy end. Bien au contraire. Car après avoir cédé son enfant, tué son époux pour sauver son amant et perdu l’homme qu’elle a toujours aimé, Lulu (sublime Barbara Stanwyck) se rebelle et déchire le testament qui aurait fait d’elle une femme riche et respectée. Elle refuse de se fondre dans une société qui n’a pas voulu d’elle. Puis elle disparaît dans la foule anonyme.
Capra dénonce les tabous sociaux, la lâcheté des hommes, l’arrivisme électoral, le journalisme à sensation, et fait une analyse précise de la société américaine de l’époque, emprisonnée dans ses conventions.
Il dira des années plus tard, dans son autobiographie Hollywood Story (Stock), qu’au lieu d’écrire ce scénario, il aurait « mieux fait de rester au lit », amertume certainement due à l’échec du film. Quelques mois auparavant, John Stahl avait sorti Histoire d’un amour (Back Street), d’après la pièce de Fannie Hurst. Trop de mélodrames similaires aux yeux du public en moins d’un an, les spectateurs boudèrent la version de Capra. Mais comme le souligne Christian Viviani dans Frank Capra (L’Herminier) : « Forbidden est un film qui met profondément mal à l’aise. Trop lucide, trop tragique, trop douloureux, Forbidden est un film à redécouvrir, un pur chef-d’œuvre du genre. »

Rencontre épidermique
C’est pour Ladies of Leisure que Capra rencontre Barbara Stanwyck. La rencontre est un fiasco et l’actrice claque la porte. Le cinéaste téléphone à Harry Cohn : « Harry, ta Stanwyck, tu peux te la garder. C’est pas une actrice, c’est un porc-épic… » C’est le mari de Stanwyck qui calmera les deux parties quelques minutes plus tard en demandant à Capra de voir les essais de son épouse. Capra tombe sous le charme :  « Jamais de ma vie je n’avais vu ou entendu une telle sincérité dans l’expression des sentiments humains. J’avais les larmes aux yeux lorsque la lumière revint. J’étais comme foudroyé. » (Hollywood Story)

Barbara Stanwyck from Brooklyn
L’actrice est originaire de New York. Orpheline à 4 ans, elle est élevée par sa sœur aînée et régulièrement placée en famille d’accueil. Elle développe ainsi une grande force de caractère et une volonté tenace. Elle se lance dans le spectacle à 15 ans et apparaît sur les scènes de Broadway et dans quelques muets. Elle part pour Hollywood aux côtés de son mari, l’acteur Frank Fay. C’est lui qui la présente à Harry Cohn, patron de la Columbia : sa carrière est lancée ! Capra, Wellman, Dieterle, Ford, DeMille, Sturges, Hawks, Duvivier, Wilder, De Toth, Mann, Fuller… autant de cinéastes qui feront jouer cette légende du cinéma.

Amour défendu (Forbidden )
États-Unis, 1932, 1h28, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Frank Capra
Assistant réalisation : Charles C. Coleman
Scénario : Jo Swerling, d’après une histoire de Frank Capra
Photo : Joseph Walker  
Montage : Maurice Wright
Production : Harry Cohn, Frank Capra, Columbia Pictures
Interprètes : Barbara Stanwyck (Lulu Smith), Adolphe Menjou (Robert Glover), Ralph Bellamy (Al Holland), Dorothy Peterson (Helen), Thomas Jefferson (Wilkinson), Charlotte Henry (Roberta, à l’âge de 18 ans), Tom Ricketts (Briggs), Myrna Fresholtz (Roberta, enfant), Halliwell Hobbes (la fleuriste), Florence Wix (Mme Smith), Claude King (Mr Jones), Robert Graves (Mr Eckner)

Sortie aux États-Unis : janvier 1932
Sortie en France : 8 septembre 1933

FILM RESTAURÉ
Sony Pictures Entertainment
Park Circus

Ressortie en salle début 2015, par Park Circus

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