Quatre (bonnes) recettes du western italien !

 


Posté le  18.10.2014 à 15h41


 

Jean-François Giré a choisi d'être monteur au cinéma en voyant avec son père les films de Sergio Leone. Aujourd'hui il a réalisé un documentaire intitulé Django, Trinita et les autres, un voyage au coeur d'un genre cinématographique puissant.

 

 Terrence Hill

 

Une autre vision de l'Amérique
« Les américains venaient de perdre la guerre de Corée, la vision de l'Amérique était en train de se démythifier. Donc le western italien à la fois le plan moral et iconographique, c'était vraiment la nouveauté. C'était une autre manière de réinterpréter la geste de la Conquête de l'Ouest. C'était une révolution esthétique et morale avec cette idée de la perte de l'innocence. Pour le cinéma américain, le western c'était la naissance d'une nation, alors que dans le western italien, c'est l'apothéose de l'individualisme exacerbé jusqu'au bout, que ce soit à travers le désir de vengeance ou à travers la recherche d'un trésor. Donc ça changeait complètement la donne. »


Les rides de Charles Bronson
« Ca a été une vraie révélation sur le plan visuel. Tout à coup des personnages devenaient les vrais paysages du western. Les gros plans de Sergio Leone remplaçaient les paysages de l'Arizona. Leone filmait les visages de ses héros comme des paysages. Quand on regarde certains gros plans de Charles Bronson dans Il était une fois dans l'Ouest (1968), on va jusqu'au fond de ses rides qui se transforment en canyon avec les gouttes de sueurs au milieu. »


Bruits d'enclume et sifflements
« Cette manière d'utiliser la musique et de transposer les sentiments des personnages à travers la musique c'était tout à fait nouveau. Et puis il y avait aussi alors cette grande grande trouvaille amenée par la collaboration entre Leone et Ennio Morricone, c'est-à-dire une utilisation de la musique dégagée de la forme symphonique hollywoodienne. On avait une orchestration moderne. Morricone a introduit les instruments de l'époque : la guitare électrique, le siffleur et des instruments inusités comme par exemple une enclume ou des bruits de bestiaire d'animaux ! Ca créait une ambiance sonore très riche et totalement nouvelle. »


Porter le chapeau
« Il y a là une grande folie de la part des cinéastes de leurs chefs déco et costumiers. Ils avaient une connaissance parfaite des costumes de la Conquête de l'Ouest. Ils étaient très précis là-dessus pour caractériser la psychologie du personnage à travers le vestimentaire. Il y a tout un fétichisme autour des vêtements parce que le western italien est un genre très fétichiste. Les cinéastes de ce genre mettaient en vie par leurs manières de filmer des éléments qui étaient des natures mortes : la botte, le pistolet, les ceinturons, ça prenait une vie grâce à la au placement de la caméra et à la magie du montage. »


Virginie Apiou

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